80% DES DOSSIERS D'INDEMNISATION REJETÉS
ACTUALISÉ C'est ce qu'affirme le président de l'Association des victimes de ce médicament des laboratoires Servier, qui aurait causé plusieurs milliers de morts.
Environ 80% des dossiers d’indemnisation de victimes présumées du Mediator examinés jusqu'à présent par les experts mandatés par le ministère de la Santé ont été jugés irrecevables, a indiqué mercredi le président de l’Association des victimes du Médiator (Avim), confirmant des informations du Parisien.
Selon le Dr Dominique-Michel Courtois, sur les quelque 500 dossiers présentés par son association et examinés par le collège des experts de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), quelque 80% avaient été rejetés. 7 500 dossiers ont été présentés au total et 830 examinés jusqu'à présent, selon l’Omniam.
Pour sa part, le directeur de l’Oniam Erik Rance a indiqué que 830 dossiers avaient été examinés sur les 7 500 présentés par les victimes. Mais il s’est refusé à confirmer les pourcentages de rejet. Le quotidien le Parisien, qui ne précise pas ses sources, affirme pour sa part que 86% des 830 dossiers ont été déclarés irrecevables. «Il est trop tôt pour tirer des conclusions, le nombre de cas examinés n’est pas significatif», a dit Erik Rance.
«Je comprends l’impatience des victimes (...) mais la procédure a été bâtie afin que chaque dossier soit examiné individuellement. C’est donc une procédure très longue pour établir les liens de causalité» (entre la prise du Mediator et la maladie), a-t-il ajouté.
Selon le Dr Courtois, les dossiers ont été rejetés parce que les experts «contestent le lien de causalité certain entre la prise du Mediator et la pathologie valvulaire». Pour rejeter les demandes, les experts ont ainsi mis en avant l'âge avancé du malade, ou encore le fait qu’il avait pris des anti-migraineux susceptibles d’entraîner des problèmes cardiaques, précise-t-il.
«Frilosité»
La pneumologue Irène Frachon, qui a dénoncé la première les dangers du Mediator, a déploré la «frilosité des experts». Les refus d'indemnisation concernent principalement des petites fuites cardiaques que les experts refusent d’attribuer au Mediator, en ne retenant que les valvulopathies graves «qui sont rares» et «ne concernent que quelques centaines de dossiers», a-t-elle ajouté.
«Le problème d’expertise est le reflet des difficultés inhérentes à la législation, qui réclame un lien de causalité direct et certain», explique le Dr Irène Frachon. «On ne peut pas prouver à 100% mais il faut que le doute bénéficie à la victime, alors qu’il bénéficie à Servier», le laboratoire qui a produit le Mediator, dit-elle. «Les experts expliquent que les malades ne vont pas mourir des petits valvulopathies, mais il ne faut pas oublier le préjudice d’angoisse», ajoute-t-elle.
De son côté, la ministre de la Santé Marisol Touraine s’est dite mercredi «très attentive à ce que les victimes» du Mediator «puissent être indemnisées correctement», soulignant que le laboratoire Servier «devra assumer ses responsabilités» sur ce point. «C’est le laboratoire qui est en première ligne, c’est le laboratoire qui est responsable et c’est le laboratoire qui à la fin du processus devra assumer ses responsabilités», a-t-elle ajouté.
«Ne nous trompons pas de cible et d’enjeu le médiator a été mal utilisé, mal commercialisé il y a eu des mensonges et c’est le laboratoire qui, est en première ligne, c’est le laboratoire qui est responsable et c’est le laboratoire qui à la fin du processus devra assumer ses responsabilités», a-t-elle encore dit.
Le Mediator, un médicament des laboratoires Servier destiné aux diabétiques en surpoids, a été largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1976 à 2009. Il est soupçonné d’avoir provoqué la mort d’au moins 500 personnes en 30 ans, voire 1 320 à 2 000 selon d’autres estimations. Il a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients.
SOURCE : AFP