RADIOACTIVITE : QUELS SONT LES RISQUES POUR LA SANTE

COMPRENDRE LA RADIOACTIVITE EN CINQ QUESTIONS CLES

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Alors que la situation est loin d'être stabilisée dans les centrales japonaises. Il est bon de faire le point sur le phénomène physique de la radioactivité et expliquer les conséquences des accidents nucléaires sur la santé humaine.

 

• La radioactivité est-elle une création humaine ou bien existe-t-elle naturellement ? 

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Oui, la radioactivité existe à l'état naturel. Au cœur des atomes, se trouvent les noyaux. Certains, plus fragiles que d'autres, se brisent spontanément (c'est la fission) en dégageant de l'énergie sous la forme de chaleur et de rayonnements. C'est cette énergie que l'on peut mesurer. Ce sont les rayonnements ainsi émis que l'on appelle la radioactivité. Même le corps humain ou les maisons de granit en Bretagne (3 mSv) en dégagent. Lors d'un voyage en avion, le rayonnement cosmique entraîne une irradiation de 0,05 mSv pour un aller-retour Paris-New York.

Les premiers effets émis par des sels d'uranium ont été découverts en 1896 par Henri Becquerel. L'année suivante, Marie Curie choisit ce sujet d'étude pour sa thèse. Elle travaillera la question avec son mari, Pierre. Tous les trois recevront le prix Nobel de physique en 1903 pour ces travaux. Depuis, l'homme s'efforce de domestiquer cette source d'énergie.

• Quelles sont les substances radioactives émises lors d'un accident nucléaire ? 

Dans un nuage issu d'un accident nucléaire, on trouve des substances volatiles liées à la fission au cœur du réacteur nucléaire. Ce sont principalement des molécules d'iode et de césium. Et ce sont elles qui ont le plus grand impact immédiat sur la santé. L'autre danger est lié aux rayonnements invisibles comme ceux provoqués par les particules alpha et bêta, et les rayonnements gamma (proches des rayons X). Ceux-ci sont d'autant plus dangereux que l'on est proche de leur source d'émission.

• Que devient le nuage radioactif ? 

Pour l'instant, contrairement à la catastrophe de Tchernobyl, les émissions toxiques des réacteurs accidentés ne sont pas montées très haut dans l'atmosphère. Les facteurs météorologiques, vent et intempéries, auront une influence capitale sur son devenir, dans le temps et l'espace. La composition précise du nuage en particules radioactives sera aussi déterminante: la quantité d'iode se divise par deux tous les huit jours, tandis que la période est de l'ordre de trente ans pour le césium. Pour l'Hexagone, les prévisions sont plutôt rassurantes. «Il est peu probable que cet événement (au Japon) ait des conséquences en France, néanmoins il a été demandé à l'IRSN de (le) vérifier par des calculs prenant en compte les scénarios les plus extrêmes», selon Olivier Gupta, directeur général adjoint de l'ASN, lors d'une conférence de presse. En revanche, «il y aura des particules détectées dans l'atmosphère dans le monde entier», a estimé mercredi Jacques Repussard, directeur de l'IRSN.

• Quelle est la différence entre irradiation et contamination ? 

Souvent confondus, ces termes sont pourtant bien distincts. L'irradiation est la conséquence directe d'une exposition externe d'un corps (qu'il soit vivant ou inerte) à des rayonnements ionisants. On parle en revanche de contamination quand un produit radioactif se dépose sur une personne ou un objet ou lorsqu'il est inhalé ou ingéré. Dans le cas d'une irradiation, l'effet cesse quand on éloigne l'objet ou la personne de la source de rayonnement.

En revanche, en cas de contamination, la production de radioactivité est continue et durable tant que la source de contamination n'a pas été éliminée. En cas d'accident nucléaire, les travailleurs sont surtout exposés aux irradiations. Les populations vivant à proximité des centrales risquent surtout une contamination, les particules radioactives pénétrant dans l'organisme par la peau ou par inhalation. La contamination peut aussi se faire indirectement par voie digestive, en ingérant des aliments contaminés.

• Quels sont les risques pour la santé ? 

Les conséquences pour l'organisme dépendent largement de la dose reçue. Celle-ci peut atteindre plusieurs sieverts pour les travailleurs proches du cœur des réacteurs des centrales. Sans traitement, l'exposition à une dose de 6 sieverts (Sv) est mortelle dans 100% des cas. Une exposition à des doses plus faibles, de l'ordre de un sievert, entraîne un syndrome d'irradiation aiguë.

Celui-ci se traduit par des vomissements dans les heures suivant l'irradiation, puis d'autres symptômes surviennent après une latence de quelques jours: fièvre, diarrhées, hémorragies, infections… Ces signes traduisent une destruction massive des cellules de l'organisme. Celles de la paroi digestive et de la moelle osseuse (précurseurs des globules rouges, globules blancs et plaquettes) sont les plus sensibles aux radiations. Les tissus embryonnaires et les organes reproducteurs sont aussi très radiosensibles, ce qui explique le risque de malformations fœtales, et de stérilité, chez l'homme comme chez la femme.

À long terme, après plusieurs années, un excès de cancers (leucémies, tumeurs de la thyroïde, des poumons) est observé. C'est la principale conséquence pour les populations vivant à proximité des centrales nucléaires. Le risque de cancer est proportionnel à la dose reçue: il apparaît pour une exposition supérieure à 100 mSv, et augmente de 5,5% par sievert.

Seules les tumeurs de la glande thyroïde peuvent être efficacement prévenues, par la prise précoce de comprimés d'iode.

SOURCE : LeFigaro.fr