SARKOZY tente de se rattraper
Silence, valse d'hésitations, retard à l'allumage, Nicolas Sarkozy vient de se prononcer sur le dossier brûlant de la Guadeloupe. Après avoir joué la carte du pourrissement et maintenu en poste le très peu crédible Yves Jégo, Sarkozy vient de convier les élus à une réunion Jeudi à l'Elysée.
Mais son appel sera-t-il entendu au moment même où la colère de la rue monte de plus en plus ?
Silencieux lors de sa conférence de presse du 25 janvier sur "le pouvoir d'achat", Nicolas Sarkozy avait carrément oublié la Guadeloupe alors même que la principale revendication de la population et du LKP concerne "la vie chère". Un oubli interprété comme une ignorance de l'Outre-Mer pour certains voire même comme un mépris pour d'autres.
Résultat des courses, la Guadeloupe est dans l'impasse la plus complète. on assiste à une dégradation du climat social tant en Gwada qu'en Martinique. Après un regain de tension d'aujourd'hui, Sakosy propose aux élus une réunion à l'Elysée programmée pour Jeudi.
Paris, AFP. Il s'agit de la première intervention personnelle du chef de l'Etat dans le dossier, tandis que le Premier ministre François Fillon assurait que de nouvelles propositions seraient mises sur la table pour renouer le dialogue.
Nicolas Sarkozy avait annoncé le 13 février dernier la création d'un comité interministériel sur la crise dans les départements d'Outre-mer.
Lundi, le gouvernement a manié le dialogue et la fermeté en réponse aux barrages routiers érigés dès l'aube en Guadeloupe par des grévistes bloquant les principaux axes ainsi que les accès à certains centres économiques et commerciaux de l'île.
Parallèlement, les forces de l'ordre sont intervenues au Gosier, près de Pointe-à-Pitre, et y ont interpellé une trentaine de manifestants, selon des sources syndicales.
Un leader syndical, Alex Lollia, a été blessé et hospitalisé. Dans une interview à RFO télévision, il a affirmé s'être fait traiter de "sale nègre."
Victor Lurel, le président socialiste du Conseil régional de Guadeloupe, a appelé au calme face aux "dérapages qui se multiplient", invitant les grévistes à la modération et le gouvernement à cesser la répression.
"La matraque ne remplacera jamais la table des négociations", déclare-t-il dans un communiqué.
"Le reniement du gouvernement et de l'Etat qui a entraîné la Guadeloupe dans cette situation d'impasse a généré une colère et une exaspération auxquelles le gouvernement doit répondre dans les plus brefs délais. Et en aucun cas par une attitude de répression", ajoute-t-il.
Dénonçant "l'escalade de la violence que vient de franchir le gouvernement", le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot a annoncé qu'il se rendrait à la fin de la semaine aux Antilles.
L'appel à l'assouplissement du mouvement émis par les autorités locales n'a pas eu d'écho pour le moment auprès du collectif contre la vie chère et les surprofits (LKP) au 28e jour d'un conflit qui s'est partiellement étendu ces derniers jours à la Martinique, à la Guyane et à l'île de la Réunion.
"Viendra un jour où les Guadeloupéens en auront marre de marcher", avait prévenu dimanche le porte-parole du collectif, Elie Domota, qui s'était toutefois voulu rassurant.
Selon le LKP, la production locale suffit à nourrir la population, les soins médicaux sont assurés, les pompiers ont du carburant et des méthodes éducatives interactives ont été mises en ligne pour les enfants de l'île.
"CA SUFFIT"
Des barrages faits de palettes, de pneus usagés, de poubelles et de carcasses de véhicules bloquent notamment la zone économique du Gosier ou la zone commerciale et industrielle de Petit-Pérou, située en agglomération pointoise.
Aux premiers jours du conflit, à la mi-janvier, le blocage des routes avait déjà été pratiqué par le biais de barrages mobiles et d'opérations escargot, rapidement dissous à certains endroits par les forces de l'ordre, déjà en faction lundi matin.
Se plaçant désormais en position d'arbitre, l'Etat demande au patronat guadeloupéen de faire des efforts supplémentaires pour renouer les discussions, qui avaient tourné court.
Mais en réponse, Willy Angèle, le président du patronat local a lancé un cri d'alarme et demandé l'élaboration d'un plan de soutien de l'économie pour le département.
En marge d'un déplacement dans le Pas-de-Calais, François Fillon a indiqué que les médiateurs envoyés en Guadeloupe allaient faire "dans les prochaines heures" des propositions qui peuvent "servir de base à une vraie négociation".
Il a en même temps justifié l'intervention des forces de l'ordre sur les barrages.
"En même temps que nous encourageons le dialogue, nous sommes aussi en train de faire en sorte que la liberté de circulation soit respectée", a-t-il dit.
Le Medef-Guadeloupe a mis en garde contre les conséquences du blocage, et estimé qu'entre 8.000 et 12.000 emplois, sur 79.000, pourraient être détruits dans le secteur privé.