MALI : LES SERVICES SECRETS ALGERIENS INCRIMINENT LA FRANCE DANS L'ASSASSINAT DE MICHEL GERMANEAU.

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Le raid franco-mauritanien à l’origine de la mort de Michel Germaneau ?


PAR LEILA KADDOUR-BOUDADI 


Des responsables de la sécurité algériens incriminent l’attaque militaire dans la mort de l’otage français


Le président français, Nicolas Sarkozy, a confirmé ce lundi matin au cours d’une intervention télévisée la mort de Michel Germaneau. Abdelhamid Abou Zeid, chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a renvendiqué dimanche cet assassinat. Pour des responsables algériens de la sécurité, le raid militaire mené conjointement jeudi par la France et la Mauritanie a provoqué la mort de l’otage et pourrait renforcer l’activité des rebelles dans le Sahel.


 

« Je condamne cet acte barbare, odieux, qui vient de faire une victime innocente (...), qui consacrait son temps à aider les populations locales » a déclaré ce lundi matin le président Nicolas Sarkozy en ouverture d’un conseil de sécurité et de défense à l’Élysée. L’assassinat de l’humanitaire Michel Germaneau ne fait plus de doute. Il a été revendiqué sur la chaine Al-Jazira, dans un enregistrement sonore diffusé dimanche soir par Abdelhamid Abou Zeid, dirigeant de la plus dure des deux factions d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), opérant au Sahara. « Nous annonçons avoir exécuté l’otage français dénommé Michel Germaneau samedi 24 juillet pour venger nos six frères tués dans la lâche opération de la France. »

Agé de 78 ans, Michel Germaneau a été enlevé le 19 avril dans le nord du Niger, alors qu’il œuvrait pour une association d’entraide aux enfants. L’Aqmi n’avait pas tardé à revendiquer le rapt de l’humanitaire français. Le 11 juillet, les ravisseurs de Michel Germaneau ont lancé un ultimatum au président Sarlozy : l’exécution de l’otage aurait lieu dans les 15 jours si Paris n’accédait pas à leurs revendications. Ils demandaient à « la France et à ses alliés dans la région la libération de ses détenus. » L’ultimatum devait expirer ce lundi soir mais la France avait déjà opté pour une intervention musclée.

Conjointement aux forces mauritaniennes, Paris a mené jeudi un raid militaire dans un camp de l’Aqmi au nord du Mali dans l’espoir de sauver Michel Germaneau. Une opération qui s’est soldée par un échec. L’ancien ingénieur n’était pas présent à cet endroit attaqué par les commandos français et les unités mauritaniennes. Le dernier bilan de cette intervention fait état de sept morts, tous des jihadistes. Quatre d’entre eux seraient parvenus à s’enfuir.

Le raid, une erreur, selon les services de sécurité algériens

Pour les services de sécurité algériens, le raid franco-mauritanien est une erreur qui a provoqué l’assassinat de l’otage. L’opération militaire « a énervé le groupe terroriste qui va maintenant soit demander une rançon soit tuer l’otage, si ce n’est pas déjà fait » analysait vendredi un ancien dirigeant des services de sécurité. Un autre officier, sous couvert de l’anonymat, considère même que ce raid franco-mauritanien va permettre de nouvelles recrues à l’Aqmi en alimentant sa « campagne contre les infidèles occidentaux et sa propagande contre l’occident. »

Cependant a expliqué le chef d’Etat français, l’otage était de toute façon « condamné » et c’est pourquoi il a estimé que la France avait le « devoir de mener cette tentative pour l’arracher à ses geôliers ».

De leur côté, les islamistes ont commencé à exploiter la situation. Sur son site internet, le cheikh Abdelfetah Zeraoui, religieux algérien représentant de la branche salafiste déclare : « La Mauritanie a commis une grosse erreur quand elle a ouvert ses portes à la France pour qu’elle tue notre peuple en terre d’islam » et d’ajouter qu’ « Un musulman ne devrait jamais aider un non-musulman à tuer un musulman. »

Nicolas Sarkozy a invité ses compatriotes à « renoncer à voyager dans la zone du Sahel ». Il a également demandé au ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, « de se rendre dès ce lundi soir à Bamako, Niamey et Nouakchott pour examiner les mesures de sécurité à prendre » concernant la sécurité des ressortissants français.

SOURCE : AFRIK.COM