La réunion de lundi avait pour but d'évaluer la mise en place de l'important dispositif humanitaire en cours en Haïti, et de poser les fondations d'un prochain sommet de chefs d'Etat et de gouvernement sur la reconstruction et les fonds nécessaires à celle-ci. La date et le lieu d'organisation de ce sommet devaient être annoncés lundi.

Si Haïti va avoir besoin "de plus et d'encore plus pour achever la tâche de reconstruction", Jean-Max Bellerive a appelé les pays réunis à mener "un travail en commun qui va commencer par le leadership haïtien", affirmant que son gouvernement avait une vision claire du processus à suivre.

"L'Etat haïtien est au travail. Dans des conditions précaires, certes, mais il est en mesure d'assurer le leadership que la population attend de lui dans les défis colossaux qui se dressent pour relancer le pays sur la voix du développement", a-t-il expliqué, préférant parler de "relance" que de reconstruction.

Une opinion partagée par Caroline Atkinson, directrice de la communication externe du Fonds monétaire international (FMI). "Je pense que la communauté internationale travaille pour soutenir le gouvernement haïtien, et que le gouvernement haïtien doit être à l'origine des décisions sur l'avenir de son pays", a-t-elle déclaré.

Alors que le Premier ministre canadien Stephen Harper évoquait "dix années de dur travail" pour redresser Haïti, son ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon a souligné l'importance de la coordination entre les différentes parties. Seul, l'argent ne suffira pas, a-t-il insisté. "La bonne volonté doit maintenant être canalisée en un effort délibéré fondé sur une planification solide et stratégique, et sur les priorités du gouvernement haïtien pour l'assistance, la reprise et la reconstruction", a-t-il estimé.

Le Premier ministre haïtien a ainsi expliqué que les participants à la conférence avaient établi six groupes de travail, chargés de traiter d'autant de sujets, parmi lesquels l'aide humanitaire, le logement ou la sécurité. Chacun de ces groupes sera dirigé par un ministre haïtien et une partie internationale.

Près de deux semaines après le séisme du 12 janvier, les ministres des Affaires étrangères d'une dizaine de pays, dont les Etats-Unis et la France, ainsi que les représentants de huit organismes internationaux (Nations unies, Banque mondiale, Fonds monétaire international), et des organisations non-gouvernementales étaient réunis pour une journée à Montréal.

La communauté internationale a promis de débloquer près d'un milliard de dollars (706 millions d'euros) pour Haïti, selon un décompte de l'Associated Press. Sur ce total, les 27 pays de l'UE se sont, eux, engagés à verser 430 millions d'euros (608 millions de dollars) destinés à de l'aide humanitaire et à la reconstruction à moyen terme, selon Bruxelles.

Plaidant elles aussi pour un rôle central du gouvernement haïtien dans la reconstruction, les ONG invitées ont également souligné la nécessité de décentraliser les services d'aide humanitaire, afin de pouvoir atteindre les communautés situées à l'extérieur de Port-au-Prince.

Selon Paul Conneally, porte-parole de la Croix-Rouge internationale, la conférence de Montréal doit notamment déboucher sur des décisions en matière de planification urbaine. "Cela va prendre au minimum une génération pour reconstruire Port-au-Prince. Les Haïtiens comprennent cela", a-t-il déclaré depuis Genève. Dans un premier temps, des équipements lourds sont nécessaires pour abattre les immeubles endommagés, qui menacent de s'effondrer à chaque réplique, a-t-il expliqué. 

Associated Press