MARTINIQUE : "IL N'EST PAS TOUJOURS BON DE SE VAUTRER DANS LA TORPEUR DES MORNES" (1)

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Un billet de Francis Carole


 
Ainsi, le président de la Région Martinique vient d'essuyer, coup sur coup, deux cuisants et graves revers politiques. Ce fut d'abord l'échec retentissant d'un "congrès" qu'il avait voulu imposer par la force, au mépris de ses partenaires, avant de rendre finalement les armes...Cet épisode avait, incontestablement, suscité bien des interrogations sur ses véritables  intentions, sa lucidité politique et sa capacité à rassembler les martiniquais

L'euphorie de la victoire aux régionales de mars 2010, à la tête d'un singulier attelage, avait manifestement conforté " l'héritier" dans un sentiment de toute puissance dont allaient se rire la vie et des électeurs de plus en plus déçus...

 

  Ce camouflet s'accompagne aujourd'hui d'un second revers , sans doute plus humiliant : l'avis du Conseil d'Etat validant l'installation de la Collectivité unique en 2012.

 

  La date de 2014 se trouvait au coeur même du dispositif du PPM qui consistait à consolider ses assises dans le pays(grâce à la bonne santé financière de la Région laissée par Alfred Marie-Jeanne), à distribuer massivement l'argent public à travers un pseudo- plan de relance pour se constituer une clientèle , avant d'aborder la bataille de l'Assemblée unique...Ce coup d'accélarateur jette désormais le trouble dans les rangs d'un parti qui n'a cessé de confondre ses intérêts partisans avec les intérêts du pays. Or, ce qui peut paraître bon pour le PPM n'est pas nécessairement bon pour le peuple et pour le pays. 

 

  L'enjeu s'avérait si vital que ,durant de longues semaines, un flot incessant d'intervenants, variés et divers, n'arrêta pas de submerger tous les médias du pays avec pour mission de saturer tous les" Sonsons"-grands et petits- avec la litanie de "l'inconstitutionnalité de 2012". Parmi tous ces hiérophante improbables des mystères de la constitution française, le président de Région, en personne,  apparut un soir sur nos écrans, le visage ravagé par une étrange rage, pour menacer de "saisir le Conseil Constitutionnel" si on lui refusait son 2014 ! Pire ! L'actuelle direction du PPM chercha même à instrumentaliser des employés de la Région pour susciter peur et confusion sur l'avenir du personnel des deux collectivités appelées à fusionner...En pure perte et en se discréditant  au passage !

 

  Mais, au-delà de ces stratagèmes et rodomontades, la date de 2012 constitue une échéance souhaitable et raisonnable pour notre pays. L'installation de la Collectivité unique, attendue depuis 1982, votée massivement par les électeurs en 2010, ne saurait être subordonnée à des calculs partisans. C'est l'urgence des difficultés auxquels sont confrontés les martiniquais et la volonté de tenter de donner une nouvelle impulsion au pays qui doivent nous tenir lieu de boussole. 

 

note : (1)- Aimé CESAIRE-"Moi, laminaire".