Un vaccin contre le paludisme
Avec 1,5 à 2,7 millions de décès par an, le paludisme demeure la parasitose tropicale la plus importante au monde. 80 % des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne, où ils concernent majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. L'Amérique latine, notamment le bassin des trois Guyane, n'est pas épargnée. C'est dire l'importance de cette avancée scientifique.
Le vaccin expérimental contre le paludisme mis aupoint par le laboratoire britannique Glaxo Smith Kline (GSK) a pu réduire de 65% à 53% la maladie et les épisodes de crise chez des enfants lors de deux essais cliniques effectués en Afrique, selon des études publiées lundi.
"Il s'agit dupremier vaccin possible contre le paludisme qui montre une protectionimportante dans des études cliniques menées en laboratoire et sur leterrain", écrivent William Collins et John Barnwell dans le New England Journal of Medicine, qui publie les deux études.
"Il s'agit d'undébut vraiment encourageant", ajoutent-ils.
La première étude a étémenée auprès de 340 enfants de moins d'un an en Tanzanie. Elle a montré unebaisse de 65% du nombre d'infections, ainsi qu'une baisse de 59% des épisodesde paludisme après une infection, au-delà d'une période de six mois.
Cette étude visait aussia déterminer si le vaccin contre le paludisme perturbait la réponse immunitaireà une série de vaccins administrés aux enfants à huit, 12 et 16 semaines devie.
Les enfants participantsà l'étude ont reçu les vaccins habituels, mais seule une moitié a reçu en plusle vaccin contre le paludisme, tandis que l'autre moitié recevait un vaccincontre l'hépatite B.
Les chercheurs ontconclu qu'il était plus sûr d'administrer le vaccin contre le paludisme, appeléRTS,S/AS02, en même temps que les autres vaccins recommandés par l'Organisationmondiale de la santé (OMS).
"Ce résultat montrequ'il sera possible d'administrer le RTS,S avec les autres vaccins habituelsdestinés aux enfants, rendant son utilisation plus facile et moins coûteusedans les zones endémiques", expliquent William Collins et John Barnwell.
La deuxième étude, menéeauprès de 894 enfants âgés de cinq à 17 mois au Kenya, était destinée à mesurerl'efficacité et la sûreté du vaccin en utilisant un adjuvant, censé améliorerla réponse immunitaire au vaccin. La moitié des enfants ont été vaccinés contrele paludisme, tandis que l'autre moitié était vaccinée contre la rage. L'étudea montré que les épisodes de paludisme diminuaient de 53% sur une périodemoyenne de plus de huit mois.
Des études antérieuresréalisées au Mozambique et utilisant un autre adjuvant avaient montré unebaisse de 35% des épisodes de paludisme sur une période de 18 mois.
Le vaccin a été mis aupoint par GSK à la fin des années 1980 et testé sur des volontaires auxEtats-Unis, avant que le laboratoire pharmaceutique mette en place en 2001 unpartenariat avec l'ONG Initiative Vaccin contre le Paludisme (MVI) afin de letester sur des enfants africains.
Au début de l'annéeprochaine, dans sept pays d'Afrique, doit débuter la phase finale des essaiscliniques, la dernière avant une demande d'homologation auprès des autorités,afin de confirmer et d'évaluer l'efficacité du vaccin.
"Nous sommes plusprès que jamais de la mise au point d'un vaccin contre le paludisme pour lesenfants en Afrique", a dit Christain Loucq, directeur de MVI.
"L'histoire amontré que les vaccins sont l'outil le plus puissant pour maîtriser et éliminerles maladies infectieuses. Manifestement, le monde a besoin de façon urgented'un vaccin efficace et sûr pour gagner la guerre contre cette terriblemaladie", ajoute-il.
Pour en savoir plus sur le paludisme...
Le paludisme, appelé aussi malaria (de l’italien mal’aria,mauvais air 2, est une parasitose due à un protozoairetransmis par la piqûre de la femelle d’un moustique,l’anophèle, provoquant des fièvresintermittentes. Avec 300 à 500 millions de malades et 1,5 à 2,7 millions de décèspar an, le paludisme demeure la parasitose tropicale la plus importante. 80 %des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne, où ils concernentmajoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes (OMS,2005) (voir les régions à risques).
Lacause de la maladie a été découverte le 6 novembre 1880 àl’hôpital militaire de Constantine (Algérie)par un médecin de l’armée française, Alphonse Laveran, qui reçut le prix Nobelde médecine et de physiologie en 1907.C’est en 1897 que le médecin anglais Ronald Ross(prix Nobel 1902)prouva que les moustiques (Anopheles) étaient les vecteurs de lamalaria. Auparavant, c’était le mauvais air émanant des marécages qui étaitincriminé.
Les parasites Plasmodium(surtout P. falciparum – anciennement dénommé praecox –, P.vivax, plus rarement P. ovale et P. malariae) sont transmispar la piqûre de la femelle d’un moustiqueappelé anophèle (genre Anopheles). Le parasite sévit àl’état endémique, infecte les cellules hépatiques de la victime puis circule dans le sang,en colonisant les hématies (globules rouges) et en les détruisant.
Lepaludisme est dû à un parasite transmis par un moustique, l'anophèle femelle. Environ250 millions de cas de paludisme ont été recensés depuis plus de 70 ans, tandisque chaque année environ un million de personnes en meurent.