La SARA mise à l'index.
L'Autorité de la concurrence, qui joue un rôle de gendarme dans la surveillance des prix, vient confirmer, dans un rapport rendu public hier, certains abus dans le monopole d'approvisionnement du carburant aux Antilles-Guyane, trop favorable aux compagnies pétrolières.
44 % de marge entre l'arrivée du carburant au port et la distribution à la pompe. Un scandale qui a duré des années
En tête des abus pointés du doigt par l'Autorité de la concurrence : les marges injustifiées. « Effets pervers » et « dérives » quant à la fixation des prix font partie des observations émises.
En fait, l'organisme regrette que le prix à la pompe maximum autorisé - chaque mois, le préfet établit un plafond - soit devenu « un prix imposé » , un prix de rigueur qui est automatiquement appliqué par l'ensemble des stations-service.
Conséquences: des bénéfices pour les groupes pétroliers qui fixent des « marges injustifiées » et un manque à gagner pour les automobilistes antillais-guyanais qui, jusqu'en février dernier, payaient l'essence la plus chère de France.
Entre l'arrivée du carburant au port et la distribution à la pompe, les marges ont progressé de 44% en Guadeloupe, de 2001 à 2008, note l'Autorité de la concurrence.
Liberté des prix
Cette dernière souhaite que les prix à la pompe soient fixés librement pour éviter la« dérive des marges de détail, sauf en cas de crise, où l'administration pourrait alors reprendre la main. Par ailleurs, le gendarme de la concurrence regrette « l'insuffisance » de la régulation sur les prix d'importation. « Les compagnies pétrolières donnent un prix au préfet, qui s'exécute. Il faut absolument que l'autorité administrative les contraigne à fixer un tarif basé sur les cours mondiaux. »
L'Autorité regrette aussi la faiblesse des taxes sur les carburants dans les Dom par rapport à la Métropole. Résultat : « Les recettes manquantes sont compensées par la taxation d'autres produits, notamment des produits de consommation courante. »
Un rapport Bolliet peu favorable, une mission parlementaire d'information sur les carburants qui avait déjà mis le doigt sur l'opacité du système, et maintenant, cet avis du gendarme de la concurrence : il est de plus en plus difficile pour la Sara et les pétroliers de plaider l'acharnement des consommateurs.