AN : LE PARTI SOCIALISE ABANDONNE SERGE LETCHIMY AU LYNCHAGE DE L'UMP

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Le Parti socialiste abandonne Serge Letchimy au lynchage de l'UMP

 
LE PLUS. François Hollande refuse de présenter les excuses que la droite réclame suite aux propos de Serge Letchimy fustigeant Claude Guéant. Mais est-ce pour autant que la gauche soutient le député


Chers amis,

 

Vous avez sans doute eu vent comme moi de cette polémique suscitée par Claude Guéant qui, lors d’une conférence organisée par l’UNI (syndicat d’étudiants classé à droite), déclarait "contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient, celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique".

 

Contrairement à certains socialistes qui, comme d’habitude, n’ont pas manqué d’aborder ce sujet sous un angle "moraliste" et "moralisateur", je souhaitais revenir à froid (et froidement) sur lesdits propos.

 

J’aborderai aussi la tiédeur, voire la lâcheté (et je pèse mes mots) dont on fait preuve les socialistes dans l’Hémicycle, alors qu’un des leurs était pris à la gorge par une droite qui, décidément, est aujourd’hui bien éloignée de la concorde républicaine qu’avaient jusque-là tenté de maintenir le général De Gaulle et l’ensemble de ses successeurs jusqu’à Jacques Chirac.

 

Claude Guéant s'accapare la réussite de la gauche : un classique en Sarkozie

 

Au premier abord, les propos de Claude Guéant semblent des propos de bon sens. On pourrait presque les applaudir des deux mains. En effet, comment ne pas acquiescer lorsqu’on vous annonce (lapalissade oblige) que tyranniser des femmes, des noirs et des arabes c’est quand même moins bien que de les adorer, leur donner des droits, etc. ?

 

Seulement voilà, au-delà de l’apparent bon sens de ces propos, ils constituent en réalité une usurpation de titre, une posture, un cheval de Troie politico-idéologique utilisé par la droite pour s’arroger toutes les avancées morales, sociales et politiques d’un adversaire politique, qu’il ne manque pas d’égratigner au passage. Claude Guéant commence sa phrase par "Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche", puis la poursuit en égrenant un chapelet d’avancées idéologiques et politiques pourtant obtenues dans notre pays par cette même gauche ! C’est là que réside l’arnaque.

 

il y a donc de la part de Claude Guéant une tentative d’accorder à une partie de la nation (la droite) le crédit d’avancées politiques et sociales obtenue par la gauche, un peu comme Sarkozy qui, en même temps qu’il démolissait le modèle social français, s’enorgueillissait de ce que ce même modèle ait permis à la France de mieux résister à la crise... Du classique donc dans l’univers sarkozyste. Faire passer ses échecs pour des succès et s’accaparer des réussites des autres.

 

Lâcheté, renoncement et manque de courage : le PS fidèle à sa réputation

 

Tout amalgamer, considérer des nations entières comme inférieures simplement parce que les combat pour l’égalité menés en leur sein n’ont pas encore aboutis, soit parce qu’ils commencent seulement à émerger, soit du fait d’une forte résistance sociale et politique interne, est indigne et doit être condamné. C’est ce qu’a tenté de faire ce mardi 7 février après-midi devant les députés, l’élu apparenté PS et président du conseil régional de la Martinique Serge Letchimy.


Dans une question au gouvernement, manifestement interprétée avec beaucoup de mauvaise foi par l’ensemble des acteurs présents (et surtout la droite), le député socialiste demandait entre autres au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur s’ils considéraient le régime nazi comme une civilisation.

 

Tollé dans les bans du gouvernement et des députés de droite au complet qui, selon les apparences, avaient déjà prévu de quitter la salle et donc de répondre à cette question par une fuite en avant doublée d’une indignation feinte.

 

On aurait pu penser que de l’autre côté, la gauche (que dis-je ? le Parti socialiste) serait également là, en bloc derrière un des siens…

 

Que nenni ! Aucun soutien, même mou, de la part des élus socialistes assis derrière Monsieur Letchimy. On peut y distinguer Manuel Valls et Jack Lang, si prompt à monter au créneau pour défendre Dominique Strauss-Kahn lors de l’affaire du Sofitel pour laquelle il n’y avait pas, selon lui, eu "mort d’homme"

 

Les socialistes doivent apprendre à faire preuve de courage dans l’adversité et à se montrer solidaires des leurs s’ils souhaitent récupérer le pouvoir. Imaginons Sarkozy posant une telle question à l’Assemblée et les socialistes quitter la salle… Aussitôt les élus de droite feraient bloc derrière lui.

 

Ce pauvre Letchimy s’est ainsi retrouvé esseulé à la manière de Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007, lorsque cette dernière, attaquée par la droite, peinait à trouver du soutien dans son propre camp, alors que toutes les sorties insensées de son concurrents d’alors passaient comme lettre à la poste, minimisées à dessein par ses amis politiques !


Les communistes ou les verts ne se seraient jamais comportés de la sorte ! En politique, quoi qu’on fasse, si on n’est pas soutenu, si on ne peut pas compter sur ses camarades pour nous défendre, alors il faut mieux choisir ses amis…

 

À bon entendeur !

 

Par Will Mael Nyamat Candidat aux législatives F.E

Edité par Daphnée Leportois   Auteur parrainé par Hélène Decommer 

 

IN Le Nouvel.Obs