NIGERIA : BOKO HARAM MET EN VENTE SES JEUNES OTAGES COLLÉGIENNES

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Une collégienne évadée témoigne après son rapt 

 

Thabita Walse a de la chance, et surtout de bons réflexes. Dimanche, cette adolescente nigériane a raconté pour la première fois dans la presse locale comment elle a échappé aux islamistes de Boko Haram, en sautant du camion dans lequel on l’avait enfermée lors d’un bref arrêt sur la route. Cette miraculée fait partie des 276 filles de 12 à 18 ans enlevées le 14 avril dans leur école à Chibok, dans l’Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria.

PHOTO : Manifestation à Lagos, lundi, pour la libération des jeunes lycéennes otages de Boko Haram. (Photo Akintunde Akinleye. Reuters)


Un enlèvement de masse sans précédent, qui suscite une émotion croissante au Nigeria et dans le reste du monde. Lundi à Paris, la veille à Washington, et tous les jours désormais à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, des manifestations dénoncent l’inertie de l’Etat, incapable de retrouver un groupe aussi important de jeunes filles dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Certes, comme Thabita, 53 adolescentes sont parvenues à fausser compagnie aux extrémistes de Boko Haram, dès le départ soupçonnés d’avoir organisé ce rapt gigantesque. Pourtant, ce n’est que lundi, soit vingt jours après l’enlèvement, qu’Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram, a pour la première fois revendiqué le ravissement des collégiennes dans une vidéo adressée à l’AFP. «Je vais les vendre sur le marché, au nom d’Allah», a martelé Shekau, provocateur, en treillis militaire et le visage caché. Selon des informations qui circulent depuis des jours au Nigeria, le prix d’une jeune fille se négocierait autour de 10 euros. Précisant que celles qui ne seraient pas vendues «seraient gardées comme esclaves», le chef de la secte islamiste a rappelé son opposition farouche à la scolarisation des filles.


Depuis 2009, Boko Haram - littéralement «l’éducation occidentale est un péché» - mène une guérilla sanglante pour imposer un Etat islamiste dans le nord du Nigeria. Mais depuis peu, ces extrémistes semblent redoubler d’audace. Des dizaines de militants ont détruit lundi une ville du nord-est, où ils sont arrivés à bord de blindés, tirant sur les habitants qui ont fui au Cameroun voisin, selon des témoins.


Bombe. Le 14 avril, jour du rapt des jeunes filles, Boko Haram revendiquait un attentat à la bombe dans la capitale, qui faisait 75 morts. Quinze jours plus tard, une autre bombe explosait, tuant encore 14 personnes. Enfin, dans la nuit de dimanche, des membres de Boko Haram ont franchi la frontière pour attaquer un commissariat à Kousséri, au Cameroun voisin, et libérer un de leurs camarades. C’est d’ailleurs au Cameroun qu’auraient été emmenées une partie des captives. Longtemps silencieux, le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, s’est exprimé pour la première fois dimanche en réclamant l’aide de la communauté internationale.

 

SOURCE : AFP