Le parlement jamaïcain vient d'autoriser la possession de 57 grammes de marijuana par personne. Son utilisation dans un but médical, ou religieuse pour les rastafaris, sera également encadrée par la loi.
Après des années de débat et des décennies d'illégalité pour ses fumeurs, la Jamaïque vient d'autoriser, sous certaines conditions, la consommation de l'herbe de cannabis. Une décision historique pour l'île de Bob Marley où la «ganja», comme on l'appelle là-bas, est très consommée, notamment par les nombreux rastafaris.
Considéré par certains comme une religion, par d'autres comme une philosophie, plus ou moins fumeuse, le mouvement rastafari est très répandu en Jamaïque. Ses adeptes considèrent la ganja comme une herbe sacrée dont la consommation permet à l'âme de s'élever. Ils la jugent inoffensive et demandaient sa légalisation depuis de nombreuses années. Ce que les rastafaris viennent d'obtenir, puisqu'ils pourront consommer de la ganja dans l'exercice de leur «religion».
Les deux chambres législatives jamaïcaines n'ont pas simplement accordé un droit nouveau aux rastafaris, mais également approuvé la création d'une «licence de cannabis» autorisant la culture et la distribution de la marijuana dans un but médical et scientifique. «C'est une grande étape pour nos droits, mais il y a encore beaucoup de travail à faire», s'est réjoui Delanoë Seiveright, directeur du «Cannabis Commercial and Medicinal Taskforce», qui militait pour cette autorisation. Dans les mois qui viennent, la Jamaïque définira les contours de cette licence médical.
Tourisme médical
Les autorités jamaïcaines espèrent désormais que leur île prendra une place de premier rang sur le marché de la marijuana médicinale, et qu'elle s'imposera sur ce secteur du tourisme médical, en développant tout une gamme de produits dérivés de ganja. Les scientifiques locaux ont déjà créé un dérivé de marijuana qui, assurent-ils, aide à soulager les patients atteints de glaucome, réduisant la pression oculaire.
Pour les «simples» fumeurs de ganja, les parlementaires ont prévu d'autoriser la possession de 57 grammes de marijuana, et de cultiver jusqu'à cinq plants de cannabis.
Peter Bunting, le ministre de la sécurité de l'île, a toutefois tenu à souligner que cette nouvelle législation ne signifiait pas que la Jamaïque baisserait la garde face aux trafics de drogues internationaux et sur la culture de plants illégaux. «L'adoption de cette législation, a-t-il affirmé, n'est pas une invitation générale à faire pousser, dealer, transporter et exporter de la ganja. Les forces de sécurité continuerons d'imposer la loi jamaïquaine qui est en accord avec des obligations définies par des traités internationaux».
La Jamaïque n'en est pas moins considérée comme le plus gros fournisseur caribéens de marijuana des États-Unis. Quant aux touristes qui se sont fait prescrire de la marijuana pour des raisons médicales, ils auront bientôt l'autorisation d'acheter légalement leur ganja en Jamaïque