Prix Nobel de Littérature 2008

leclezio2.jpgJM Le Clézio revendique ses racines créoles

JMG Le Clézio, nouveau lauréat français du prix Nobel de littérature, a rendu hommage jeudi à sa "petite patrie", l'Ile Maurice, d'où est originaire sa famille et qui habite une partie de son œuvre

 

Détenteur de la double nationalité, française et mauricienne, Le Clézio est aussi le premier écrivain mauricien distinguée par l'Académie suédoise.

"Je suis à moitié Mauricien, j'ai deux nationalités.

C'est aussi pour l'Ile Maurice que je suis content de ce prix", a-t-il déclaré devant la presse peu après l'annonce de sa consécration par le jury du Nobel.

Issu d'une famille partie chercher fortune à Maurice, dans l'Océan indien, au XVIIIè siècle, JMG Le Clézio a puisé une partie de son inspiration dans son roman familial. "La France est ma patrie d'élection pour la culture, la langue, mais ma petite patrie, c'est l'Ile Maurice, le lieu le plus proche de moi.

 

 

Quand j'arrive là-bas, j'arrive chez moi", a-t-il souligné.

S'il préfère le roman aux livres de mémoires, l'écrivain a souvent évoqué son histoire familiale.

"Le procès-verbal" (1963), son premier roman et premier grand succès, a pour toile de fond l'histoire de son arrière-grand-père, "chef juge" à Maurice.

En 1985, c'est sur l'Ile Maurice qu'il situe l'action du "Chercheur d'or".

Une île rêvée où les enfants jouent dans les splendides décors naturels de "l'enfoncement du Boucan". Mais la dureté des rapports sociaux, le clivage entre riches et pauvres, viendront bientôt rompre cette harmonie.

L'écrivain, qui se livre peu, entretient en revanche dans ses livres le souvenir d'une famille voyageuse. "L'Africain" (2004) raconte l'histoire de son père, un Anglais né à Maurice devenu médecin en Afrique, où l'écrivain a passé une partie de sa jeunesse.

"Ritournelle de la faim", son dernier livre, paru début octobre, est enfin centrée sur l'histoire de sa mère, Simone (Ethel dans le roman), rentrée en France dans les années 1930, où elle assiste notamment à la première du Boléro de Ravel.

JMG Le Clézio y évoque "ce milieu des Mauriciens blancs - propriétaires, commerçants, entrepreneurs" qui "tournait en circuit fermé, avec une certaine illusion aristocratique parfois contradictoire : il s'agissait de gens qui avaient dû se battre, travailler dur et qui avaient eux-mêmes souffert de la morgue des classes supérieures".

Adolescent de l'après-guerre, il sera, dit-il, "choqué" par le conformisme de ses "aînés immédiats".
Mais à la révolte des premières années succèdent une certaine sérénité et ses racines mauriciennes, comme les récits qu'il consacre à l'Afrique ou à l'Amérique latine, contribuent à donner à son oeuvre son aspect universel.
 
A Maurice, où l'écrivain retourne régulièrement, l'attribution du prix Nobel à Le Clézio a été saluée comme "la consécration d'un grand humaniste".
 
 L'écrivain a évoqué pour sa part jeudi à Paris, le combat de l'Ile, dont l'anglais est la langue officielle, "pour maintenir la langue française".