Le marché de l'eau : une affaire juteuse

Le marché de l'eau, 

une affaire juteuse                                

Avec 32 % du marché mondial de l’eau pour Veolia (exVivendi environnement exGénérale des Eaux) et 23 % pour SuezLyonnaise des Eaux, les deux géants français se partagent le marché mondial de l’eau, loin devant le Britannique Thames Water et la Saur (Bouygues) qui capte 5%. A elles seules, les sociétés françaises détiennent 60 % du marché de l’eau de la planète et ne cessent de remporter des contrats internationaux : 130 pays couverts par SuezLyonnaise des Eaux contre 110 pour Veolia. Très peu de pays ou de grandes capitales échappent aux deux mastodontes français. Après Mexico, Miami, Caracas, Sydney, Berlin, Prague, Buenos Aires, Puerto Rico, Manille, c’est au tour de la Chine où Veolia (ex-Vivendi) a décroché en 2004 un marché faramineux de 10 milliards d’euros pour la ville de Shanghai. Une première percée dans la muraille de Chine qui laisse augurer des perspectives plus florissantes après  l’entrée de ce pays dans l’OMC et l’attribution des Jeux Olympiques à la ville de Pékin.

 

 

Maisce succès international des deux géants français n’est pas uniquementlié à leur savoir faire technologique. Il repose en grande partie surun « modèle de gestion à la française » conforté par un lobbyingforcené et des puissants alliés que sont

la Banque Mondiale etle Fond Monétaire International (FMI). Deux organismes qui incitent lespays en voie de développement à privatiser leurs services publics dedistribution d’eau potable. Une pratique contestée de plus en plus parles populations, notamment celles d’Uruguay, de Colombie ou de Boliviequi refusent de payer au prix fort une ressource qui tombe du ciel.Même refus à Soweto en Afrique du Sud, où les habitants estiment quel’eau est un droit constitutionnel et qu’il doit donc être gratuit.

            Quant au modèle de gestion à la français, c’est un vieil héritage datant du 19ème siècle, depuis la naissance de
la Générale des Eaux et de
la Lyonnaise des Eaux.Créées respectivement en 1853 et en 1880 (par le Crédit Lyonnais pourla seconde), ces deux sociétés gèrent 80% du marché français. Au cœurdu système un savoir faire dans le traitement et la distribution del’eau potable mais surtout une phénoménale ambiguïté privé-publique :la privatisation d’une ressource naturelle à partir de contrats deconcession de longue durée. L’eau est transportée à travers un réseaude canalisations qui est un bien public. La gestion de l’eau estconfiée à des privés qui se contentent d’encaisser les factures. Acharge pour les collectivités publiques de financer les travauxd’investissement. Ce modèle de gestion déléguée à la française duredepuis mathusalem et a fait la fortune de « 
La Générale  » et de « 
La Lyonnaise  », les deux sociétés mères.       

           
La Martinique n’a pas échappé à cette logique duopoliste puisque  depuis le 1er janvier 1977, ces deux sociétés détiennent, à parité,  la totalité du capital social de
la Société Martiniquaise des Eaux (SME). En obtenant les contrats d’affermage pour l’eau et l’assainissement du SICSM et de
la SCCNO ,
la SME dessert actuellement 20 communes sur 34 et contrôle majoritairement le marché martiniquais de l’eau.