A l’occasion de la désignation de Serge Letchimy, comme tête de liste du PPM aux régionales des 14 et 21 mars, on a pu apprendre que le PPM compte « 2.OOO adhérents » dont « 200 à 300 adhésions enregistrées au cours de cette convention »
Que la Martinique « a besoin de paix,d’amour, de s’ouvrir aux autres et de conquérir des espaces de développement". Serge Letchimy a déclaré que le PPM va "présenter un projet au peuple martiniquais" dans la continuité de la victoire du oui à la consultation du 24 janvier 2010 « Un oui massif » que le PPM dit partager «avec les frères et les sœurs de la Martinique de droite ou de gauche ».
Il ne serait pas question pour le PPM de «mettre son drapeau dans la poche », toutefois, mais de respecter la « la parole du peuple » et aussi de proposer de nouvelles « formes de gouvernance », de «nouvelles méthodes », « plus d’efficacité financière », « une mutation énergétique », et la « création de nouvelles zones d’activités ».
On voit donc la stratégie et les éléments du programme qui sera développé. Tout d’abord un recrutement tout azimut pour que le PPM devienne le premier parti de masse de la Martinique. Cela veut dire que l’idéologie doit être suffisamment élastique pour que chacun s’y retrouve à l’ombre des balisiers. C’est ce que les politologues appellent un « catch all party. » C’est bien pour occuper l’espace politique, mais offre une latitude assez limité pour faire des choix téméraires. Et c’est bien de cela que le pays a besoin…
La paix et l’amour des autres, c’est la réponse du berger à la bergère : ceux d’en face qui devraient à la suite de l’échec du 10 janvier nourrir quelques ressentiments à l’égard du corps électoral qui ne les a pas suivis dans l’aventure de la prise de responsabilité et l’affirmation de la dignité martiniquaise. La paix, l’amour c’est aussi faire un trait sur le passé du PPM, l’affaire Jalta, les gros bras des quartiers populaires qui, souvenons-nous en, avaient en son temps interdit à un certain Max Elizé de faire campagne en certains lieux de la ville. Et puis cela est dans l’air du temps : c’est l’amour et la fraternité qui peuvent transcender les frontières idéologiques et faire dans le secret des isoloirs les électeurs de droite – bien nombreux dans la capitale- franchir le pas et voter pour les élus PPM !
La "soupe populiste" du PPM
C’est vraiment pousser à se demander comment des militants comme… tiens ! Jean-Claude William vont pouvoir s’y retrouver dans ce conglomérat idéologique, soupe populiste qui fait fi deréalités incontournables de la division de la société en classes sociales. Sauf à s’affranchir de cette dichotomie pour prôner le combat national avant la lutte des classes. Or les événements récents du mois de janvier nous ont à suffisance démontré que là aussi, le PPM à renvoyé aux calendes grecques toute démarche de prise de responsabilité. On en est donc bien à un stade de « migan idéologique. »
Si effectivement il est indispensable d’aborder dès le discours d’investiture la question de l’ « efficacité financière » quand on connaît la situation de la ville par exemple, ou encore de la Semaff, sans oublier la situation dans laquelle la Cacem a été laissée à Pierre Samot, sans d’ailleurs donner plus de détails, il est intéressant d’entendre évoquer les nouvelles « formes de gouvernance », ou encore les «nouvelles méthodes »… qui seront mises en œuvre. En se demandant tout de même la raison pour laquelle ces innovations n’ont pas été mises en œuvre dans le cadre de la gestion de la capitale.
Reste la question de la « mutation énergétique », et la « création de nouvelles zones d’activités » qui sont des thèmes porteurs et qui font toujours bien dans un discours de campagne.
On constate que ce parti a pris le parti de théâtraliser tous les instants de la vie politique. C’est un choix : avec les jeux (feux d’artifice, manifestations de toutes sortes, pour redonner vie àla ville) il restera à donner du pain au bon peuple. Mais cela ne devrait pas poser de problèmes : la France généreuse et pleine de fraternité nous comble dans le cadre de l’assistanat. Celui qu’impliquait le non du 10 janvier : ne perdons pas cela de vue ! Nous les 30 000 irréductibles qui avons choisi le difficile chemin de la dignité et de la Responsabilité.
Gérard Dorwling-Carter