Monchoachi : "A. Marie-Jeanne a décrété un moratoire"
Suite à son intervention du Vendredi 13, pour tenter de trouver une issue favorable à cette révolte sociale, Alfred Marie-Jeanne fait l'objet de critiques virulentes de la mouvance indépendantiste et de certains maires de gauche.
Après le Communiqué de Garcin Malsa et Marcellin Nadeau, maires MODEMAS de Saint-Anne et Prêcheur, c'est au tour de Monchoachi d'adresser un véritable réquisitoire à l'encontre du leader du MIM.
Nous publions le texte qu'il a adressé à notre rédaction.
Photo : Alfred Marie-Jeanne dans la manif. du 25 février 2009.
JÉ-A BOUTKONYÉYA?
Monchoachi
Ce vendredi 13 février 2009 Alfred Marie-Jeanne demande l’arrêtdu mouvement social. La population souffrirait trop des gênes duesau mouvement social. Une semaine que cela dure et c’en serait trop.La Guadeloupe, elle, est dans sa quatrième semaine demobilisation. Plus mobilisée que jamais. Plus déterminée que jamais. Mais une semaine en Martinique, c’est bon, fini épi sa. Comme ça, onlaisse tomber blo nos petits camarades guadeloupéens ? On pourrait « arrêter le mouvement et continuer les discussions » dit Alfred Marie-Jeanne. Où a-t-on jamais vu cela ? Quel drôle de généralque voila ! Se démobiliser pour négocier !!! En somme Alfred Marie- Jeanne appelle à un moratoire. A chacun son moratoire, et au boutla reconnaissance, la gloire. L’histoire en Martinique semble une éternelle répétition, attendu qu’elle est mue jusqu’à ce jour parle complexe de la reconnaissance. Marc Pulvar doit se retourner danssa tombe qui avait perçu cette dérive du mouvement patriotique. Car il y a belle lurette que le MIM a déserté le front socialpour s’installer dans les institutions et gérer. Gérer au mieux.Gérer sans inspiration, sans imagination, sans fulgurance, sansinsolence, ne pas tenter d’écart, ne rien explorer d’original dans aucun domaine, gestion ennuyeuse et grisâtre. Surtout éviter de sefaire taper sur les doigts. Dès le début du mouvement social, les hésitations des dirigeantsdu MIM étaient patentes : ce mouvement était malvenu, hors depropos, malsonnant. C’est toujours un peu comme ça avec le peuple, il s’invite, il débarque à l’improviste, au moment où on l’attendle moins. Il dérange. Justement, au moment où l’on s’apprêtait à s’occuper de « choses sérieuses » : la modification du statut. Passer de DOM à TOM, la constitution française le permet. Reste gentil. Et voilà que ce mouvement social arrive, comme pour bouleverser les plans établis. Il risque d’apeurer une partie de la population, de la retenir le moment venu de « bien » voter.Alors une journée de grève à la limite, ça peut aller, mais point tropnon plus. Alors faire mine d’accompagner pendant un temps lemouvement, de le soutenir, pour mieux le saboter. Cela donne le droitd’appeler à la Raison. Ha ! Foutue Raison ! Il faut arrêter. Une semaine d’atroces privations, la population souffre. La souffrance de la population martiniquaise après une semaine de menues gênes. Ça tombe bien, Méranville vient lui aussi d’appeler à mollir, « la population souffre ». Parlantsouffrance, Méranville est dans son rôle, il est évêque de la Très-sainte-Eglise-Catholique-Et-Apostolique-Romaine. La souffrance, c’estson rayon, c’est Jésus sur la croix. Mais à cette aune, Marie-Jeanne pourrait être pape. Qu’un dirigeant indépendantiste trouve intolérable une semainede menues gênes causées à la population par un mouvement déclenchéen vue précisément d’améliorer le sort de la dite population, endit long sur le degré de résistance qu’il est en mesure de conduire. Même de résistance pacifique, non-violente, mais toute résistanceà l’évidence entraîne désorganisation momentanée mais bénéfique, désordre passager mais salutaire, perturbations, voire gâchis.L’on n’avance pas sans gaspiller de l’énergie. L’on se perd à songer à ce qu’ont de dérisoire nos menues gênes comparées aux sacrifices consentis par, disons le peuplevietnamien dans sa longue lutte pour l’indépendance et la liberté. Disons,pour aujourd’hui, le peuple palestinien. Mais un mouvement social et une résistance qui durent sont avant tout occasion inespérée de construire autre chose, d’appendre à vivre autrement, de faire preuve de créativité. Tenez !D’apprendre à produire et à consommer autrement. De se retrouver et de separler ; de parler non seulement de salaires à augmenter, mais de lafaçon de Nous vivre Nous-mêmes hors des dispositifs importés qui nous encadrent dans l’éducation, le travail social, la façon de circuler, la façon de nous nourrir, de nous habiller etd’habiter. C’est toute cette richesse qu’apporte un mouvement qui dure etl’on aurait tort de n’y voir que les menues gênes apportées à notre ordinaire. Ou alors tant mieux, puisque c’est cet ordinaire, ce petit ordinaire, précisément qu’il s’agit de changer. Alfred Marie-Jeanne a choisi de chercher de petits arrangements.A un moment où la colonisation par le peuplement que noussubissons exige des ruptures : Matinik sé ta nou, Matinik sé pa ta yo.Dans une époque qui appelle urgemment une réforme profonde de nos manières de penser et de vivre.
Le, 15 février 2009