PRESIDENTIELLE 2012 : LE VOTE ECOLOGISTE MENACE DIRECTEMENT LES SOCIALISTES

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Le développement de l'écologie politique est-il durable ?


 
C'est ce que pense Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion et stratégies d'entreprise à l'Ifop. L'étude qu'il a réalisée pour Le Figaro sur l'implantation électorale d'Europe Écologie-Les Verts montre une progression constante et un véritable ancrage du vote écolo, au-delà des aléas liés à la conjoncture et à la nature particulière de chaque scrutin. De toutes les familles politiques, les écologistes sont les seuls à progresser en voix entre le premier tour des cantonales de 2004 et celui des cantonales de 2011.


EELV réalise sa meilleure performance aux européennes de 2009, «ce qui est logique, explique Jérôme Fourquet, car ces élections favorisent l'émergence de courants nouveaux. Les enjeux sont moins politiques, on se fait plaisir au lieu de voter utile comme aux régionales». Ce «vote utile», qui a permis aux socialistes présidents sortants de région de surfer sur l'impopularité de Nicolas Sarkozy, n'a pas empêché les écologistes de faire un score honorable. Mais c'est dans le résultat des cantonales que Fourquet voit l'indice le plus probant de l'«enracinement » de l'écologie politique. «Leurs résultats ne sont pas mauvais, alors que les cantonales sont des élections de notables et d'hyperproximité, donc les plus difficiles pour un jeune mouvement», souligne-t-il.

Une candidate marquée à gauche

Jeune, mais pas sorti de nulle part. D'après notre sondeur, «la filiation de ce courant avec la sensibilité démocrate-chrétienne apparaît clairement sur la carte: il s'est implanté dans des terres centristes laissées en déshérence par la dérive des dirigeants centristes». Autrement dit, EELV a déjà capté l'électorat de centre droit, qui est à la recherche d'une alternative à Nicolas Sarkozy mais ne semble pas prêt pour autant à voter à gauche. Sa prochaine cible: l'électorat de centre gauche, celui qui peut au gré des circonstances voter écologiste ou PS. Voilà pourquoi les socialistes sont les plus directement menacés par la concurrence verte.

EELV mord peu, voire pas du tout, sur l'électorat du MoDem, plus bayrouiste que centriste, ni sur celui de la majorité, où le Nouveau Centre n'attire que la partie la plus droitière de l'électorat centriste. L'étude de l'Ifop montre d'ailleurs que l'électorat de la majorité dans son ensemble et celui des écologistes sont très distincts.

Pour l'essentiel, les électeurs écolos se recrutent chez les bobos, diplômés et vivant en milieu urbain, dans les populations universitaires mais aussi chez les «néoruraux», qui ont quitté la ville pour produire bio à la campagne. Les régions à forte identité comme la Corse, le Pays basque, le littoral breton et le Roussillon constituent également des réservoirs importants pour EELV.

Mais Eva Joly est-elle la mieux placée pour capter cet électorat? «On a attaqué les sondages pour avoir prédit que Nicolas Hulot la battrait à plates coutures à la primaire, rappelle Jérôme Fourquet, mais nous n'avons jamais prétendu sonder les militants d'EELV. Notre enquête portait sur les sympathisants, comme pour la primaire du PS en 2006, le duel Pécresse-Karoutchi au sein de l'UMP aux régionales de 2010 ou, encore, l'affrontement entre Marine Le Pen et Bruno Gollnisch au FN.» Dans ces trois cas, le résultat a été conforme aux prévisions des sondages: Ségolène Royal, Valérie Pécresse et Marine Le  Pen l'ont emporté. Ce qui fait dire au directeur adjoint de l'Ifop que, s'agissant des écolos, les sondeurs ne se sont pas trompés. Simplement, le choix des militants «ne concorde pas du tout avec le choix des sympathisants».

Selon lui, l'investiture d'une candidate marquée à gauche comme Eva Joly «fait les affaires d'un François Bayrou ou d'un Jean-Louis Borloo». «À condition, ajoute-t-il, que le président du Parti radical prouve qu'il est autonome et indépendant de l'UMP, bref qu'il n'apparaisse pas comme le  “flotteur gauche” du trimaran majoritaire, pour reprendre l'image de Philippe de Villiers» . C'est tout le problème pour l'ex-ministre de l'Écologie.

SOURCE : LeFigaro 

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