JOURNÉE DE LA FEMME : LE CHEMIN DE CROIX D'UNE MARTINIQUAISE DIRIGEANTE

Journée de la femme : le chemin de croix d’une Martiniquaise dirigeante

En ce 8 mars, « Journée internationale de la femme », nul doute que nous assisterons au ballet habituel des organisations féministes, des politiques de tous bords, des services de l’Etat et de personnalités de la société civile qui chanteront en chœur le respect que mérite la femme martiniquaise, « fanm poto-mitan », « fanm-doubout » et autres bla-bla-bla. Les médias iront, eux aussi, de leur symphonie soporifique visant à nous faire croire que tout va bien pour les femmes au paradis des machos assumés. Beaucoup de femmes naïves se laisseront fatalement prendre à ce rituel tantôt désuet tantôt grotesque et le 9 mars, tout rentrera dans l’ordre (masculin).

 

   Les « gwo-koko » politiques reprendront les rênes, plastronneront à nouveau et imposeront leurs vues tandis que la gent féminine, parité oblige, sera conviée à occuper les strapontins que leur a charitablement octroyés la loi. La plupart ayant allègrement intériorisé la domination masculine n’y trouveront rien à redire, jouant même de leur charme (au singulier, mais, hélas, parfois au pluriel) pour avancer sur l’échelle du pouvoir. Quant aux organisations féministes, elles rentreront au bercail, l’esprit en paix pour avoir défendu non pas la veuve et l’orphelin, mais « la femme exploitée » par « le système capitaliste bourgeois ». 

   Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil donc !

   Sauf que la question féminine ne se résume pas à un conflit de classes sociales et s’il est vrai que les employées, les travailleuses des champs, les caissières de supermarché etc…sont victimes du machisme il n’en demeure pas moins que celles qui sont aux responsabilités, celles qui sont amenées à occuper des postes de direction, subissent elles aussi, et de plein fouet, la « férocité » masculine. A celles-là, on ne pardonne rien ! Tout est bon pour les calomnier, les dénigrer ou les rabaisser, sauf si elles acceptent de jouer à la femme. Sauf si elles se plient au jeu de la séduction face à l’Homme avec un grand H. En cas de refus, elles seront immédiatement vouées aux gémonies et les machistes n’auront de cesse de les démolir jusqu’à ce qu’ils aient leur peau. 

   C’est le cas de l’actuelle présidente de notre université, la courageuse Corinne Mencé-Caster, élue il y a deux ans face à quatre candidats hommes après un débat public au cours duquel elle a, de l’avis général, surclassé ces derniers. Faute gravissime qui lui aura valu de n’avoir pas bénéficié du traditionnel état de grâce qui suit toute élection puisque dès le lendemain, elle a été victime d’attaques virulentes lesquelles n’ont pas cessé depuis deux ans. Cela dans l’indifférence quasi-générale des politiques, des syndicats et des organisations féministes. C’est que Corinne Mencé-Caster a eu ensuite l’outrecuidance de vouloir assainir l’Université et la guérir de ce fléau qu’est le CEREGMIA, groupe de recherches en économie dont le 2è rapport de la cour des comptes qui lui est consacré, rapport accablant s’il en est, écrit : « La politique du CEREGMIA met en danger les finances de l’Université ». Pas du CEREGMIA, disent les juges, de l’Université toute entière ! 

   Elle a eu ensuite le culot monstre de résister à des vagues successives d’intimidations verbales, de mails et de graffitis sur les murs du campus. A la malhonnêteté intellectuelle de certains syndicats universitaires, à la crapulerie de certains de ses collègues, au manque de soutien de nombre de politiques et au désintéressement du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Le but était (et est toujours) clair : faire craquer Corinne Mencé-Caster pour la contraindre à démissionner et ainsi sauver le CEREGMIA dont les dirigeants ont été l’objet, entre temps, d’une enquête pour « détournements de fonds publics en bande organisée », enquête diligentée par le Procureur de la République à Fort-de-France. Elle a  de plus subi des attaques en tant que Martiniquaise de la part de chauvins ayant intérêt à remuer de vieilles querelles coloniales.

   Bref, Corinne Mencé-Caster aura tout subi.

   Soutenue par une partie de l’Université et du monde politique, plébiscitée par la population martiniquaise, cette agrégée d’espagnol et docteur en linguistique, cette femme brillantissime, a résisté à ces agressions répétées de tous bords, tant en Martinique qu’en Guadeloupe. Ce qui lui arrive démontre à quel point le management au féminin est difficilement accepté sous nos cieux. A quel point même, il est refusé. Rejeté. Y compris par des femmes. 

   En ce 8 mars où tant de discours convenus seront prononcés, tant de postures hypocrites seront affichées, nous réaffirmons notre soutien total à l’une des femmes qui par son honnêteté, sa rigueur et sa qualité intellectuelle, fait honneur à « la moitié du ciel

 

Signataires (par ordre alphabétique) :

ANSELIN Alain (enseignant retraité/égyptologue, Guadeloupe-Martinique)

AURELIA Dominique (maitre de conférences en anglais, Martinique)

BELAISE Max (enseignant, Guadeloupe)

BELIZAIRE Micheline (adjoint technique, Martinique)

BELROSE Maurice (professeur émérite à l’UA, Martinique)

BERNABE Jean (professeur émérite des Universités, Martinique)

BERNABE Marie-Françoise (conservateur de bibliothèque retraitée, Martinique)

BROSSAT Hellène (cadre administratif, France)

BOUKMAN Daniel (écrivain, Martinique)

BOULANGE Floriane (traiteur, Martinique)

BOUTRIN Louis (avocat, Martinique)

BOYER-FAUSTIN Daniel (agent de probation, Martinique)

CARDOU Leila (adjoint administratif, Martinique)

CAROTINE Magali (gestionnaire administrative, Martinique)

CADOT Louise (employée de la Poste, France)

CHALONO Audrey (chargé de mission, Martinique)

CHAUMET Maryse (chef de service retraitée au centre hospitalier, Martinique)

CHEMIN Edouard (préparateur en pharmacie hospitalière, Martinique) 

CLERY Annie (professeur certifiée d’espagnol, Martinique)

CONFIANT Chantal (pharmacienne, Guadeloupe)

CONFIANT Raphaël (écrivain/universitaire, Martinique)

CONSEIL Malissa (PRCE d’espagnol, Martinique)

CROCHEMAR-PELAGE Maryse (architecte-expert international, Martinique)

CRONARD Mirella (gestionnaire administrative, Martinique)

DE FIRMAS Catherine (PRAG d’Histoire, Martinique)

DICANOT Pascal (agent technique au SUAPS, Martinique)

DOBAT Daniel (enseignant de LCR, Martinique)

DONARD Jean-François (prothésiste, France)

DUBOS Pascal (enseignant au SUAPS, Martinique)

DUTIL Christian (cadre retraité ALSTHOM, France)

DUTIL Paulette (cadre retraitée secteur automobile, France)

ENGEL Paul (enseignant retraité, Martinique)

ERIC Marie-Dominique (technicien, Martinique)

ETILE-MAUVOIS Laure (psychomotricienne retraitée, Martinique)

FEDEE Mike (comédien, Martinique)

FEDEE Simone (professeur agrégée d’EPS, Martinique)

FENNIC Georges (agent-comptable, France)

FORTUNE Fernand Tiburce (retraité, ancien élève de l’ENESSS, Martinique)

FRANCOIS-HAUGRIN Odile (maître de conférences en biologie, Martinique)

GAMESS Antoinette (enseignante retraitée, Martinique) 

GENDREY Carine (professeur de LCR/Anglais, Guadeloupe-Martinique) 

GEORGES Bady (commerçant, Guadeloupe)

GEORGES Edith (retraitée Air France, Guadeloupe)

GEORGES Guy (commerçant, Guadeloupe)

GIUSANO Daniel (retraité éducation nationale, France)

GIUSANO Jacqueline (retraitée éducation nationale, France)

GODONAISE Laurent (enseignant au SUAPS, Martinique)

GRANT Elisabeth (traductrice, Grande-Bretagne)

HEUDRE Géraldine (professeur certifiée de maths, Guadeloupe)

HEUDRE Lydia (retraitée administration préfectorale, Guadeloupe)

JOS Génya (conseillère habitat, Martinique)

JOSEPHINE Laurence (aide-soignante, Martinique)

JOSEPHINE Marie-Louise (secrétaire-comptable, Martinique)

KATHILE David (ethnomusicologue, Martinique)

KECLARD Serghe (écrivain/enseignant, Martinique)

LE DU Jean (professeur émérite des Universités, France)

LEGER Luce (gestionnaire administrative, Martinique)

LEOTIN Georges-Henri (écrivain, Martinique)

LEOTIN Térez (écrivain, Martinique))

LENARD Stéphane (cadre bancaire, France)

L’ETANG Gerry (maître de conférences en anthropologie, Martinique)

LITAMPHA Léandre (enseignant retraité, Martinique)

LOZERE Christelle (maître de conférences en histoire de l’art, Martinique) 

MAHARAKI (réalisatrice, Martinique)

MARIE-SAINTE Daniel (ingénieur, vice-président du Conseil régional de la Martinique)

MARNIER Paul (employé Sécurité sociale, France)

MARTHELY Sonia (gestionnaire, Martinique)

MERLIN Manuella (secrétaire au SUAPS, Martinique)

MOURIESSE Marie-Line (professeur d’histoire et géographie, Martinique) 

MURAT Monique (contractuel, Martinique)

NELZY-ODRY Nady (auteur dramatique, Martinique)

PELAGE Mirella (gestionnaire ADM, Martinique)

PELAGE Raymonde (retraitée, Martinique)

PERONET Pascale (étudiante, Martinique)

PULVAR Olivier (sociologue, Universitaire, Martinique)

REMION Nicole (professeur de maths/sciences en lycée, Martinique)

RENARD Josiane (retraitée de l’Education nationale, Martinique)

RESTOG Serge (retraité aviation civile, Martinique)

SABINE Sophia (masseur-kinésithérapeute, Martinique)

SAINTE-ROSE Fernand (enseignant en Sciences de l’Education, Martinique)

SAINT-LOUIS Marie-José (professeur certifiée d’allemand, Martinique)

SCHEEL Charles (professeur des Universités, Martinique)

SCHLUMBERGER Nathalie (agrégée de mathématiques, France)

SETTI Skora (maître de conférences en linguistique anglaise, Martinique)

SOREL Suzy (chef d’entreprise, présidente du Comité de soutien de l’UA, Martinique)

SOTIER Sylvain (agent technique ITRF, Martinique)

SMITH-RAVIN Juliette (maître de conférences en biologie, Martinique)

SUFRIN Sandra (adjaenes, Martinique)

TELLE Louise (rééducatrice en psychopédagogie, Martinique)

THEODOSE Eliane (professeur des écoles, Martinique, Martinique)

URENA RIB Pedro (maître de conférences retraité, République Dominicaine)

VETE-CONGOLO Hanétha (universitaire aux Etats-Unis, Martinique)

WEN Hui-Ping (maître de conférences en Sciences de l’Education, Taïwan-Martinique)

ZOZOR Frantz (journaliste/animateur RLDM, Martinique)