La France a confirmé mercredi avoir signé le décret d’extradition vers le Panama de l’ancien dictateur Manuel Noriega, chassé du pouvoir en 1989 et qui purge actuellement une peine de prison à Paris.
PHOTO : Croquis d'audience fait le 12 mai 2010 montrant l'ex-dictateur Manuel Noriega lors d'une audience à Paris
Ce décret d’extradition a été signé le 6 juillet par François Fillon puis notifié à Manuel Noriega par le parquet général de Paris le 29 juillet, ont indiqué les services du Premier ministre. Il ne pourra toutefois être procédé à son extradition qu’après une décision du juge de l’application des peines, a-t-on précisé de même source. Une audience devant le JAP est programmée le 8 septembre à Paris selon l’avocat de M. Noriega, Me Yves Leberquier.
L’ancien dictateur disposait en outre d’un délai d’un mois pour engager un recours contre la décision. Annonçant mardi soir la notification de ce décret d’extradition, Me Leberquier avait toutefois précisé ne pas l’envisager. «S’il ne souhaite pas exercer un tel recours, le décret sera ensuite notifié aux autorités panaméennes. Elles devront alors organiser rapidement la prise en charge de l’ancien dictateur», a précisé mercredi lors d’un point-presse la porte-parole adjointe du ministère des Affaires étrangères, Christine Fages.
Disparitions d'opposants et violations des droits de l'homme
Le gouvernement panaméen demande l’extradition de Noriega, 77 ans, afin que l’ancien dictateur purge au Panama plusieurs peines pour des disparitions d’opposants, dont une pour celle en septembre 1985 d’Hugo Spadafora, dont le cadavre avait été retrouvé décapité. Il doit également comparaître pour d’autres faits commis durant ses années au pouvoir, en tant que chef de l’armée (1984-janvier 1990), période marquée par des violations des droits de l’Homme et qui s’est achevée par une intervention militaire des Etats-Unis, qui l’avaient longtemps soutenu.
Le décret français ne faisait plus de doute depuis le feu vert des autorités américaines au printemps. Avant même qu’il ne soit pris, le gouvernement panaméen avait annoncé qu’il préparait une cellule «prenant en considération (les) sérieuses difficultés à marcher» de Manuel Noriega. En décembre 2010, la justice française lui avait refusé sa mise en liberté. A l’audience, Noriega était apparu affaibli, marchant difficilement, soutenu par deux gendarmes.
Après 20 années passées dans une prison de Miami pour trafic de drogue, l’ex-homme fort de Panama avait été extradé vers la France le 26 avril 2010 puis condamné trois mois plus tard par un tribunal parisien à sept ans de prison pour le blanchiment d’environ 2,3 millions d’euros en France dans les années 1980, des fonds liés au cartel de la drogue colombien de Medellin.
Une libération conditionnelle en question
Selon son avocat, l’audience de septembre devant le JAP doit permettre de déterminer si Manuel Noriega se voit accorder la libération conditionnelle assortie d’une mesure d’expulsion. «Quand bien même on aurait eu la libération conditionnelle le 8 septembre, si on n’avait pas eu ce décret d’extradition, il ne pouvait pas partir», a-t-il noté. Avec ce retour qui se profile au Panama, l’ancien dictateur «sera proche de sa famille», a encore commenté Me Leberquier.
Au printemps dernier, le Défenseur du peuple panaméen, Patricia Portugal, avait déclaré à l’AFP que Manuel Noriega devait «répondre de plusieurs cas» et «dire la vérité au sujet de tous les assassinats, morts et violations des droits de l’Homme qui ont eu lieu. Alors, seulement, Panama pourra tourner la page». «Tous ses droits de citoyen panaméen seront garantis», avait-elle assuré.
SOURCE : AFP