INTERDICTION DE LA FESSÉE : LE CONSEIL DE L'EUROPE MÉRITE-T-IL UNE CORRECTION ?

La France condamnée

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On vient de l'apprendre: le Conseil de l'Europe, dans une décision qui doit être rendue publique mercredi, condamne la France parce que ce pays n'a pas prononcé l'interdiction totale et explicite des châtiments corporels à l'égard des enfants.

 

 

D'emblée, soyons clairs: autant les pères et les mères dégénérés qui battent, torturent, ou maltraitent leur progéniture, de la brûlure de cigarette au fouet, en passant par la séquestration et les privations, méritent d'être embastillés pour le restant de leurs jours, autant la censure absolue de toute tape, même légère, sur les fessiers enfantins, pose problème.

 

Autant la censure absolue de toute tape, même légère, sur les fessiers enfantins, pose problème.

 

L'amendement anti-fessée, déposé déjà il y a quelque temps par les écologistes, devrait-il avoir force de loi dans notre pays? L'absence totale de sanction physique, l'opprobre absolu jeté sur quiconque ose lever la main sur l'enfant ou l'élève, provoque, depuis des lustres, des polémiques passionnées dans le vaste cercle des pédopsychiatres, instituteurs, responsables de maternelles et associations de parents. Chacun sait, en effet, que l'enfant et l'adolescent ne s'opposent qu'en s'opposant et que s'ils ne rencontrent face à eux que la ouate qu'ils préfèrent et l'absence totale d'un commencement de résistance, le monde ne leur apparaît que comme réceptacle de leurs caprices, lieu géométrique de leurs humeurs et terrain de récréation pour les petites ou grandes agressions entre amis. Sans jouer a un remake des pourfendeurs de Rousseau, une éducation sans aucune contrainte peut être l‘antichambre des déceptions et des chutes les plus dures.

 

Sans jouer a un remake des pourfendeurs de Rousseau, une éducation sans aucune contrainte peut être l‘antichambre des déceptions et des chutes les plus dures.

 

Une fois de plus, comme en d'autres domaines, ne laissons pas la chorale des angélismes et la secte des humanistes à sens unique, faire l'amalgame entre l'enfance maltraitée et martyrisée, ce crime d'entre les crimes, et un apprentissage de la vie où une certaine rigueur, même physique, aurait encore son mot à dire. La plus belle réponse à la violence réside justement dans la maîtrise raisonnée et inculquée de celle-ci. C'est en effet la scène primitive de l'amour et de la complicité entre parents et enfants, celle qui fait l'inventaire de l'ouverture et des limites, des droits et des devoirs, de la liberté et de la responsabilité, qui scelle l'avenir de l'humain. Il est peut-être hasardeux de confondre l'arbre de la fessée et la forêt du sadisme, et de jeter le bébé de la petite tape avec l'eau du bain de la maltraitance.

Frappez et on vous ouvrira? Non: mais si la règle sur les doigts reste une exception, sa présence potentielle n'en est pas moins, parfois, nécessaire.