Au lendemain du match perdu contre le Mexique, après les insultes et les palinodies pathétiques des joueurs, des entraineurs et des dirigeants français, on a eu droit aux simagrées de la classe politique, expliquant que, malgré tout, il fallait espérer en la victoire des Bleus, et que, d'ailleurs, il leur restait une petite chance.
Une petite chance de quoi? De voir ces médiocres, arrivés en Afrique du Sud grâce à un acte d'anti-jeu, restés en s'insultant les uns les autres, passer un peu plus de temps dans les palaces locaux aux frais de la Fédération?
Pas question: je souhaite leur défaite le mardi 22 juin contre l'Afrique du sud. Cette défaite aurait trois avantages.
D'abord, elle nous débarrasserait de tous ces médiocres, (joueurs, entraineurs, et dirigeants), qui, ayant construit une équipe indigne de porter le maillot bleu, devraient avoir ensuite la décence de démissionner sans attendre d'être virés.
Ensuite, elle donnerait une ultime joie aux Sud-Africains, qui font tant d'efforts pour bien recevoir leurs hôtes, qui ont dépensé des fortunes pour que les gens riches venus d'Europe ne manquent de rien, qui se sont sacrifiés pour pouvoir supporter leurs joueurs, qui, eux, jouent à fond chacun de leurs matchs.
Enfin, parce qu'elle fonctionnerait comme un signal d'alarme et permettrait de réfléchir, au-delà du football, à ce travers français, qui consiste à vivre sur ses acquis, à se contenter de ses gloires antérieures, à ne pas comprendre que tout est sans cesse remis en cause, que la gloire est le pire ennemi de la puissance. Et la nostalgie le pire poison de l'avenir.
Tout à commencé avec le lamentable coup de boule de Zidane. Tout a continué avec la honteuse main de Henry. Déjà, on aurait du sévir. Rien, ni alors, ni maintenant.
Rien n'est plus triste que de voir ministres, dirigeants de l'opposition, qui se disputent sur tout, s'unir pour souhaiter, une fois de plus, la survie provisoire de l'illusion française. Comme on les voit, ailleurs, s'obstiner à ne pas parler des vrais enjeux économiques, géopolitiques, technologiques du pays, jusqu'à ce que ceux-ci nous rattrapent.
Puisse une élimination honteuse de cette équipe pitoyable lors de cette Coupe du Monde de football nous réveiller et nous pousser à tout faire pour ne pas subir une autre élimination, bien plus terrible encore, dans le gigantesque affrontement géopolitique, dont nous vivons aujourd'hui en spectateur les commencements.
Jacques Attali in Slake.fr