Suicide du professeur accusé de violences : l'enfant avait menti !
Rebondissement dans l'affaire du collégien de l'Aisne qui prétendait avoir reçu un coup de poing en classe d'un professeur. Ce dernier s'était suicidé, chez lui fin septembre, après sa garde à vue pour cette agression supposée. Finalement l'élève a reconnu avoir menti et va faire l'objet de poursuites judiciaires;
"Il est établi que les faits allégués sont inexacts", a indiqué le procureur de la République de Laon, Olivier Hussenet, dans un communiqué. "Tout au plus le professeur a-t-il empoigné le menton de l'élève, avec une certaine rudesse, pour lui faire relever la tête", provoquant une "douleur et un saignement" au niveau d'une dent cariée et cassée de l'élève, a-t-il ajouté.
Mais le professeur "ne lui a porté ni un coup de poing, ni même une gifle, et ne lui a pas cassé une dent", a-t-il encore assuré, sans se prononcer sur les raisons qui avaient poussé l'adolescent à accabler son professeur.
Le collégien, âgé de 15 ans, va être prochainement être présenté à un juge pour enfants en vue de sa mise en examen pour dénonciation calomnieuse.
Selon le procureur de Laon, il est "téméraire" de privilégier un lien de causalité entre les accusations de l'élève et le suicide de l'enseignant. En pleine procédure de divorce, celui-ci avait laissé un mot chez lui annonçant qu'il allait mettre fin à ses jours, sans s'expliquer sur les raisons de son geste. Au lendemain du suicide, le magistrat avait évoqué les "gros problèmes familiaux" du professeur.
L'enseignant, âgé de 38 ans, professeur de sciences physiques au collège César-Savart de Saint-Michel (Aisne), avait été retrouvé pendu à son domicile le 20 septembre.
La veille, il avait été placé en garde à vue à la suite d'une plainte déposée par l'élève qui l'accusait de lui avoir donné un coup de poing dans une salle de classe - hors témoin à la fin du cours -, ce que l'enseignant niait.
L'adolescent affirmait qu'un retard avait été à l'origine de cette supposée altercation, avec son refus de remettre son carnet de correspondance.
"C'est un gâchis immense dans l'Education nationale qui se répète trop souvent. On n'a pas tiré les leçons du (procès d')Outreau", par rapport au recueil de la parole de l'enfant, a dénoncé Francis Lec, avocat de la famille du professeur, lors d'une conférence de presse à Laon.
La famille va se constituer partie civile pour "mettre au jour (...) toutes les responsabilités d'adultes qui sont en jeu dans cette manipulation", a prévenu son père, Jean Bubert. Il s'interroge notamment sur le rôle du père du collégien et du médecin qui avait établi un certificat attestant la présence d'un hématome causé par un coup.
"On ne peut pas mettre toute la responsabilité sur le dos de cet enfant, puisqu'il y a eu des interventions d'adultes qui l'ont guidé par la main dans cette accusation", a dit M. Bubert.
Le collégien n'est jamais retourné dans son collège après les événements. Il est désormais scolarisé dans une commune proche de son domicile