POLITIQUE : LA GREVE DU SEXE KENYANE S'EXPORTE EN BELGIQUE

Une solution pour résoudre la crise politique ?


En politique, lorsqu'on pense que tous les moyens de pression ont été épuisés, il en reste pourtant un auquel on ne pense pas forcément: le sexe. Ou plutôt la grève du sexe.


C'est en effet ce qu'a proposé la sénatrice belge Marleen Temmerman à ses compatriotes en guise de protestation face à l’absence de gouvernement depuis les élections fédérales de juin 2010. 



Considérant le conflit entre Wallons et Flamands et leur obstination à refuser le compromis, elle incite les femmes à «garder les jambes fermées tant qu’il n’y aura pas de gouvernement fédéral», rapporte le quotidien belge Le Soir. Même si l’initiative n’a pas encore porté ses fruits en Belgique, elle garde espoir car au Kenya, «après à peine une semaine, un gouvernement stable était mis en place», renchérit-elle.

En effet, en avril 2009, le collectif G10 regroupant dix associations de femmes kényanes avait appelé à la grève du sexe, pour accélérer la recherche d’un compromis entre le président Mwai Kibaki et le premier ministre Raila Odinga, dont les querelles duraient depuis l'élection présidentielle de décembre 2007 —qui fut à l'origine d'une presque guerre civile (causant au moins 1.000 morts et le déplacement de plusieurs milliers de réfugiés).

Au-delà de sa dimension cocasse —utiliser le sexe à des fins politiques— le cas kenyan montre que les femmes ont globalement approuvé une telle initiative comme l’ultime recours pour se faire entendre dans une situation d’urgence. Tel que l’expliquait Agnès Leina, chargée de programme à la Coalition contre les femmes (Covaw), à Afrik.com:

«La grève n’était pas à propos de sexe mais de gouvernance et de la colère des Kenyans. En ce moment, il y a une sévère sécheresse. Il n’y a pas assez à manger et le prix des denrées alimentaires est très élevé, ce qui pénalise en premier lieu les femmes et les enfants».

Pour s’assurer que la mesure serait efficace, le collectif d'associations G10 avait proposé d'indemniser les prostituées kényanes. L'idée était que si même les professionnelles du sexe gardaient leur porte close, les hommes devraient tôt ou tard s'asseoir à la table des négociations.

SOURCE : SlateAfrique