MEDIATOR : PLUS DE 500 MORTS - LES PATIENTS DIABETIQUES DOIVENT CONSULTER LEUR MEDECIN TRAITANT

Qu'en est-il aux Antilles ?

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Les autorités sanitaires recommandent aux patients ayant pris ce médicament pendant au moins trois mois de consulter leur médecin traitant. Qu'en est-il aux Antilles où le diabète sévit chez bon nombre de nos concitoyens ?

 

Entre 1976 et 2009, plus de 500 patients seraient morts en France d'avoir pris du Mediator. Et plus de 3500 auraient été hospitalisées pour des lésions des valves cardiaques. Ces chiffres sont issus d'une nouvelle analyse que Le Figaro s'est procurée et dont les résultats ont été présentés ce lundi après-midi lors d'une réunion extraordinaire de pharmacovigilance à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Ce document insiste sur le fait que cette estimation de mortalité est «a minima». Il confirme et précise les informations du Figaro du 14 octobre tobre dernier. Mais des formes bénignes auraient également concerné des dizaines de milliers de patients.

Dans ce contexte, l'Afssaps a recommandé mardi aux patients ayant pris du Mediator pendant au moins trois mois entre 2006 et 2009 de consulter leur médecin traitant. Il s'agit de vérifier si les patients montrent un «symptôme ou signe évocateur d'une atteinte valvulaire», précise l'Afssaps.

Le Mediator des laboratoires Servier (deuxième groupe pharmaceutique français après Sanofi-Aventis) était à l'origine réservé aux diabétiques en surcharge pondérale ou présentant une hypertriglycéridémie puis prescrit aux personnes désireuses de perdre du poids.

Effets secondaires 

L'Afssaps note également dans cette analyse que le Mediator (dont le principe actif est le benfluorex) serait responsable de 1750 interventions en chirurgie cardiaque. Mais «cette estimation ne prend pas en compte la surmortalité des cas de valvulopathies plus modérées causées par le benfluorex (et qui n'ont donc pas été hospitalisés, NDLR)», relève encore cette analyse. Or ces atteintes valvulaires sont très fréquentes d'après une étude récente réalisée par le laboratoire Servier lui-même.

Mediator a été mis sur le marché en 1976 et retiré du marché en novembre 2009 en raison justement d'effets secondaires sur les valves cardiaques mis en évidence par un travail du CHU de Brest*, puis confirmé par la Cnam. Durant toute cette période, plus de 145 millions de boîtes ont été vendues en France (sans compter les prescriptions hospitalières).

 

Cet été, l'Afssaps avait demandé une enquête à la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam) sur la mortalité attribuable à ce médicament dans un contexte de judiciarisation, plusieurs malades ayant porté plainte contre le laboratoire Servier du fait de complications cardiaques.

 

L'Agence du médicament a aussi été vivement critiquée pour avoir tardé à retirer cette molécule du marché: trente-trois ans après sa commercialisation et dix ans après la première déclaration de pharmacovigilance en France. Pour réaliser cette enquête, la Cnam avait alors passé à la loupe le devenir médical de 303.000 patients (83 000 hommes et 220.000 femmes avec une moyenne d'âge de 53 ans) ayant pris du Mediator depuis 2006. Elle n'avait pas pu remonter plus dans le temps car les données médicales ne sont pas conservées dans ses ordinateurs plus de trois ans. L'objectif était d'évaluer le nombre d'hospitalisations et de morts potentiellement attribuables à ce médicament. Conclusion: 64 décès avec une mortalité des patients hospitalisés de l'ordre de 1%. C'est l'analyse par l'Afssaps de cette enquête qui conduit aujourd'hui à ces taux de décès, de chirurgie et d'hospitalisation. Selon d'autres travaux de la Cnam, le risque de complications graves liées à ce produit serait de l'ordre de 0,5 cas pour 1000 personnes exposées. Celles-ci surviendraient pour des traitements d'au moins quelques mois.

 

Dès 2000, la revue scientifique américaine Circulation publiait un article détaillant les effets néfastes de la norfenfluramine (le métabolite du Mediator) sur les valves cardiaques, alerte reprise en 2007 par le prestigieux New England Journal of Medicine. D'autres articles scientifiques suivront notamment dans Plos One. Or le Mediator n'est pas un produit inconnu puisqu'il s'agit d'un dérivé des amphétamines, chimiquement proche d'un autre médicament de Servier, l'Isoméride, retiré lui de la vente en 1997. Le laboratoire ne pouvait donc pas ignorer que l'Isoméride et le Mediator ont le même métabolite toxique.

 

Quand le Mediator a été retiré du marché en novembre dernier, 300.000 personnes étaient sous traitement en France. Chaque année, sept millions de boîtes étaient vendues dans notre pays. Outre la France, le Portugal et Chypre ont été les derniers pays à interdire ce médicament.

 

* « Mediator 150 mg, sous-titre censuré» (Éditions Dialogues) par le Dr Irène Frachon.