MARTINIQUE - ANNULATION DU CONGRES, SERGE LETCHIMY CAPITULE

Encore un petit effort, Monsieur le Président !

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C’est donc contraint – forcé, que Serge Letchimy vient d’annoncer l’annulation du Congrès prévu pour le 25 octobre prochain. Cette décision constitue une première victoire de l’opposition face à la mise en scène médiatique du Président de Région depuis son arrivée à l’Hôtel de Plateau Roy.  Derrière cette théâtralisation orchestrée depuis Paris, ce Congrès constituait une erreur politique grave et apparaissait tout à fait inopportun au regard de la situation économique et sociale du pays.
La Collectivité Unique a été présentée aux électeurs comme un instrument institutionnel indispensable à la mise en œuvre des politiques publiques. Le 24 janvier 2010, ils l'ont approuvé à 68,3 %. Il convient donc de la mettre en place, sans tarder, dès 2012


Une erreur politique grave 

Une erreur politique grave dans la mesure où la tenue d’un tel congrès risquait de relancer les sempiternels débats sur la question institutionnelle. Pour mémoire,  le 24 janvier 2010, 68,3 % des électeurs ont répondu OUI à « la création d’une Collectivité unique exerçant les compétences dévolues au département et à la Région tout en demeurant régie par l’article 73 de la Constitution »…

La question relative au statut juridique et aux compétentes était donc claire. La réponse des électeurs le 24 janvier a été tout aussi claire ! 

Pouvait-on raisonnablement réunir un Congrès pour aborder, à nouveau, cette question des compétences  alors même que les électeurs se sont prononcés massivement à plus de 68 % pour un choix précis ? En pareille circonstance, accepter le principe même d’un tel Congrès constitue un déni de démocratie contraire au verdict des urnes. De même, tenter d’obtenir par des manœuvres dilatoires des compétences que les électeurs ont refusé le 10 janvier 2010, relève du mépris pour le suffrage universel. 

Quant à la forme, on constate que le Président de Région s’est tiré une balle dans les pieds. En effet, c’est de manière plutôt surprenante, depuis Paris, que Serge Letchimy a décrété l’organisation de ce Congrès. Il en a même fixé la date : le 25 octobre 2010. Et ce, tout seul, sans concertation, en parfait autocrate !

C’était sans compter sur la levée de boucliers des oppositions tant à la Région qu’au Département.  Devant le ton condescendant du Président de Région, il est bon de rappeler que l’actuelle majorité du Conseil Région ne représente pas tout à fait le « Pays réel ». La victoire de Letchimy aux Régionales est certes incontestable. Mais son élection à la présidence de la Région repose sur une loi électorale qui attribue une prime de 20 % à la liste arrivant en tête. En réalité, avec ses 48,32 % des suffrages exprimés*, Serge Letchimy n’a pas l’adhésion de la majorité des électeurs. Cette donne arithmétique devrait conduire à moins d’arrogance vis-à-vis des oppositions qui représentent la majorité des opinions du peuple. 

 

Un congrès inopportun au regard de la situation économique du pays.

De même, un tel Congrès s’avérait tout à fait inopportun au regard de la situation économique actuelle. Et pour cause ! Voir débattre des élus qui s’étripent sur des articles de loi, sur des virgules, en plein marasme économique constituerait un discrédit supplémentaire pour l’ensemble de la classe politique.  

Après les promesses de création de 5 000 emplois et de 2 000 logements, les martiniquais sont toujours en attente d’une amélioration de leur quotidien. Les fins de mois deviennent de plus en plus difficiles et le pouvoir d’achat des ménages ne cesse de diminuer. Malheureusement, la voie choisie par Serge Letchimy semble inappropriée en cette période de crise économique et financière internationale. L’Etat français a déjà annoncé la couleur : Gel des dotations aux Collectivités territoriales sur 3 ans. 

Malgré l’hypermédiatisation de son Marathon des Communes endettées (26 communes sur 34), le Président de Région persiste à maintenir son  fameux « Plan de Relance ». Initialement prévu en urgence, sept mois plus tard, ce plan de relance tarde à sortir. Les projets communaux ne sont pas encore ficelés, les plans de financement font défaut et l’Etat n’a toujours pas annoncé le montant de sa participation. Malgré les interventions de l’opposition, aucun projet concret n’a été présenté ni aux élus ni à la population. Un grand bluff médiatique ! 

Une seule certitude, les innombrables chantiers de la ville Capitale ont redémarré au lendemain des élections.  Sous couvert de plan de relance, l’ex-maire de Fort de France, Président de la SEM d’Aménagement de la Ville de Fort-de-France (SEMAFF) et président de la Région Martinique, vient de faire main basse sur les finances de la Région pour terminer, enfin, les travaux pharaoniques qu’il avait lancés dans la Ville Capitale. 

Quant au chômage, il demeure indifférent à la théâtralisation médiatique et augmente inexorablement : + 5,4 %  depuis l’arrivée du PPM aux affaires. 

Un changement de cap s’avère donc indispensable. Mais, après sa capitulation sur son Congrès avorté, Serge Letchimy aura-t-il la grandeur d’esprit pour renoncer également à son plan de relance et prendre en compte nos propositions ? A savoir, un moratoire transitoire et exceptionnel pour les dettes fiscales et sociales des entreprises en partenariat avec l’Etat, un partenariat avec le secteur bancaire, la relance de la consommation des ménages, la relance de la commande publique par des grands chantiers structurants nécessaires au pays. Autant de propositions constructives qu’il convient d’examiner, d’amender éventuellement plutôt que de les écarter d’un revers de main. 

Martinique, le 14 octobre 2010

Louis BOUTRIN

Conseiller Régional

Groupe des "Patriotes Martiniquais et Sympathisants" 

 

* RESULTATS des REGIONALES 2010 - 2nd TOUR : LETCHIMY : 78 057 voix soit 48,32 %
2. MARIE-JEANNE  66 309 voix soit 41,05 %
3. LESUEUR : 17 173 voix soit 10,63 %. Taux de participation : 55 %