MAHMOUD ABBAS DEFIE L'ONU D'ACCUEILLIR UN ETAT PALESTINIEN

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Abbas demande l'adhésion d'un Etat «sur les lignes du 4 juin 1967»

 

La demande officielle a été déposée vendredi, malgré l'opposition d'Israël et des États-Unis. PHOTO : Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, brandissant, vendredi devant l'Assemblée générale de l'ONU, une copie de la lettre qu'il a remise à Ban Ki-moon


Il avait martelé sa détermination, il ne pouvait plus reculer. Comme prévu, Mahmoud Abbas a demandé vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU la reconnaissance pleine et entière d'un État palestinien au sein de l'organisation internationale. «C'est l'heure de vérité. Les Palestiniens attendent de connaître la réponse du monde. L'heure a sonné pour le printemps palestinien, c'est le moment de l'indépendance», a-t-il lancé à la tribune de l'Assemblée générale.

Sous les applaudissements, Mahmoud Abbas a tendu la main à Israël tout en prononçant un sévère réquisitoire contre la colonisation juive des Territoires occupés. «Nous tendons la main au gouvernement et au peuple d'Israël pour faire la paix, a déclaré le chef de l'Autorité palestinienne. Notre peuple poursuivra sa résistance populaire, pacifique», a-t-il assuré. Mais les implantations israéliennes «anéantiront les chances de parvenir à une solution à deux États et (…) menacent de saper la structure de l'Autorité nationale palestinienne, voire son existence», a-t-il prévenu.

Impasse 

Peu avant de monter à la tribune, Mahmoud Abbas avait remis une lettre au secrétaire général de l'organisation, Ban Ki-moon, pour officialiser sa démarche. Benyamin Nétanyahou devait lui succéder au podium de l'ONU pour présenter la position israélienne, elle aussi bien connue: oui à des négociations directes avec les Palestiniens, non à des résolutions des Nations unies. Sur cette même ligne, Barack Obama s'est déclaré convaincu mercredi «qu'il n'y a pas de raccourci vers l'issue d'un conflit qui dure depuis des décennies».

Des menaces de rétorsions économiques ont été agitées par Israël et des élus du Congrès ont évoqué leur volonté de couper les vivres aux Palestiniens. Une aide américaine de quelque 500 millions de dollars, dont l'Autorité palestinienne a un besoin vital. Saeb Erekat, vétéran des négociations avec Israël, a lancé une mise en garde qui démontre la stratégie jusqu'au-boutiste des Palestiniens: l'Autorité autonome pourrait se dissoudre et «inviter dans ce cas les Israéliens à être la seule autorité entre le Jourdain et la Méditerranée», c'est-à-dire à réoccuper entièrement les Territoires, a-t-il dit à la radio israélienne.

Tous les regards étaient tournés vendredi vers les conséquences de cette joute diplomatique dont l'ONU a été le grand théâtre. Des tractations se poursuivaient encore dans la matinée pour tenter de déminer la voie choisie par les Palestiniens. Car tous, y compris les intéressés lorsqu'ils s'expriment en privé, savent qu'elle mène à une impasse. Les États-Unis ont d'ores et déjà annoncé qu'ils opposeraient leur veto. Mais l'immense frustration devant le blocage des pourparlers de paix, accentuée par la tonalité perçue comme pro-israélienne du discours de Barack Obama à l'ONU, a conduit Mahmoud Abbas à aller de l'avant.

Et maintenant ? Saisi de la demande palestinienne, le secrétaire général de l'ONU doit se retourner vers le Conseil de sécurité, qui, à son tour, doit réunir un comité chargé d'examiner la requête et d'inscrire un vote à l'agenda. Cinq membres, permanents et non-permanents, du Conseil de sécurité (Chine, Brésil, Liban, Afrique du Sud, Russie), sur quinze au total, ont déjà dit qu'ils approuvaient le choix palestinien. La Colombie a annoncé qu'elle s'abstiendrait. Quatre voix supplémentaires sont nécessaires aux Palestiniens pour obtenir la majorité requise de neuf voix. La Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Inde, le Nigeria, pas plus que la France n'ont annoncé officiellement leur intention, ménageant leur marge de manœuvre. Rien n'est donc acquis au Conseil de sécurité. De fortes pressions s'exercent sur des pays comme la Bosnie, le Portugal ou le Gabon. Si le camp du «non» s'étoffait, les Américains pourraient alors espérer se dispenser d'un veto qui les mettrait désavantageusement sur la sellette.

Le plan Sarkozy 

Tout ce processus peut néanmoins prendre «plusieurs semaines», un sursis que les diplomates, européens notamment, comptent mettre à profit pour favoriser d'autres pistes afin de relancer les pourparlers de paix. Les représentants du Quartette des médiateurs sur le Proche-Orient, regroupant les États-Unis, la Russie, l'Union européenne et les Nations unies, étaient vendredi encore au travail. Objectif, ramener les protagonistes à la table des négociations, interrompues depuis un an. «Mahmoud Abbas et Benyamin Nétanyahou savent ce qu'ils ont à craindre de Territoires palestiniens en flammes», relève un diplomate occidental. Faute d'une étincelle venant du Quartette pour relancer le moteur des pourparlers, la France estime qu'elle peut venir de la «feuille de route» proposée mercredi par Nicolas Sarkozy, sur la base d'une «nouvelle méthode»: un calendrier, sur un an, pour aboutir à un accord de paix, et l'octroi aux Palestiniens, par un vote de l'Assemblée générale, d'un statut intermédiaire d'État observateur à l'ONU

SOURCE : LeFigaro