PORTO-RICO AU BORD DE LA FAILLITE

L'île croule sous les dettes...Washington ne prévoit pas d'intervenir !

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L'île de Porto Rico, «État libre associé aux États-Unis», vient de franchir un pas de plus vers le défaut de paiement. Une loi votée le mois dernier par le Congrès local était censée rassurer les créanciers de l'île. Elle a eu l'effet inverse. Depuis que les autorités portoricaines ont autorisé les entreprises publiques à restructurer quelque 19 milliards de dollars de dettes, nombre de créanciers de ce territoire américain des Caraïbes jugent inévitable le défaut.


L'agence de notation Moody's a, le 1er juillet, aussitôt dégradé encore un peu plus les obligations du gouvernement de Porto Rico, bien que ces titres ne soient pas concernés par ce texte applicable uniquement aux entités publiques responsables par exemple de la distribution d'eau, d'électricité et de l'exploitation des transports en commun

Standard & Poor's, après plusieurs jours de réflexion, a fini par faire de même vendredi soir. «L'adoption de cette loi signale en elle-même un changement potentiel dans la volonté historiquement forte de Porto Rico de continuer à honorer ses engagements auprès de ses détenteurs d'obligations», conclut l'auteur du rapport de S&P. Dans un premier temps, l'agence avait simplement dégradé davantage la note de Prepa, principale compagnie d'électricité de l'île qui croule sous près de 9 milliards de dollars de dettes. Prepa est en effet la première candidate évidente à la restructuration prévue par la loi.

Ces dégradations en série confirment une situation sans précédent: pour la première fois, Porto Rico ne peut pas refinancer librement sa dette, dont le stock total de dettes atteint 73 milliards de dollars, un montant considérable pour une île de 3,6 millions d'habitants.

Risque de coupures de courant

Les Portoricains, pourtant habitués aux difficultés engendrées par une récession qui dure depuis huit ans, se retrouvent au bord d'un précipice qui rappelle la situation de la Grèce en 2011. Comme elle, Porto Rico n'a pas la possibilité de dévaluer sa monnaie puisque le territoire fait partie intégrante des États-Unis.

Le suspense monte. Les banques créancières de l'électricien Prepa viennent d'accorder trois semaines de délai à leur emprunteur, le temps qu'il trouve 10 millions de dollars dus initialement le 3 juillet. Sa plus grosse échéance tombe mi-août avec un versement de 671 millions de dollars dû à un groupe de banques menées par Scotiabank of Puerto Rico.

Des coupures de courant, par quartier, sont envisagées pour faire des économies. Elles épargneraient les écoles, les hôpitaux et les entreprises. La mauvaise gestion de Prepa défraye la chronique depuis des mois. Ses centrales sont vétustes, brûlant encore du pétrole, et non pas du gaz bien meilleur marché. Les tarifs de Prepa, déjà deux fois plus élevés que ceux de la moyenne du continent américain, risquent encore de grimper. D'une manière générale, les autres entités publiques sont critiquées pour leurs effectifs pléthoriques et leur faible productivité.

Le gouverneur Alejandro Garcia Padilla vient de faire adopter un budget de près de 10 milliards de dollars qui, en dépit d'une poursuite de la contraction de l'économie locale, prétend réduire les grands postes de dépenses publiques de 8 % à l'exception de l'université et de la police.

«Nous avons besoin de gardes pour les prisons et d'enseignants dans les écoles, mais tout le reste est sur la table», résume Sergio Marxuach, directeur du Center for a New Economy à San Juan. Cet expert doute cependant de la crédibilité d'au moins 300 millions de dollars d'économies prévues par le gouverneur.

Aucune aide directe n'est attendue de Washington. Le climat politique au Congrès reste incompatible avec un plan de sauvetage. Pas plus pour Detroit, en faillite depuis un an, que pour Porto Rico.

AFP