Sale temps pour la Chiraquie
Léon Bertrand, ex-ministre du tourisme de Jacques Chirac, a été mis en examen pour "délit de favoritisme et corruption passive" et placé en détention provisoire au centre pénitentiaire de Ducos, en Martinique, dans la nuit de vendredi à samedi, a-t-on appris de sources judiciaires à Fort-de-France.
Après Gaston Flosse (Polynésie), Dominique De Villepin (Clearstream), Charles Pasqua (Angolagate) Léon Bertrand (Guyane), on s'achemine, vraisemblablement, vers une mise en examen de de l'ex-président de la République, Jacques Chirac, dont le renvoi en correction pour les emplois fictifs à la mairie de Paris vient d'être confirmé.
Arrivé vers 22 heures locales au Palais de Justice de Fort-de-France en provenance de Cayenne, en Guyane, Léon Bertrand a été présenté au juge d'instruction Thierry Rolland qui lui avait notifié un mandat d'amener dans le cadre d'une information judiciaire ouverte "contre X" pour prise illégale d'intérêt, favoritisme, corruption passive, faux et usage de faux".
L'information a été ouverte le 5 mai dernier notamment sur des suspicions sur les conditions de passation de marchés publics à la Communauté de Communes de l'Ouest Guyanais (CCOG) que Léon Bertrand préside depuis avril 2001. La mise en examen de Léon Bertrand porte sur des faits concernant la période 2003 à 2009 relatifs à des attributions de marché à la CCOG, à la Sénog (société d'économie mixte du Nord Ouest de la Guyane de construction de logements sociaux) et à la mairie de Saint Laurent dont il est le maire, apprend-on de mêmes sources.
Report de l'audience
Au cours de l'audience publique devant le juge des libertés Eric Mongin, les avocats de Léon Bertrand, les bâtonniers Henri Michaux de la Martinique et Patrick Lingibé de la Guyane, ont plaidé un report, regrettant le manque de temps pour analyser le dossier et pour s'entretenir avec leur client, a constaté l'AFP. Me Michaux a notamment fait valoir que son client, après près de 40 heures de garde à vue, avait été transféré en pleine nuit vers la Martinique à 2.000 km de la Guyane pour être entendu par un juge. Ils ont obtenu du juge des libertés un débat de fond et la tenue d'une nouvelle audience fixée au mercredi 2 décembre prochain, à 11 heures locales.
Arrivé de Guyane dans le même avion que Léon Bertrand, Augustin To-Sah-Be-Nza, le directeur général de la CCOG a été mis en examen pour "délit de favoritisme et corruption passive" pour les mêmes faits et écroué également à la prison de Ducos. Et comme pour Léon Bertrand, les avocats d'Augustin To-Sah-Be-Nza ont obtenu du juge des libertés un report de l'audience à mercredi pour mieux assurer la défense de leurs clients.
Source : Le Point