MARTINIQUE - RENTREE POLITIQUE DU RDM : DISCOURS DE CLAUDE LISE

... La Martinique va vraiment très mal !

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 Monsieur le Maire et Chers Amis,

 

Je veux te dire, à mon tour, tout le plaisir que j’ai d’être ici, tout le plaisir, je crois pouvoir le dire, que nous avons tous d’être ici, dans ta belle et dynamique commune du Robert !

 

Je veux, bien sûr, te remercier pour la part que tu as prise à l’organisation de cette rentrée politique du Parti. Tu as proposé qu’elle se tienne cette année au Robert et c’est grâce à toi que nous avons pu bénéficier de cette salle. Merci donc à toi, à tous tes collaborateurs et au Maître des lieux.

 

Mais, profitant de l’occasion, je veux également dire publiquement combien j’apprécie et combien tous nos camarades apprécient la façon dont tu traduis concrètement, dans ton action municipale, au quotidien, les convictions que nous partageons.

 

Tu le fais sans démonstrations tapageuses mais avec une efficacité que tes détracteurs ne parviennent pas à masquer aux yeux de tes administrés. Et ceux-ci, en retour, ne te marchandent pas leur soutien et ils ont bien raison !

 

Je demande à l’assistance de te faire une ovation bien méritée !

 

Je tiens évidemment à remercier beaucoup tous les camarades qui se sont impliqués dans la préparation de ce moment politique qui, pour avoir été quelque peu retardé à cause de mon planning particulièrement chargé ces derniers temps, n’en constitue pas moins un moment vraiment réussi.

 

Chers invités,

 

Je veux maintenant me faire l’interprète de tous les militants, d’élus et responsables du RDM pour vous dire que nous apprécions tout particulièrement votre présence.

 

J’adresse mon très cordial salut à chacune et chacun d’entre vous !

 

Je l’adresse aux membres de la délégation du MIM ; et vous comprendrez que je tienne à dire à Alfred MARIE-JEANNE combien j’apprécie sa présence. Il t’est revenu, Cher Président, de mener le combat, au deuxième tour des régionales, au nom de tous ceux qui avaient voulu proposer aux Martiniquais une avancée significative sur la voie de la responsabilité. Tu as été victime, comme nous tous, de la campagne éhontée de mystification menée par l’adversaire avec des moyens financiers considérables. Un adversaire qui, pour gagner à tout prix, n’a pas hésité à utiliser les arguments que les départementalistes d’une autre époque utilisaient contre Aimé CESAIRE. Le score que tu as fait, dans de telles conditions, relativise sérieusement la victoire dont les autres croient pouvoir toujours faire des gorges chaudes ! Mais, comme on le dit chez nous : pli ta pli tris !

 

J’adresse un très cordial salut aux délégations qui ont répondu à notre invitation :

salut fraternel à la délégation du Parti Communiste Martiniquais, au CNCP, au MODEMAS, à BATIR le Pays Martinique, à la délégation du  MPP, au PALIMA , à Objectif Martinique;  

salut fraternel à Nestor AZEROT, à Raymond  OCCOLIER, à  Samuel TAVERNIER, à Robert SAE, à Philippe EDMOND MARIETTE, à Alfred SINOSAT et à toutes celles et ceux qui sont physiquement ou par la pensée avec nous aujourd'hui.

 

 

J’adresse aussi un très cordial salut à quelques sympathisants qui avaient fait équipe avec Madeleine de Grandmaison sur la liste RDM-ALLIANCE POUR DEVELOPPER LA MARTINIQUE

 

La présence de l’ensemble des formations politiques de gauche qui ont participé avec nous à ce que l’on a appelé le RASSEMBLEMENT MARTINIQUAIS POUR LE CHANGEMENT (RMC) revêt, je crois pouvoir le dire, une grande signification.

 

Elle marque, à coup sûr, une volonté partagée de maintenir, voire renforcer, des liens qui se sont tissés dans le cadre de la gestion quotidienne des affaires martiniquaises (à la Région et au Département), dans le travail d’élaboration de documents fondamentaux comme le Plan de développement durable (Agenda 21) et le SMDE, dans le travail effectué en commission pour les Congrès de Décembre 2008 et juin 2009 ; mais aussi, bien sûr, dans les récentes campagnes électorales.

 

En nous côtoyant, en nous appliquant à dialoguer dans un esprit constructif, en échangeant des idées, des réflexions et des analyses, en menant, chaque fois que possible, des combats aux coude à coude, nous avons appris à mieux nous connaître, nous avons appris à mieux nous comprendre et nous nous sommes rendus compte que ce que nous avions en commun nous permettait de relativiser ce qui pouvait très normalement et très légitimement nous séparer.

 

Et c’est ainsi que nous avons été amenés à rechercher le maximum de convergences au service des intérêts supérieurs de la Martinique.

 

Car telle est notre boussole commune : la notion d’intérêt supérieur de notre Martinique. Rien à voir donc avec un assemblage hétéroclite monté pour gagner des élections et se distribuer des postes électifs. Le modèle existe, on le voit à l’œuvre ! Mais il ne correspond pas à une conception que nous, nous partageons de ce que doit être la politique.

 

Notre démarche est, du coup, beaucoup plus exigeante. Elle privilégie de loin les questions de fonds sur les considérations électoralistes.

 

C’est plus compliqué, c’est plus difficile, mais c’est, n’en doutons pas, ce qu’attendent de nous les Martiniquaises et les Martiniquais. C’est ce qui, à travers les aléas, à travers les vicissitudes de la vie politique, peut nous amener – et pour ma part, je suis convaincu de pouvoir dire va nous amener – à ouvrir de réelles perspectives d’avenir pour notre pays.

 

Cela dit, nos compatriotes ont tant de fois été déçus dans leurs aspirations à voir se mettre en œuvre une authentique démarche unitaire des forces de gauche que nous avons encore à leur donner des preuves de notre volonté de poursuivre celle que nous avons engagée.

 

A nous d’effacer de leurs mémoires le caractère éphémère de tentatives avortées comme celles, par exemple, du Comité Permanent de la Gauche martiniquaise ou du Front National Martiniquais pour l’Autonomie qui ont vu le jour dans les années 70.

 

Ils ne nous demandent pas de nous fondre dans un melting pot et dans la confusion. Ils nous demandent de nous rassembler sur des questions importantes, dans la clarté et le respect des positions de chacun.

 

Le fait que les résultats de la consultation du 10 janvier n’ait pas mis fin à notre démarche fait, à l’évidence, renaître une espérance ; surtout lorsque l’on constate que nous partageons, dans la position commune que nous avons adoptée suite au vote du 24 janvier, cette chose fondamentale qu’est le respect des électeurs, le respect de la démocratie, j’y reviendrai.

 

Chers camarades des Partis ici représentés, vous aurez compris à quel point je souhaite que nous poursuivions notre démarche unitaire dans l’esprit dans lequel nous l’avons jusqu’ici menée : l’exigence de clarté, l’exigence de respect mutuel, le sens de l’intérêt général et, par-dessus tout, la passion de servir notre Martinique.

 

Notre Martinique qui – comme d‘ailleurs les autres DOM – connaît la situation économique et sociale particulièrement grave – avec les conséquences sociétales qui en découlent – que les camarades qui m’ont précédées vous ont décrites.

 

Je ne reviendrai évidemment pas sur ce qu’elles ont très bien exposé. Je ne re-citerai que quelques chiffres, tellement ils me paraissent inquiétants, tellement ils dépassent ce que les plus avertis pouvaient imaginer : une récession qui atteint 7,5 % : du jamais vu depuis la guerre. ¼ des Martiniquais vivant au dessous du seuil de pauvreté et percevant en moyenne environ 410 € par mois. 37 % de personnes âgées vivant avec à peine plus de 636 € par mois de minimum vieillesse (elles ne sont que 10 % dans l’hexagone).

 

La Martinique va vraiment très mal.

 

Comment comprendre, dans ces conditions, la politique menée par le Gouvernement ?

 

Depuis plusieurs années, on nous dit, bien sûr, que les DOM sont une priorité, mais par quoi cela s’est-il traduit ? Eh bien, rappelez-vous, on nous a annoncé, dès l’élection du Président de la République, en 2007, l’élaboration d’une grande loi chargée de promouvoir le développement endogène des DOM : la LODEOM. Cette loi a été votée en mai 2009. Où en sommes-nous de son application ? Un important document de l’Assemblée Nationale (rédigé par Messieurs  Claude BARTOLONE et Gaël YANNO) en fait le bilan et je consacre à ce même bilan plusieurs pages dans le rapport sur le Budget de l’Outre-mer que je viens de présenter en Commission des Affaires Economiques du SENAT et qui va bientôt être mis sous presse. L’un des chapitre de mon rapport s’intitule : «depuis la crise de 2009, beaucoup de promesses pour les Outre-mer mais peu de résultats tangibles ».

 

Force est de constater que la plupart des décrets d’application n’ont été publiés que près d’un an après la promulgation de la loi, alors même que la procédure d’urgence avait été déclarée sur celle-ci. Pire, certains décrets ne sont toujours pas publiés : c’est notamment le cas de ceux concernant : 1° l’aide au fret, 2° la création du GIP chargé de reconstituer les titres de propriété des biens fonciers et immobiliers qui en sont dépourvus, 3° le fonds de continuité territoriale.

 

L’article 72 de la loi habilitait le Gouvernement à prendre des ordonnances. Sur 9 prévues, une seule a été publiée ; or, la date limite pour les prendre est désormais passée (30 novembre).

 

En tout cas, les fameuses zones franches d’activités qui constituaient l’un des éléments fard de la loi n’existent toujours pas. Si vous en connaissez une signalez-la moi !

 

Quant à la défiscalisation orientée vers le logement social, elle n’a pas, pour l’instant, donné de résultat visible. Il y a bien quelques opérations en cours d’agrément mais concernant à peine un peu plus de 800 logements (pour la plupart situés à la Réunion).

 

Mais l’Etat s’est servi de cela pour donner un coup d’arrêt à la LBU (elle est maintenue en AE au budget 2011 mais avec une réduction de 34 % en CP), or, le plus souvent, les opérations nécessitent un mixage défisc/LBU que Bercy s’emploie à contrecarrer.

 

L’autre grande annonce gouvernementale, qui a fait suite aux fameux Etats généraux, ce sont les 137 mesures annoncées par le Président de la République à l’issue du 1er Conseil Interministériel de l’Outre-mer réunit le 6 novembre 2009. Là encore, la déception est grande pour ceux qui avaient mis leurs espoirs à la hauteur du battage médiatique orchestré par le Gouvernement.

 

Dans mon rapport, je parle d’un « bilan mitigé » : en fait, nombre de mesures ne sont pas réalisées, d’autres sont décevantes et, en tout cas, le plus souvent, elles sont de nature qualitative et n’ont que très peu d’incidence sur le projet de loi de finances pour 2011.

 

Celui-ci se distingue par une baisse des crédits pour l’outre-mer :

baisse de 0,5 % en AE et 2,3 % en CP du Budget du Ministère de l’Outre-mer, baisse d’environ 1 % en AE de l’effort global de l’Etat, après  déjà une  baisse de 4,2 % l’année dernière.

 

A quoi il faut rajouter le « coup de rabot » des « niches fiscales » de l’Outre-mer ; coup de rabot lancé à vrai dire à l’aveugle et qui ne manquera pas d’avoir des conséquences sur le BTP (secteur très pourvoyeur d’emploi) et sur des secteurs innovants où des objectifs ambitieux avaient été fixés pour l’Outre-mer tel le photovoltaïque.

 

Tout cela, contre quoi je me suis fortement insurgé, explique que dans mon rapport j’ai pu parler de la mise en œuvre par le Gouvernement d’une véritable logique de « mal développement » endogène en contradiction totale donc avec la logique de développement endogène qu’il se targuait de promouvoir.

 

Le Gouvernement estime, en réalité, que nous devons participer à la politique de rigueur qu’il mène pour réduire l’énorme déficit budgétaire de l’Etat et son considérable niveau d’endettement.

 

Nous considérons évidemment au RDM qu’il porte, à cause notamment de la politique fiscale qu’il a choisi d’adopter, une grave responsabilité dans la situation actuelle de la France et que sa politique de rigueur est de loin la moins à même d’assurer une indispensable relance.

 

Quoi qu’il en soit, je n’ai pas manqué de souligner que nous avions déjà donné en la matière et que s’il doit y avoir solidarité entre les territoires de la République, dans une période de restriction, il faut de l’équité dans la solidarité. On ne peut pas oublier que nous avons des retards à rattraper en matière d’équipements, et que nous avons des handicaps structurels. On ne peut pas oublier non plus que nous avons des atouts à promouvoir  mais que nous ne pouvons promouvoir sans un minimum d’aide de l’Etat (aides budgétaires mais également aides en simplification et en adaptation de procédures).

 

Par ailleurs, le Gouvernement considère que nos collectivités territoriales doivent intervenir davantage pour compenser ce qu’il faut bien appeler son désengagement.

 

Cela est tout à fait anormal et tout à fait inadmissible. D’autant plus inadmissible que ce Gouvernement n’a cessé d’asphyxier ces collectivités territoriales. En Martinique – comme dans les autres DOM – elles sont pratiquement toutes en difficulté, notamment le Département et les Communes. La Région se porte mieux parce qu’en réaction à la crise, il y a eu non seulement un travail de redressement des finances sous les mandatures d’Emile CAPGRAS et d’Alfred MARIE-JEANNE, mais un constant souci d’éviter le retour à une telle situation.

Le Conseil général que je préside  fait évidemment face à l’effet ciseau auxquels sont confrontés tous les Conseils généraux de France et d’outre-mer : baisse des ressources alors qu’augmentent les dépenses du fait d’une explosion de la demande sociale.

 

Je veux vous dire deux mots de cette situation car je suis l’objet d’attaques constantes de la part de l’actuel président de Région et d’un certain nombre de ses lieutenants. Pas tous, car certains se souviennent quand même des propos élogieux dont Aimé CESAIRE m’a gratifié plus d’une fois à propos de ma gestion. Je possède d’ailleurs des témoignages écrits et audiovisuels précieux à cet égard.

 

Certains se souviennent aussi des appréciations d’Aimé CESAIRE sur l’aide que je me suis toujours efforcé d’apporter à la Ville, à la mesure évidemment des moyens du Conseil général. Et CESAIRE, qui savait ce que c’était que réaliser des équipements, parce qu’ils sont nécessaires, et même s’il faut pour cela aller au-delà des ratios comptables que les contrôleurs financiers savent relativiser, n’aurait jamais cautionner de tels agissements.

 

Oui, oui nous avons des difficultés. Mais il faut peut-être rafraîchir la mémoire de certains qui ont par ailleurs bien profité du département pour s’affirmer en politique. Leur rappeler, qu’en plus des contraintes qui pèsent sur tous les Départements, le notre continue de supporter les conséquences d’un engagement hors norme qu’il a dû assumer pour atténuer les conséquences de la très grave crise financière que la Région à traversé dans les années 90-91.

 

A l’époque, personne ne m’a entendu jeter l’opprobre sur celui qui était aux commandes. J’ai, en tant que 1er vice-Président puis Président à partir de 92 tout fait pour que la Martinique ne pâtisse pas trop de la situation.

 

C’est ce qui explique le niveau d’engagement du Conseil général de la Martinique dans des domaines qui normalement ne relèvent pas de ses compétences.

 

Cela ne nous a pas empêché de maintenir jusqu’en 2007 un niveau d’investissement faisant de cette collectivité, dans la strate des conseils généraux de 400 000 habitants, le 3ème pour l’investissement par habitants.

 

Et, sur les 20 années écoulées, c’est près de 2 milliards d’euros de crédits d’investissement qui ont été injectés dans l’économie martiniquaise ; c'est-à-dire 100 millions d’euros par an en moyenne. Des crédits d’investissement qui ont été injectés notamment dans le BTP pour améliorer le réseau routier, développer des infrastructures portuaires (tel le port de Case-Pilote, le port du Vauclin ou actuellement le port de Grand-Rivière), réaliser des appontements (plus d’une 30aine) désenclaver le territoire, construire et rénover des collèges (9 construits, une 20aine de réhabilités), doter la Martinique d’équipements performants, tel l’ATRIUM, le CDST, etc, mais également financer des équipements communaux (le plus remarquable étant celui que le Maire de Fort de France n’a jamais voulu inaugurer avec moi, le viaduc du Front de Mer qu’il a appelé Malecon et qui est le plus important ouvrage d’art de la Martinique considéré, qui plus est, comme un défi technologique) enfin, ces crédits ont permis aussi de soutenir différents secteurs de notre économie.

 

Dans le même temps, nous avons doté la Martinique de dispositifs innovants en matière de gestion technique de bâtiments en télégestion, en matière d’étude, de suivi et de prévention des phénomènes naturels (on nous reconnaît sur ce point un véritable pôle d’excellence).

 

Nous avons d’ailleurs obtenu 7 prix Territoria entre 2001 et 2007 dont un Territoria d’or en 2007 notamment pour notre système départemental d’alerte de crues, système pour lequel on nous demande actuellement un transfert de technologie et de savoir faire au profit de la zone des Gonaïves d’Haiti.

 

Et nous venons de recevoir un 6ème prix Territoria (notre 2ème Territoria d’or) pour les techniques de protection du littoral mises au point par nos ingénieurs (notamment la conception de blocs pré-fabriqués qui ont fait l’objet d’un brevet).

 

Alors, ceux ou celles qui prennent plaisir à dire sur les ondes que nous dormons gentiment au Conseil général doivent admettre qu’en réalité nous sommes atteints de somnambulisme. Mais d’une forme de somnambulisme qui font de nous des somnambules hyperactifs !... Ca existe ! Tout comme existent des gens qui rêvent éveillés… ça leur permet de raconter beaucoup d’histoires, mais par forcément de mettre en adéquation rêves et réalités…

 

De toute façon, l’Histoire fera la comptabilité des réalisations de chacun et, franchement, je ne crois pas devoir craindre son jugement !

 

En tout cas, si actuellement nous ne pouvons pas faire ce que nous faisions à une autre époque, il est faux de laisser croire que nous ne pouvons rien faire.

 

Au terme de 2 années où nous avons dû réduire nos investissements, nous nous apprêtons à consentir un effort exceptionnel pour contribuer au moins à freiner l’hémorragie à laquelle on assiste en terme d’emplois notamment dans le BTP.

 

L’idéal aurait été, malgré tout, de coordonner nos actions avec celles de la Région. J’avais, vous vous en souvenez certainement, annoncé le 4 juin dernier à Madiana que le Conseil général était prêt à apporter deux choses très importantes qui pouvaient aider à lancer des chantiers tout de suite :

- un ensemble de projets finalisés représentant un volume de travaux de plus de 59 millions d’euros. Des travaux dont je me trouvais obligé de reporter le démarrage à un ou deux ans.

- une capacité d’ingénierie reconnue des services techniques du Département.

 

Ce qu’il nous manquait, c’était des compléments de financement. Il suffisait que la Région co-finance à 30 % pour que les chantiers démarrent très vite.

 

Eh bien, après m’avoir dit d’accord, publiquement, on s’est employé à promener mes collaborateurs de réunions en réunions. On s’est lancé dans un examen pointilleux de nos dossiers. On se serait cru face aux technocrates de Bercy ! De 35 millions de travaux retenus dans un premier temps - en juillet – on est passé, début septembre à environ 22 millions d’euros. Puis, plus rien !

 

Et pourtant, malgré tout le tapage médiatique opéré depuis plusieurs mois, combien d’emplois ont-il été déjà créés ou même maintenus !

 

On devrait le savoir puisque l’on nous avait dit à Madiana que chaque mois, on n’en aurait une évaluation précise. Il était même question de nous faire part de l’évolution du nombre de sacs de ciment vendus par la Cimenterie. Pour l’heure, ce que je constate, c’est que des entreprises continuent à être mises en liquidation, que le nombre de chômeurs augmente et que la vente de ciment continue de baisser.

 

Qu’on me comprenne bien, je ne critique pas l’initiative, comme je l’ai entendu sur une chaîne de télévision, parce que j’en voudrais au Président de Région. J’ai d’ailleurs salué cette initiative. Ce que je critique, c’est d’une part l’importance accordée aux effets d’annonce surtout lorsqu’il s’agit d’annonces irréalistes tel que l’objectif de 5000 emplois qui a été avancé. Je veux rappeler quand même qu’en 2004 le Conseil général a réalisé, sans faire beaucoup de bruit, un plan de relance du BTP représentant sur son budget d’investissement un effort supplémentaire de 64 millions d’euros, 64 millions d’euros sur la seule année 2004 !. Cela représente les ¾ de ce que la Région met dans l’actuel plan de relance sur 3 exercices (c'est-à-dire 84,5 millions d’euros). Et si l’on considère l’effort consenti en plus sur les deux années suivantes, c’est plus de 150 millions d’euros qui ont été injectés par le Conseil général en plus sur 2004, 2005, 2006 dans le BTP.

 

Ce que je critique d’autre part, c’est la médiatisation excessive des partenariats réalisés avec les Communes. Comme si l’on cherchait chaque fois à impressionner les populations.

 

Les deux grandes collectivités ont toujours beaucoup aidé les communes mais jusqu’ici cela ne se faisait jamais de façon aussi ostentatoire. Question de différence de conception sans doute ! Mais il s’agit certainement plus de conception de la politique que de conception de la communication.

 

J’ai, en tout cas, tiré les conclusions qu’il fallait tirer du comportement de l’équipe dirigeante de la Région. Avec son savoir-faire médiatique et les moyens qu’elle investit dans la communication, elle va continuer à jouer pour le public la farce de la main tendue. Mais pour ma part, je ne perdrai plus une seconde à attendre. Nous allons lancer de notre côté, un ensemble d’opérations qui vont quand même  peser une 30aine de millions d’euros, mais dont surtout les chantiers vont pouvoir démarrer dans les jours et les semaines qui suivent.

 

Mes chers Camarades,

 

Ce à quoi on assiste dans la mise en œuvre d’un plan de relance local montre, s’il en était besoin, l’urgence de mettre en place la collectivité unique pour laquelle les Martiniquais se sont prononcés le 24 janvier de cette année.

 

Pratiquement tous les partis politiques (de droite et de gauche), en dehors du néo-PPM et de ceux qui se sont agrégés autour de lui, sont conscients de cette urgence.

 

Mais le plus extraordinaire, c’est que le Président de la République lui-même partage cette conviction. C’est ce qu’il a dit très clairement lors de l’audience qu’il nous a accordée, aux parlementaires, au Président de l’Association des Maires et aussi deux présidents des collectivités de la Martinique, lundi dernier. Et dans le communiqué publié par l’Elysée, à la suite de l’audience, on lit : «le Chef de l’Etat a demandé que soit examinées les conditions administrative et juridique d’une installation dans des délais rapprochés de la nouvelle collectivité, si possible en 2012 et au plus tard en 2014. »

 

Le « si possible » vient du fait que le calendrier parlementaire est très encombré et que l’on a, à vrai dire, beaucoup perdu de temps à tergiverser.

 

En fait les raisons que le Président lui même nous a donné, rejoignent les raisons que nous avons-nous mêmes présentées à la population : je dirai très vite

Premièrement : si je considère qu’une collectivité unique soit un bon instrument, pourquoi s’en priver surtout quand on est en difficulté.

Deuxièmement, plus le temps va passer, plus en fait l’organisation  de la collectivité sera l’affaire des administratifs et non l’affaire des élus, et cela est une réalité que même le Président de la république partage puisqu’en élu local qu’il a été, et cela rejoint ce que nous disait notre ami Alfred MONTHIEUX au début de la réunion, et ce n’est pas pour critiquer les administratifs, mais si vous repoussez à quatre ans , et bien il y aura des réunions d’experts et c’est vrai que on va créer un moule préétabli dans lequel les élus qui auront été élus en 2014 vont entrer.

 

Alors que c’est l’inverse qu’il faut faire, il faut mettre en place et cela ne présente pas de grosses difficultés, puisque ceux qui comme moi ont assisté à la mise en place de la décentralisation au niveau de la France, ont vu comme moi que en quelques mois, des pans entiers de l’administration ont été transférées aux collectivités territoriales sans que cela ne fasse d’histoires. Donc les raisons que l’on avance ne tiennent pas : les adversaires disent que fusionner  les personnels - 300 d’un coté et moins d’un millier de l’autre -  c’est quelque chose d’invraisemblable, mais l’imposture est déjà dans le terme utilisé. Il ne s’agit pas d’une fusion, d’une fusion d’entreprise, parce que s’il s’agissait d’une fusion les personnels seraient en grand danger ; cela voudrait dire que nous comptons réduire les effectifs. Non, il s’agit d’un rassemblement, d’une mise en commun, d’une addition des moyens, de tous les moyens donc des personnels. Avec quoi voulez vous que les services sociaux du département fusionnent ? Les PMI du département peuvent fusionner avec qui ?

 

Il y a quelques services administratifs qui devront se  réorganiser et cela ne présente pas de difficultés. Et en tous cas, je vous le dis, le président de la république a parfaitement indiqué que nous avons intérêt à aller plus vite même si lui même ne fait pas tout ce qu’il faut pour être en conformité avec sa propre analyse.

 

Mais pour sa part, le président de région,  président du néo-PPM, a jusqu’ici tout fait pour qu’au contraire la collectivité unique se fasse le plus tard possible. Selon lui, nous ne sommes pas prêts.

 

C’est désormais d’ailleurs une attitude systématique chez cet homme, qui a pourtant souvent le mot audace dans la bouche ; c’est devenu une attitude systématique chez lui de considérer que les Martiniquais ne sont jamais prêt :

ils n’étaient pas prêts en 2003 pour une petite avancée dans le cadre de l’article 73,

ils n’étaient pas prêts en janvier 2010 pour une avancée un peu plus significative dans le cadre de l’article 74, et voila qu’ils ne sont prêts non plus à mettre en place l’addition du département et de la Région . C’est à croire que nous ne pourrons jamais rien faire, que nous ne serons jamais prêts pour provoquer un sursaut, pour aller vers un avenir porteur d’espérance pour notre jeunesse. C’est incroyable !

 

Mais vous l’avez tous compris, derrière cette pensée du président de région, il y a des arrières pensées politiciennes qui sont sous-jacentes à sa position.

 

L’objectif est en fait la conquête, dans les meilleures conditions possibles, de tous les leviers de commande  de la Martinique, de tous les leviers de commande de l’assemblée unique qui va devoir gérer la future collectivité unique.

 

Alors, pour faciliter cette conquête, il considère qu’il faut réduire le plus possible le potentiel politique de ceux qui pourraient créer des difficultés, suivez mon regard. Après le conseil régional, il lui faudra investir le conseil général.

 

Contrôlant les deux exécutifs départementaux et régionaux, plus celui de la capitale, il pourra donc prendre son temps pour modeler la future collectivité unique dont il prendra alors aisément les rênes.

 

Et pour que le pouvoir soit sans partage, il milite avec acharnement pour que le gagnant aux élections de l’assemblée unique bénéficie d’une prime majoritaire de 20 à 25 %, ce que nous n’avons, nous, cessé de dénoncer.

 

Et je dois reconnaître d’ailleurs que Alfred MARIE-JEANNE, même s’il a bénéficié de cela, a toujours dit que cela n'était pas normal, car les conséquences, c'est l'écrasement voire l’élimination de formations politiques importantes et à plus forte raison de sensibilités politiques minoritaires qui normalement devraient pouvoir trouver un lieu d'expression démocratique.

 

Sur ce point, malheureusement, je dois dire que le président de la République est plutôt allé dans son sens même si nous avons beaucoup argumenté ;  mais il l'a fait, à mon avis , plutôt pour des raisons tenant à ce qu'il souhaite faire dans le cadre de la réforme envisagée pour l'hexagone…

 

Sur les deux autres questions qui faisaient débat, eh bien c'est nous qui avons marqué des points mêmes s'il faut insister sur le fait que rien n'est encore décidé.

 

C'est d'abord le découpage de la Martinique en plusieurs sections. Alors bien entendu, nous, représentants de la gauche ici présente, nous avons toujours dit qu'il ne fallait pas morceler la Martinique, mais au contraire qu'il fallait que la nouvelle assemblée ait une vision globale de la Martinique et, au sein de la commission ad hoc, nous avons quand même accepté de créer quatre grandes sections pour prendre en compte la représentation de différentes parties du territoire … A l'époque, j’ai proposé ce qui a été retenu par tous les autres camarades de la gauche, qu’il y ait, dans le cadre d’un scrutin proportionnel,  quatre sections calquées sur les quatre circonscriptions législatives issues du dernier redécoupage, Puisqu’elles ont le mérite d'exister.

 

C'est exactement ce qu'a dit le président de la République : qu’il ne voyait pas a priori de raisons de morceler davantage, qu’il y avait un découpage qui avait le mérite d'exister. il a même mis en garde contre le risque que le Conseil constitutionnel ne valide pas un découpage à ajouter à celui qui existe déjà. Il y a donc cette avancée… pourvu que cela se concrétise.

 

L'autre point concerne quelque chose de très fondamental, il s'agit de la nature même de la collectivité qui sera mise en place. Alors vous savez qu'elle est notre position, la position de la gauche ici représentée, c'est qu'il faut respecter ce qu’ont voté les Martiniquais.

 

Ils ont répondu à une question claire qui consiste à leur demander s'ils étaient d'accord pour regrouper département et région dans le cadre du droit commun de l'article 73.

 

Ils ont répondu oui. En démocrates, il faut s’incliner devant ce choix que nous les avons appelé à effectuer le 24 janvier, même si nous étions favorables à une réforme beaucoup plus importante et ambitieuse lors de la consultation du 10 janvier et que nous savons dans quelles conditions les Martiniquais ont été amenés à se prononcer lors de cette première consultation.  Nous disons, plutôt que de reprendre un débat institutionnel qui n'a plus sa raison d'être dans l'immédiat -  et nous avons entendu le président de la République dire que l'histoire n'était pas figée -, il faut respecter chaque situation, chaque étape, le peuple martiniquais a fait un choix et ce choix nous devons le respecter.

 

Nous refusons, par conséquent, les subterfuges, les faux-semblants, nous refusons ceux qui, pour se rattraper peut-être, pour donner l'idée qu’ils n'ont pas abandonné l'autonomie de Césaire, essaient de faire croire que les Martiniquais, en votant comme ils l'ont fait le 24 janvier, ont voté pour une troisième voie qui est en quelque sorte une voie qui va permettre de faire surgir l'autonomie du droit commun.

 

Ceci a contribué à tromper des militants autonomistes qui attendent toujours la troisième voie comme d'autres attendent le Messie… Et, par conséquent, le responsable de la création de cette idée de troisième voie est bien obligé de montrer qu'il n'a pas changé sur ce point.

 

Il continue donc à réclamer cette troisième voie en prétendant que la réunion du département et de la région, par une sorte de réaction chimique, va donner une collectivité sui generis que, comme vous le savez, j'ai qualifiée d'objet institutionnel non identifié…

 

Cela dit, nous devons - y compris sur les points où le président de la République a été en accord avec nos positions – rester vigilants, car rien n’est joué. (…)  

 

A travers ces informations que je devais donner aux militants, Vous avez compris que le président du néo PPM s'est déjà lancé dans la bataille des cantonales qui représentent pour lui un enjeu capital. Ceux qui l'ont vu et entendu sur Zouk Télévision vendredi soir auront pu prendre la mesure de ce qui nous attend sur le terrain.

 

Il a, en effet, enlevé, par moments, le masque de l'homme politique affable et avenant, porté à l'ouverture et au dialogue, et qui séduit tant de gens qui se fient aux apparences. Il a aussi enlevé l'autre masque qu'il affectionne beaucoup : celui de la victime d'attaques personnelles. Vous avez remarqué que dès qu'on n'est pas d'accord avec lui, il se dit victime d'attaques personnelles. On doit accepter ce qu’il dit et ce qu’il pense. On doit s’incliner devant lui.

 

En enlevant ces deux masques là, il a clairement affiché celui du masque de guerre, à l'expression dure et au regard haineux. Ceux qui ont vu son regard durant cette émission auront compris qui est porteur de la haine qu'il prétend dénoncer.

 

En tout cas, il a donné le ton de la campagne qu'il entend mener et je demande à nos militants de faire très attention parce que nous avons déjà connu quelque chose de ce genre en 2008.

 

Nous continuerons, nous, à tout faire pour élever le débat, à tout faire pour éduquer le pays et l'action publique. Nous allons tout faire pour garder une attitude responsable et une attitude constructive.

 

Et j'ajoute, Mes Chers Amis, que nous serons toujours prêts à accepter une main tendue si le geste est sincère et je veux rappeler que, souvent, nous avons tendu la main, mais en vain. Cela dit, nous saurons rendre coup pour coup, parce que c’est la démocratie que nous avons conscience de défendre.

 

Mes chers camarades, nous voici arrivés au terme de notre réunion, une réunion qui s'est déroulée dans une ambiance militante, solidaire et fraternelle.

 

Ce que je souhaite, c’est que nous sortions tous ici en ayant pris conscience de la force que nous représentons lorsque nous sommes unis bien entendu.

 

La force que nous représentons lorsque nous savons nous rassembler.

 

Soyons donc les partisans les plus convaincus du rassemblement le plus large au service du peuple martiniquais.

 

Rassemblement à promouvoir à l’intérieur de notre Parti comme le disait notre camarade Madeleine au début, mais aussi rassemblement à promouvoir autour de nous.

 

Le RDM se veut le fondement du rassemblement de tous ceux qui veulent travailler ensemble dans l'intérêt de la Martinique et dans le respect mutuel.

 

Alors, au travail camarades, au travail dans nos sections qu'il nous faut continuer à multiplier partout, qu’il nous faut mieux structurer encore et mieux animer encore.

 

Camarades, au travail dans nos communes et nos quartiers, car il nous faut informer nos concitoyens surtout là où vont se dérouler les prochaines cantonales.

 

Je vous ai dit à quoi vous attendre, à vous de vous y préparez.

Au travail donc avec la conviction que le peuple martiniquais attend beaucoup de nous et que nous lui devons par conséquent beaucoup.

 

Nous sommes en mesure d'assumer les responsabilités que cela fait peser sur nos épaules. Il suffit pour cela que nous restions unis et que nous restions mobilisés comme nous l'avons toujours été jusqu’ici et comme nous le sommes aujourd’hui.

 

Alors, je souhaite à chacune et à chacun de se préparer avec le plus de pugnacité possible à la campagne des cantonales de mars prochain et, d'une façon plus générale, je vous souhaite à toutes et à touts une belle année militante, une année militante comme d'habitude au service de la Martinique et que vive le RDM !