Passage au 74 : Alfred MARIE-JEANNE rencontre les chefs d'entreprise

Rapprocher la décision ... de la responsabilité

amjprofeco.jpgIl faut le toupet et la conviction d'Alfred Marie-Jeanne pour, la veille de la consultation référendaire, accepter d'être confronté au monde de l'économie. C'est ce qu'il a fait en rencontrant les chefs d'entreprise hier pendant trois heures à l'hôtel de Région.


Alfred Marie-Jeanne a sa façon de faire, cet ancien professeur doit tout d'abord donner les éléments de la question à l'ordre du jour. Certains auront trouvé que cette introduction était par trop fastidieuse, mais elle avait l'avantage de poser les limites de la réflexion d’un homme attaché depuis plus de dix ans à la restauration de l'image de marque de l'institution régionale et de son crédit. Il fallait entre autres choses qu'il le rappelle, aussi le contexte économique dans lequel on se trouve et aussi sur le fait que le régime de l'article 74, loin de créer l'instabilité sera facteur de rapprochement de la décision et de la responsabilité.

Il est bien évident que ceux qui sont venus, comme au cirque voir le prodige, même s'ils n'ont pu s'empêcher d'applaudir à pleines mains la prestation de cet orateur qu'est Alfred Marie-Jeanne se devaient pour la presse et en dehors de la salle de délibération, reprendre leur posture d'opposants, leur argumentaire que l'on connaît.

C'est ainsi que l'émotion qu'il a pu faire passer à certains moments s'est transformée sous la plume de l'une de nos consœurs en "pathétique" d'un homme qui n'a pas su "trouver la bonne distance avec les chefs d'entreprise."

Si le président de la région a demandé au monde de l'économie de prendre en considération le Schéma de développement économique " qui n'est certainement pas parfait mais qui a le mérite d'exister", il a eu la délicatesse de ne pas faire remarquer à l'assistance composée d'acteurs de l'économie de ce pays qu'aucunes des instances représentatives du dit monde de l'économie, aucun organisme peu ou prou rattaché au monde de l'économie n'a, à ce jour mis la main à l'esquisse de ce qui pourrait être un programme de développement de la Martinique. Car il faudra bien que cette vérité éclate un jour, hors élection et sans passion. 

D'ailleurs, placé aux côtés des militants qui qui ont transmis des notes aux élus qui devaient répondre aux questions de l'assistance, nous avons pu relever une note signalant ce vide de la part du monde de l'économie que ni Louis-Félix Duville, ni Sandrine Saint- Aimé ou le docteur Buisson n'ont repris à leur compte. Encore moins Alfred Marie- Jeanne. Car s'il est aberrant d'imaginer que l'on puisse en l'état aller plus loin dans la prospective que ce qu'a fait le Conseil Régional et la société civile attachée à la création du Schéma de développement économique, cela est encore plus dérisoire de demander à un élu à la veille de changer de statut, donc de modalités de financement de la collectivité à venir de dresser un compte d'exploitation prévisionnel ( sur deux colonnes devait demander cet informaticien, à l'évidence peu au fait de la comptabilité publique) du passage au 74. Quand on voit ce que sont devenues les promesses économiques du candidat Sarkozy autrement mieux doté d'outils assurant une certaine prévisibilité, on comprendra que cet exercice auquel on veut soumettre les élus relève plus de la divination que de l'action politique. 

Par contre Alfred Marie-Jeanne a pu reprendre point par point les facteurs propres à rendre plus difficile le monde économique environnant. C'est tout d'abord l’instabilité déjà existante que le changement de statut ne va pas amplifier. " Le monde étant devenu « turbulent » selon l’expression d'Alfred Marie-Jeanne qui a demandé aux s chefs d’entreprise de s’y adapter. 

Vincent Louis-Félix Duville, vice-président, chargé du développement économique, a clairement expliqué qu’avec l’article 74, pourra être réglé le problème du transport par la création d’une autorité unique de gestion pour la Martinique devenue périmètre unique. 
Sandrine Saint-Aimé a, avec brio démontré que le changement de statut entraîne le reversement des ressources correspondant aux compétences transférées. 
Le Docteur Buisson a procédé à l’analyse de la Charte européenne pour l’autonomie et ainsi établi que l’autonomie est un concept dont l’application est souhaitée par l’Europe. Ce à l’intention d’un membre de l’assistance inquiet de la sortie éventuelle du giron européen du fait de l’adoption des mesures qui affirment le caractère bien autonome de la collectivité souhaitée : la préservation du foncier et la priorité de l’emploi local. 

Mais le moment le plus émouvant a été celui où Eric de Lucy, venu en force avec des producteurs de banane a tenu à réaffirmer son soutien à Alfred Marie-Jeanne dont il « connaît l’honnêteté » à la suite de la campagne de diffamation dont il a été la victime récemment. 
Gérard Dorwling-Carter