MEETING RMC Lamentin - Discours de Claude Lise

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Man pè diab !


 
Merci Chers Amis, Chers Camarades, quel meeting !


 
A vous voir si nombreux, à vous voir si enthousiastes, à vous voir si déterminés et surtout à voir la combativité de nos jeunes que nous avons entendus au début de ce meeting, je vous dis que je suis de plus en plus convaincu que ceux qui – comme on dit - ont déjà commencé à vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ont bien du souci à se faire.


 

Ils peuvent toujours se reposer sur les sondages, on leursouhaite bon repos.
Mais, pour ma part, je veux vous dire que, tout à l’heure, jevais quitter ce meeting - que je considère comme un meeting historique -renforcé dans ma conviction que le 17 janvier les électeurs vont prendre unevéritable revanche sur les sondeurs.
 
Que le 17 janvier, ce sera la défaite des sondeurs et, surtout, Camarades, ce sera la défaite des payeurs des sondeurs ! (Applaudissements)
 
Il suffit de se rappeler ce qui s’est passé aux municipales et aux cantonales de l’année dernière. Zot ka chonjé sa ! Sa yo té di pou Sen-Jozef, té ni yonn ki té ja genyen ! Eben, Ta-a ki té pou genyen an, sé liki ped ! i pa ped selman, i pran pli bel plich i pa té jenmen pran an lavi’y !(Applaudissements)
Sa yo té ka di pou Wobè, sa yo té ka di pou Sen-Piè… Enben, manka di ki pies kalté model sondaj pa pou vèglé nou !…
 
Alors, c’est vrai, Camarades, et cela a été dit avant moi, c’est vrai que depuis des semaines et des semaines, les adversaires de tout changement statutaire pour notre Martinique ont donné le sentiment qu’ilsoccupaient tout l’espace public. On ne voyait qu’eux, on n’entendait qu’eux,leurs propos les plus invraisemblables étaient complaisamment répercutés.
 
Et ils en ont profité pour diffuser ce virus qu’ils ont apprisdepuis longtemps à cultiver, qu’ils ont appris à maîtriser. Ils peuvent avoirle prix Nobel pour cela à l’heure actuelle (Applaudissements), tellement ilsont rendu ce virus le plus virulent et le plus contagieux possible, car ilssavent à quel point, depuis la nuit des temps, la peur, qui est l’émotionhumaine la mieux partagée, a pu être utilisée pour agir insidieusement surl’inconscient des peuples.
 
Les colonialistes s’en sont évidemment toujours beaucoup servis et c’est ce qu’évoque Aimé Césaire dans le Cahier lorsqu’il parle de « la peurtapie dans les ravins, de peur juchée dans les arbres, de peur creusée dans lesol, de peur en dérive dans le ciel ». Et vous connaissez le poème de GilbertGratiant « Man pè : man pè diab, man pè zonbi, man pè mas, man pè tonnè, man pèzéklè … » ; et la liste continue, elle est longue.
 
Aujourd’hui, il ajouterait, man pè 74, man pè 73, man anko plipè 72, pasé 73 épi 74. Man pè tout artik ki ni an liméwo adan lakonstitision.
Pas, sé liméwo-a man pè ! (Applaudissements)
 
Oui, Mes Chers Amis, je dis à ceux qui jouent avec çà, tout enprétendant qu’un jour viendra, où ils nous proposerons une évolution

institutionnelle beaucoup plus audacieuse : n’ont-ils pas peur de se heurter,lorsqu’ils voudront nous présenter quelque chose, à un mur de peur qu’ilsauront, en fait, eux-mêmes construit. (Applaudissements)
 
Et je crois qu’ils devraient vraiment beaucoup mieux réfléchir.
 
Alors, c’est vrai qu’on les a entendus beaucoup s’agiter et que certains commençaient à se demander si, nous, les partisans du changement,nous, les partisans du mouvement, les partisans du vrai progrès, nous n’étionspas anba fey.
 
Eh bien je crois que la réponse, ils l’ont eue aujourd’hui avecce magnifique meeting qui a montré que nou té pétèt anba fey, mé nou paté séréan ba fey ! nou téka twavay anba fey, nou té ka twavay pou poté enfowmasion bapep-la, pou ba’y zam pou goumen kont tout kalté entoksikasion, nou té ka twavaypou sanblé fos nou, é man ka pansé nou pé kontan wè sa nou rivé fè a, an modelrasanblèman ki pétet pa té jenmen fet pies tan adan listwa péyi nou !
 
Ni dé pwofesè istwa ki la epi nou, man ka vréyé bonjou ba yo !Man ka vréyé en bel bonjou ba misié Armand Nicolas, an gwan konbatan, man kamandé zot aplodi’y ! … (Applaudissements)
I ka fè nou lonnè la épi nou. Man ka pansé nou pa jenmen fè anrasanblèman kon sa pou fè péyi-a vansé ! …
Lè man ka wè tousa owganizasion politik, tousa mouvman sitwayen,tousa moun, ki endépendantis ki otonomis, mété ko yo ansanm-ansanm pou défannlentéré peyi-a, man ka di kô mwen nou pétèt pa té menm ni lidé bagay tala té péfèt an jou !
 
Ce que nous avons réalisé, et qui s’est concrétisé par la constitution du Rassemblement Martiniquais pour le Changement, revêt une importance considérable et cela est entrain de changer la donne politique enMartinique. Parce que c’est ce que le peuple martiniquais attendait depuislongtemps et, pour ma part, en tant que Secrétaire général du RDM, je mefélicite que mes camarades, mes amis du RDM, ont pris la part qu’ils ont prisedans la constitution de ce rassemblement à coté des autres partis etorganisations ici présentes.
 
Nos concitoyens savent bien qu’il y a des différences entre nous, ils savent bien qu’il y a des enracinements idéologiques différents, maisje crois qu’ils perçoivent quelques fois mieux que beaucoup de responsablespolitiques ce que ces responsables politiques ont, en réalité, en commun, etqui leur impose de travailler ensemble pour défendre les intérêts supérieurs dela Martinique.
 
Défendre les intérêts supérieurs de la Martinique, c’est ce quiforme le ciment de notre rassemblement, et c’est sur ce socle solide que nousdevons et que nous allons bâtir notre victoire, car elle est là notre victoireet vous l’avez bien compris, elle est à portée de main. Une victoire dont notrepeuple a plus que jamais besoin quand on voit la situation catastrophique danslaquelle se trouve la Martinique.
 
Alors je ne vais pas m’attarder à vous la décrire, d‘autresl’ont déjà fait, mais je dis que, face à une telle situation, où on voit lechômage augmenter, où on voit l’exclusion s’étendre - plus de 20% de notrepopulation en-dessous du seuil de pauvreté -, lorsque l’on voit une tellesituation, il ne suffit pas de dire que l’on est pour le changement ; il nesuffit pas de défiler pour réclamer que les choses changent, il faut créer lesconditions d’un vrai changement. Et on ne peut dire « Péyi-a sé ta nou » épi,an menm balan-an, kité laklé péyi-a ba dot moun ! Sa pé pa fet !(Applaudissements)
 
En réalité, deux possibilités s’offrent à nous. Soit nouschoisissons de nous en remettre au bon vouloir de ceux qui nous gouvernent et,alors, dans ce cas, nous allons attendre après les Etats généraux, après lesrapports issus de toutes les grands messes que vous savez - y compris lesmesses basses parce qu’il y a aussi des messes basses, de temps en temps, àParis, ici et ailleurs -… On va attendre les fameux rapports, on va attendrequ’un train de mesures gouvernementales – un TGV sans doute !- passe… On a vujusqu’ici ce que cela a donné.
 
Si on prend uniquement l’exemple de la fameuse loi LODEOM, voussavez, celle dont on nous avait dit qu’elle développerait l’excellence martiniquaise… Eh bien, 5 mois après sa promulgation, après d’ailleurs unelongue gestation, nous n’avons toujours pas vu la plupart des décretsd’application, et vous savez les conséquences que cela entraîne pour le mondeéconomique martiniquais.
 
Lorsque vous voyez donc comment le Gouvernement traîne àappliquer ce que lui-même a annoncé, ce que lui-même a fabriqué, comment pouvez-vous imaginer que nous ayons beaucoup à attendre de ce qui va sortir detous ces Etats généraux et de tous ces rapports qui se multiplient et quis’accumulent ?
 
Lorsque je vois le montant des crédits inscrits dans le projetde budget pour l’Outre-mer (je pars cet après-midi d’ailleurs pour aller discuter de cela en commission demain ; Alfred va avoir à s’en occuperprochainement à l’Assemblée nationale), eh bien, Mes Chers Amis, je ne voisvraiment pas la marge de manoeuvre qui va permettre au Gouvernement de financerla moindre des mesures évoquées lors de ces Etats généraux.
 
Mes Chers Amis, ou bien nous attendons tranquillement, une foisde plus, ce qui va être fait pour nous, ou bien nous décidons d’ouvrir la voieà un changement dans le type de rapport que nous entretenons avec l’Etatfrançais, et cela de telle sorte que nous puissions mieux prendre en compte lesréalités de la Martinique et conduire des politiques de façon beaucoup plusefficace.
 
Dans ce cas, nous devons faire en sorte que les propositionsadoptées très majoritairement par les élus réunis en Congrès les 18 décembre 2008 et 18 juin 2009 aboutissent : une collectivité territoriale unique régiepar l’article 74 et bénéficiant de ce fait d’un régime législatif qui permet,dans un certain nombre de domaines, de pouvoir localement procéder àl’adaptation de certains dispositifs législatifs et réglementaires.
 
Et on en a besoin ! Cela a été évoqué tout à l’heure. Un exemple: il n’y a pas longtemps, j’ai fait une intervention au Parlement sur le problème des ravines. On m’a expliqué qu’on ne savait pas ce que c’était. On adonc renvoyé cela en commission : pour eux, une ravine c’est un petit ravin…Vous voyez qu’on peut toujours attendre que l’Etat français s’en occupe !
 
Il y a un camarade qui parlait tout à l’heure des pesticides. Ehbien, j’ai déposé un amendement pour demander que les collectivités territoriales, surtout les principales, soient destinataires de tous lesdocuments et de toutes les études qui sortent sur ces problèmes là. Vous savezce qui a été répondu en commission ? Que nous, les collectivités, nous sommesdéjà trop encombrés de papiers et que ce n’était pas la peine d’en rajouter. Jevous jure que cela a été dit, ce qui peut être vérifié dans le procès verbal decommission.
 
Donc il nous faut avoir la possibilité localement d’adapter uncertain nombre de dispositifs législatifs et réglementaires et ensuite disposer, dans un certain nombre de domaines, d’outils réglementaires, je lesappelle des outils réglementaires, pour nous permettre quoi ? Pour nouspermettre d’être plus efficaces dans les politiques que nous menons. Et plusefficaces pourquoi ? Eh bien, pour répondre à ce que la population nousdemande. Les domaines dans lesquels le Congrès a fait des propositions, ce sontles domaines pour lesquels nos compatriotes nous demandent tous les jours defaire beaucoup plus et de faire mieux.
 
Souvent on s’imagine que nous avons tous les pouvoirs, qu’ils’agisse du transport, du logement, de l’aménagement du territoire, de l’environnement, du littoral, j’en passe et des meilleurs, et bien c’estprécisément pour tout cela que nous avons besoin de cet outil ; et cet outil ils’appelle l’article 74 !
 
Mes Chers Amis, le président de la République a trouvé que nosdemandes étaient parfaitement recevables, il n’a pas considéré que nous neconnaissions pas les textes, que nous étions très faibles en matière de droitconstitutionnel (c’est ce que certains donneurs de leçons disent), et, malgréles pressions dont il a été l’objet, le président a accepté de consulter lesélectrices et les électeurs Martiniquais sur la proposition fondamentale duCongrès, celle-là même que je viens d’évoquer, celle d’ériger ici unecollectivité territoriale unique relevant du régime de l’article 74.
 
C’est cette question, et elle seule, qui sera posée le 17janvier. C’est un point sur lequel Alfred Marie Jeanne et moi-même, nous avionsdécidé de ne faire aucune concession. Et nous n’avons fait aucune concession !(Applaudissements)
 
De même que nous n’avons fait aucune concession sur le fait deprécipiter la consultation, puisque vous savez que les choses étaient prévuespour début décembre, ce qui aurait constitué une catastrophe sur le plandémocratique ; tout était déjà bouclé et avec deux questions le même jour pourmieux embrouiller la tête des électrices et des électeurs. Eh bien, nous avonsobtenu que la consultation se fasse de manière plus claire et dans desconditions plus démocratiques.
 
Le président a, par ailleurs, décidé de prévoir ce que j’aiappelé, à plusieurs occasions, une cession de rattrapage dans le cas où le OUIne l’emporterait pas le 17. Certains interprètent cela à leur façon et à leuravantage, mais, pour ma part, j’y vois au contraire la preuve que le Présidentde la République est convaincu de la nocivité du statu quo (applaudissements),un statu quo qui d’ailleurs, il faut que vous le sachiez, va évoluer. Parceque, pendant que certains défendent le statu quo becs et ongles ici, le statuquo est en évolution dans l’Hexagone. C’est cela le plus invraisemblable !
 
Si nous n’y prenons garde, le nouveau statu quo qui va sortiraprès le rapport Balladur va renforcer le pouvoir des intercommunalités (jen’ai rien contre les intercommunalités, au contraire) en leur conférant cequ’on appelle la clause de compétence générale (ce qui veut dire qu’ellespourront mener toutes les politiques qu’elles veulent) tout en retirant cettepossibilité à la Région et au Département, y compris à une Collectivité uniqueformée de la fusion de la Région et du Département .
 
Cela veut dire, Chers Amis, que la Martinique sera divisée entrois parties avec trois présidents, qui pourront faire trois politiques, et puis il y aura en plus une ou deux assemblées qui ne seront, en réalité, quedes tiroirs-caisses. C’est cela le futur statu quo !
 
Le Président lui même, je parle sous le contrôle d’Alfred, nousa dit que ce serait invraisemblable. Et c’est plus mauvais pour nous que pourles autres car nous sommes les seuls divisés en trois intercommunalités quicouvrent tout le pays. Donc il faut que nous réfléchissions à cela.
 
Par ailleurs, il n’est pas inutile de rappeler à ceux qui sefont déjà les champions de ce sur quoi les électeurs seraient éventuellement consultés le 24 janvier dans la fameuse session de rattrapage, que c’estprécisément ce qu’ils avaient rejeté lors de la consultation de 2003(Applaudissements)…. Ce qu’ils avaient présenté à l’époque comme unépouvantail, et qui aujourd’hui apparemment n’est plus dangereux. Le fameux sacest un sac qui n’a plus de chat, ou qui ne renferme plus un chat dangereux.Cela dit, il faut peut-être saluer cette évolution dans leur esprit, ce qui atout de même mis 6 ans !
 
6 ans ont passé, mais pendant ces 6 ans, Camarades, nous avonspu mesurer les limites des possibilités offertes dans le régime actuel, celuide l’article 73.
 
Je n’ai pas eu beaucoup de mal sur ce plan, puisque si vousrelisez mes interventions lorsque l’on a débattu de la réforme constitutionnelle, je disais déjà que ces pouvoirs étaient des pouvoirsvirtuels. Mais là, nous en avons eu la preuve.
Vous avez vu que, rien que pour la question du transport, il afallu 2 ans, 2 ans et encore des complications.
 
En tout cas, notre conviction à nous, c’est que l’intérêt desMartiniquais, c’est d’opter pour la proposition faite par le récent Congrès ;une proposition dont le président de la République précise, dans le Communiquédu 7 octobre dernier qui a suivi l’entretien qu’il a eu avec nous, je le cite :« C’est le régime qui permet aux collectivités concernées d’avoir un statutparticulier tenant compte de leurs intérêts propres dans la République et dedisposer d’une large autonomie normative ».
 
Le président souligne par ailleurs, toujours dans ce mêmecommuniqué, que « Quel que soit le choix qui sera fait, le territoire restera dans la République » et il précise encore, je le cite : « La question posée estbien celle du juste degré d’autonomie et de responsabilité ».
 
Ce qui veut dire qu’il y a un curseur que l’on peut déplacer,cela prouve qu’il y a une négociation possible ; il dit « la question posée est bien celle du juste degré d’autonomie et de responsabilité et en aucun cascelle de l’indépendance ».
Et pourtant ses propres amis ici voient qu’il y a là une ouverturedéjà sur l’indépendance.
 
Les choses sont exprimées là dans le communiqué du président dela République de façon particulièrement claire et cela normalement aurait dûsuffire à vaincre la mauvaise foi de ceux qui continuent à prétendre que le passagesous le régime de l’article 74 est une porte ouverture sur l’aventure. C’est cequ’ils vous disent, sur l’aventure. (Applaudissements)
 
Non, c’est le 73 qui ouvre la porte à Laventure. Je crois qu’auregard de ce que le président de la République a lui même écrit, la mauvaise foi de certains est encore plus évidente. La mauvaise foi de ceux qui, tout enprétendant que ce que nous proposons ouvre la porte sur cette fameuse aventure,se disent partisans d’un vrai statut d’autonomie, un statut d’autonomie pourlequel ils comptent obtenir l’inscription dans la constitution d’un statutspécial pour la Martinique.
 
Je vous assure - et cela me peine de vous dire cela -, maischaque fois que j’en discute avec des interlocuteurs, des amis qui sont des constitutionnalistes (comme le professeur Carcassonne et d’autres), chaque foisque je discute de cela avec des parlementaires de droite, de gauche, du centre,ce qui me fait de la peine, c’est qu’ils rient. Et je vous assure, cela me gèneparce que c’est quand même un martiniquais qui a trouvé le moyen d’imaginertout cela.
 
Ce qui est assez extraordinaire, c’est que celui qui prétend quecet article spécial va nous donner des pouvoirs considérables prétend, en mêmetemps, mais qu’il va nous donner des garanties quant à l’égalité, écoutez bien,avec les citoyens français.
 
Comme si cette égalité n’était pas inscrite dans la Constitution(dans plusieurs articles et d’ailleurs dans le préambule de cette constitution). Il y a quand même un article qui vise l’Outre-mer dans laConstitution (on dit les populations d’ailleurs, mais cela, c’est une autreaffaire !) et qui dit que nous sommes entraînés dans un même mouvementd’égalité. Donc l’égalité est inscrite, et, d’ailleurs, si elle n’avait pas étéinscrite ce serait triste pour Césaire parce qu’il me semble qu’il disaitqu’après la libération de 1848, il y avait eu la conquête de l’égalité (jecrois que Zobda le rappelait tout à l’heure) et qu’on était entré dans uneautre étape qui est l’étape de la responsabilité.
 
Mais non, si j’ai bien compris, il y en a qui veulent revenir à1946.
 
Mesdames et Messieurs les professeurs d’histoire, il y a uneremontée dans le temps, nous sommes encore à la conquête de l’égalité. Probablement que la liberté vient à peine d’être donnée.
 
Et bien, vous avez reconnu les promoteurs de ce qu’on appelle latroisième voie, ce sont les responsables de ce qu’il faut bien appeler lenéo-PPM, ce sont les néo progressistes, et cette troisième voie, ils saventqu’elle est irréaliste.
 
Le Président du néo PPM sait que cette troisième voie estirréaliste et que c’est une chimère. Mais c’est d’ailleurs pour cela qu’il en renvoie l’aboutissement à plus tard. Parce qu’en réalité, ce qui l’intéresse,cela a été dit d’ailleurs, c’est de gagner du temps, dans une stratégie qui n’apas pour objectif une avancée de la Martinique sur la voie de la responsabilitémais son avancée personnelle sur la voie du pouvoir ! C’est çà la réalité !(applaudissements)
  
On est loin, Camarades, très loin des conceptions d’Aimé Césaireet je me dis que l’homme qui, il y a 53 ans, a lancé le fameux cri « l’heure denous-mêmes a sonné !» doit se retourner dans sa tombe en constatant que ceuxqui se réclament de lui, matin, midi et soir, n’ont toujours pas entendu leréveil sonner ! (applaudissements)
 
Et que, pire encore, il s‘étirent tranquillement dans le litmoelleux du statu quo, un lit qu’ils partagent désormais sans vergogne avec les assimilationnistes (applaudissements), avec les assimilationnistes qui ontconstamment combattu Aimé Césaire, qui l’ont combattu durement, qui l’ontcombattu avec une hargne que vous n’imaginez pas, en tout cas dont ceux de magénération et dont ceux qui ont milité auprès d’Aimé Césaire peuvent témoigner.Et je peux vous assurer que j’ai participé à des batailles qu’évidemment lesnéo-dirigeants du néo PPM actuel, n’ont jamais connues. Car on les a placéscomme çà (et je fais l’aveu que moi même j’y ai contribué). Même siaujourd’hui, d’après ce que j’ai cru comprendre, certains veulent jouerl’horloge biologique parce qu’ils trouvent qu’Alfred Marie-Jeanne et moi-mêmenous avons très mauvaise mine… (Rires).
Oui, Camarades, Aimé Césaire doit se retourner dans sa tombe,lui qui, au 3ème congrès du PPM, en août 1967, il y a 42 ans, affirmait avec force : « Nous préconisons dès maintenant l’institution d’une assembléedélibérante martiniquaise ». « Dès maintenant », c’était en août 1967.
 
Alors Césaire, s’il nous voit, s’il nous écoute, il saitdésormais qu’il était incroyablement imprudent et que surtout il lui manquait certainement du métier, il lui manquait certainement de l’expérience, tout cedont est pourvu celui qui, dans quelques années, se fait fort d’obtenir laréunion du Congrès de Versailles, vous vous rendez compte ! Et cela pour luitout seul, pour qu’on lui fasse un article sur mesure.
 
Eh bien, Chers Camarades et Amis, nos prétentions à nous sontbeaucoup plus modestes même si notre ambition n’en est pas moins grande. Nousrefusons de négliger la possibilité d’effectuer une réelle avancée sur la voiede la responsabilité martiniquaise sur le prétexte qu’elle ne permet pasd’aller assez loin. Nous acceptons de faire un pas, un pas réel et un pasaujourd’hui sur un fondement constitutionnel solide, plutôt que d’envisagerpour plus tard, on ne sait quand, un grand bond sur le vide, en tout cas sur levide constitutionnel !
 
Car nous sommes sûrs que la Martinique ne peut que gagner depasser d’un vêtement institutionnel trop étroit, trop serré, pratiquement étouffant, voire paralysant, à un vêtement plus ample, à un vêtement plussouple qui ne peut que faciliter le mouvement, la libération des énergies, lacréativité, l’audace, tout ce que les autres ont en parole mais que nous neretrouvons pas quand il s’agit passer à l’action.
 
Nous savons, Camarades, que nous, il nous faut nous battre pourcela et nous savons que nous n’avons pas beaucoup de temps, le temps ne jouepas en notre faveur.
 
Nous devons prendre conscience qu’un nouvel assimilationnismeest en marche, un assimilationnisme subtil, insidieux, dont il faut craindre l’effet dissolvant sur notre peuple. Notre peuple qui sera, si nous n’y prenonsgarde, entraîné peu à peu, à ne plus constituer qu’une sorte de minorité àl’intérieur d’une France qui se veut plurielle.
 
Ce qui veut dire que nous risquons de plus en plus de devenirune minorité parmi d’autres, « une minorité d’originaires de » … Nous serons les Français originaires des Antilles, comme il y a ceux originaires duMaghreb, ou d’Afrique, etc.
 
Nous avons le choix entre faire en sorte de demeurer un peupleou ne plus être qu’un ensemble, mais un ensemble fragmenté, (applaudissements),morcelé et qui ne sera plus amené à jouer que le jeu de la lutte entreminorités de l’Hexagone. (Applaudissements)
 
Est-ce que c’est cela l’avenir que certains ont prévu pour nous?
 
Mes Chers Camarades, je veux conclure. Notre combat est uncombat juste. Nous devons donc le mener avec conviction, nous devons le mener avec détermination, nous devons le mener dans l’unité ! C’est fondamental !(Applaudissements)
 
Cette unité que nous sommes parvenus à forger et qu’il nous fautencore renforcer tous les jours un peu plus. Cette unité que l’adversaire va chercher à ébranler, qu’il va chercher à fissurer et on l’a déjà vu à l’œuvre,il n’y a pas si longtemps (on n’a pas fini d’en voir !). Eh bien, il faut quenous fassions de cette unité là notre fer de lance pour mener la campagne àtravers toute la Martinique, pour mener une campagne qui doit être historiquecomme notre meeting aujourd’hui est historique.
Une campagne dans laquelle nous allons mobiliser toujours un peuplus, toujours de plus en plus, une campagne durant laquelle nous allons rassembler toujours plus et de plus en plus, une campagne qui doit faire que laMartinique ne rate pas ce rendez vous qu’elle a avec l’histoire !(Applaudissements) Nous en avons trop raté, des rendez-vous avec notre histoire! (Applaudissements)
 
Nous en avons raté au moment où nous sommes rentrés dans lemarché commun, où l’on nous avait donné 2 ans pour prendre des dispositions.Rien n’a été fait !
 
Nous avons raté le rendez-vous de 58 quand le Général de Gaullea modifié la Constitution. C’est là qu’on a introduit le premier article 73 !Nous avons raté le rendez-vous de la décentralisation avec le problème del’Assemblée unique et nous avons raté le rendez-vous de 2003.
 
Alors, il ne faut pas que nous rations ce rendez vous du 17janvier 2009 ! Eh bien, Camarades et Amis, la victoire est à notre portée. J’en suis profondément convaincu aujourd’hui surtout après ce que j’ai pu entendre,après ce que j’ai pu voir, après avoir senti battre le cœur de tous ceux quisont ici rassemblés, de toutes nos formations qui sont ainsi réunies.
 
 
 
Oui, la victoire est à notre portée et c’est avec cetteconviction, Camarades, que je m’engage devant vous, je m’engage en mon nom mais aussi au nom de tous les militants du RDM qui sont ici présents. Est-ce qu’ilssont là ?
 
Je m’engage en leur nom et je m’engage avec vous à tout faire pourque la bataille soit gagnée le 17 janvier.
 
Camarades et Amis, la victoire vers laquelle nous allons, ce nesera, à coup sûr, pas la victoire des uns ou la victoire des autres, de telle ou telle formation, de tel ou tel homme, de tel ou tel responsable politique,cette victoire-là, ce sera la victoire du peuple martiniquais !(Applaudissements)