JOSÉPHINE, MÉMOIRE ET... DÉVELOPPEMENT

josephine.statue.jpgJoséphine, Mémoire et … Développement !

par Louis BOUTRIN

 

DE L'EXTÉRIEUR, la Martinique s’enracine à l’international par 3 symboles : La Pelée, Aimé Césaire et ... Joséphine de Beauharnais.

L'inscription de la Montagne Pelée au patrimoine mondial de l'UNESCO devrait contribuer à renforcer la visibilité de notre pays à l’International. Aimé Césaire, confisqué par ses prétendus héritiers (… ses rentiers !), demeure aujourd’hui le fond de commerce politique du Parti Progressiste Martiniquais. 

Reste le cas de Joséphine. Mondialement connue, l’ex-impératrice suscite bien des convoitises. A tel point que SAINTE-LUCIE, notre voisine du Sud, a bien compris qu’il y a un filon touristique et économique à exploiter, d’où son offensive médiatique pour se l’approprier. 

 

L’idée n’est pas d’occulter le passé esclavagiste de Joséphine de Beauharnais, mais de profiter de son rayonnement international pour exploiter, à notre tour, son image. Quitte, une fois foulé le sol martiniquais, à rappeler à nos visiteurs sa face d’ombre méconnue à l’étranger !

 


En l’espèce, la véritable question ne concerne pas tant les griefs que chaque descendant d’esclave pourrait adresser intuitu personae à l’ex-impératrice, que la prise en compte de la mémoire dans le développement économique de notre pays. Et, à ce propos, les ventes aux enchères à New York d’une robe de Joséphine à 125 000 euros et de son contrat de mariage avec Bonaparte adjugé récemment à Paris pour 437 500 euros, ne peuvent pas nous laisser indifférents. N’y a-t-il pas là matière à catalyser nos énergies pour activer la rénovation du Musée de la Pagerie et en faire un lieu incontournable du patrimoine martiniquais et du développement touristique ?


 

Au-delà de l’émoi et des tensions manifestes qu’une telle question continue d’attiser, nous devons bien nous rendre compte que nous ne sommes pas les seuls dépositaires de la mémoire de l’esclavage. D’autres peuples ont déjà résolu ce dilemme. Et le constat c’est que les lieux de mémoire sont devenus aussi des sites d’attractivité touristique. D’ailleurs, beaucoup de tragédies de l’histoire de l’humanité trouvent leur place dans les guides touristiques nationaux : c’est le cas du Musée de l’Esclave (Gorée au Sénégal), du Mémorial de l’Holocauste (Auschwitz en Pologne), ou du Musée de l’Apartheid (Soweto - Afrique du Sud). Sans être exhaustif, on pourrait également citer le « célèbre » musée du Génocide Toul Sleng (Khmers Rouges – Cambodge), le Kigali Genocide Mémorial Center (Kwanda), le Muséal Complexe de Targoviste (Ceausescu Roumanie) ou Ground Zero (New-York), autant de lieux de mémoire synonymes de souffrances abominables ou d’un passé douloureux.


 

Et, puisque le passé n’a de sens que s’il sert de semence à l’avenir, ne pourrions-nous pas inscrire à la face du monde le cas très controversé de Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais ? 


LB