Résultat qui selon lui, mettait en doute la sincérité des comptes de 2009, dernière année de la mandature d’Alfred Marie-Jeanne, une élue de sa majorité a même parlé de « la gravité des faits ».
C’est ainsi, qu’est annoncé, qu’une pièce de théâtre dans la catégorie drame sera, dans l’urgence, donnée à voir aux martiniquais au cours d’une plénière-débat le 23 décembre 2011.
Un audit pour quoi faire ? Une plénière-débat pour quoi faire ?
Ces deux questions posées et re-posées avec beaucoup de pertinence par un élu de droite vont- elles amener les réponses attendues par les martiniquais ?
En réalité, ces derniers ont bien assisté à une mise en scène, mais le drame annoncé s’est révélé être une comédie. Le fil directeur de cette comédie est que l’acteur principal en la personne de l’actuel président de région, cherche un matelas qu’il ne trouve pas.
Il cherche avec le cabinet d’audit « Ressources Consultants Finances », cherche encore avec le cabinet « KURT SALMON », cherche et cherche encore avec le professeur de faculté Etienne DOUAT. Que va t-il trouver ?
La pièce commence avec l’acteur principal, en habit de pacificateur, qui raconte comment ont été traités les personnels de la région dans le cadre d’un nouvel organigramme etc… Bien sûr ! Il serait inconvenant dans une comédie d’évoquer les vrais drames humains qui se sont hélas déroulés au sein de cette institution et les placards invisibles, dans l’organigramme, qui dissimulent des drames bien réels de la grande souffrance au travail. Bref !
L’acteur principal endosse ensuite, l’habit du procureur général qui distribue la parole à l’accusation. Quatre accusateurs, en cinq interventions, vont alors, à tour de rôle, en faisant constamment un amalgame entre choix de politique budgétaire et techniques comptables jamais explicitées, émettre une opinion convergente à savoir que l’ancienne équipe a mal géré la région. L’Excédent Global de Trésorerie, voté au compte administratif 2009, présenté en juin 2010, par le président Letchimy lui-même, est un déficit comptable !!! Ni plus ni moins !!
Belle démonstration du syndrome des habits de l’empereur, le diagnostic posé par le président de région, à savoir qu’il existe un matelas, doit être confirmé par les auditeurs successifs. Ces derniers n’y parvenant pas, malgré la conjugaison de leurs efforts, par « retraitements », par tripatouillages de faits de gestion analysés dans la précipitation, hors comptabilité, hors respect du principe de sincérité comptable, vont alors convertir un excédent global de clôture en déficit ! Et le président pourra proclamer : on est loin du matelas que j’avais annoncé, il y a eu un piège !
Pour comprendre la suite de l’histoire, il faut savoir que :
On peut se demander si le Résultat Comptable est l’élément qui constitue la meilleure méthode d’analyse et d’appréciation de l’efficacité de l’action publique exercée par une collectivité régionale…
L’Excédent Global de Clôture et le Résultat Comptable n’ont pas la même signification en comptabilité, et par conséquent ne sont pas comparables. koko sé pa zabriko !!
L’Excédent Global de Clôture correspondant au Fond de Roulement, l’analyse rétrospective calcule à partir de cet excédent la trésorerie de la Région.
N’importe quel étudiant de BTS comptabilité est capable, à partir du résultat comptable, de calculer la capacité d’autofinancement, ensuite le Fond de roulement et boucler sur le calcul de la trésorerie.
Les accusateurs ont préféré ne pas relever ces remarques, fort gênantes, de Jean –Philippe Nilor.
On peut se poser des questions quant à l’objectivité des opinions émises par les différents auditeurs dans leurs conclusions. Mettre dans un audit financier, en vis-à-vis, l’Excédent Global de Clôture et le Résultat Comptable, et comparer ces deux soldes qui n’ont pas la même signification comptable, relève certes, de l’incompétence mais aussi de la malhonnêteté intellectuelle.
L’audit se dispense de réaliser les traitements et analyses comptables qui auraient, en toute transparence, apportés une information pertinente aux élus et à la population, invités à ce débat.
C’était une exigence éthique minimale qui n’a pas été respectée et qui disqualifie le caractère démocratique affiché de ce débat.
Alors ? Le piège ? Et bien puisqu’il y a eu un piège, il y aura une vengeance !
Cette plénière-débat est organisée pour discréditer la gestion d’Alfred Marie-Jeanne : il n’y a pas de matelas alors on fera apparaître un déficit ! Et coup double, cela permettra de se dédouaner par avance des difficultés qui sont déjà apparues et qui sont la conséquence des dépenses somptuaires qui ont été engagées par la nouvelle équipe régionale.
Le coup de théâtre se produit, dès l’intervention de Daniel Marie-Sainte qui déconstruit un après l’autre, avec brio, les griefs des accusateurs. Daniel Marie-Sainte, point par point a décousu la manipulation incongrue des traitements comptables douteux et des pseudos analyses de circonstance, ayant permis les retraitements extracomptables, opérés sur les comptes de 2009.
L’actuel président de région n’avait pas imaginé que les accusés, sans l’aide d’experts, dans le délai raccourci de la procédure d’urgence, auraient été en capacité de démonter le réquisitoire pauvre et répétitif de l’accusation.
Alors l’acteur principal, (l’actuel président de région) doute de la réception de la pièce par le public et cela se voit ! Alors il endosse l’habit de l’homme super-intelligent qui pense avoir des capacités intellectuelles hors-norme, puis l’habit de l’expert en traitement des comptes de la collectivité régionale. Perdant son sang froid, il revendique son appartenance à la voyoucratie, allant jusqu’à provoquer Vincent Duville « la ou lé ! kan ou lé !!la ou lé ! kan ou lé !!.. ». Propos violents d’un « yich méchan », tout à fait digne d’un Président de Région !! Quel bel exemple pour la jeunesse !!
Les martiniquais sauront apprécier ! Les élus de son camp, gesticulent, perdent eux aussi, leur sang froid, se lancent dans des diatribes agressives de politique politicienne, sur l’aide aux étudiants, sur l’aide sociale, sur la formation professionnelle. Les mêmes rengaines ! Avec en plus, la bave entre les dents !
Ce débat a révélé deux ou trois choses importantes :
De manière plus fondamentale, les martiniquais peuvent tirer profit de ce débat, s’ils engagent une réflexion sur les deux conceptions de gestion de leurs contributions financières, pour l’action publique dans leur pays, qui leur étaient exposées.
-1) La conception des « prophètes de l’économie sans dette », pour reprendre l’excellente expression du professeur Crusol.
-2) La conception des adeptes de l’endettement dont fait partie ce même professeur qui, rendons lui cette grâce, a le mérite de connaître son camp.
La conception de la gestion des patriotes.
Le prophète est celui qui a la capacité de voir loin dans le futur. « Prophètes de l’économie sans dettes » est une expression heureuse pour résumer la conception de la gestion des patriotes. Quand on voit où l’endettement a conduit des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Italie, quand on connaît la situation de la France menacée par une histoire de AAA, quand on sait où l’endettement a conduit les américains les plus modestes, et aujourd’hui les brésiliens, on se dit que l’endettement n’est pas si vertueux que le prétendent les adeptes de l’endettement.
Faut-il que les collectivités de Martinique s’engagent dans une spirale de l’endettement qui a coûté très cher par le passé aux martiniquais, quand l’actuel président de région lui-même, dit que les subventions de la France vont en diminuant et que cette tendance va s’accentuer au cours des périodes à venir ?
Faut-il qu’un retraité, qui risque, comme c’est le cas en Grèce, de voir sa retraite ponctionnée dans le cadre de plans d’austérité, qui ne tarderont pas à venir, s’engage aujourd’hui dans une pratique d’endettement même minimale ?
L’endettement aujourd’hui, favorise l’enrichissement des financiers qui poussent à l’endettement pour ensuite spéculer sur cet endettement afin de s’enrichir au détriment des honnêtes travailleurs. Résister, c’est s’opposer à ces pratiques et éviter de se trouver sous la dépendance des banques et des financiers de tout poil.
La gestion d’Alfred Marie-Jeanne a été citée en exemple hors de Martinique, hélas chez nous, elle est dénigrée ! En plus du fait que nul n’est prophète en son pays, la connaissance des écrits de Frantz Fanon par certains de nos élus serait salutaire pour qu’ils apprennent à donner à la place qui est la leur, une image plus positive de nous-mêmes.
La conception, postmoderne de la gestion, des adeptes de l’endettement.
L’adepte est celui qui est converti. Toute conversion se fait par l’adhésion sans discussions à une croyance, à un dogme. Toute conversion nécessite le renoncement à son libre arbitre, à l’exercice de sa réflexion. Le professeur émérite est l’exemple du parfait converti, un élément sûr, de la secte qui prône l’endettement et le déficit, qui ne remettra jamais en cause ses convictions. L’évidence des dégâts qu’occasionne l’endettement, sujet d’une actualité connue de tous, le laisse imperturbable, il s’est construit un système de pensée immuable qui n’autorise aucune mise à jour, aucune adaptation, aucune réflexion supplémentaire. Il ne se laissera jamais ébranlé, même par une toute petite crise de scepticisme… Les martiniquais peuvent légitimement s’interroger sur les opinions de l’éminent professeur d’économie (pardon !de gestion) qui a cessé de s’interroger et qui prodigue ses conseils à la nouvelle équipe.
Dans ces conditions, par quel miracle, de nouveaux modes de gestion pourront t-ils être inventés ?
Les faillites passées, d’AIR Martinique, investissements hasardeux de l’époque mériteraient que l’on analyse leur impact sur l’économie martiniquaise d’aujourd’hui, en terme de manque d’emplois, en terme de non développement économique et de mal être pour les martiniquais.
L’adhésion à l’une ou l’autre conception de la gestion des ressources financières de la région, aura des conséquences plus ou moins heureuses sur l’avenir, il est important d’y réfléchir dès à présent.
La population martiniquaise a été invitée à assister à la mise en scène hâtivement improvisée d’une accusation contre la gestion d’Alfred Marie-Jeanne, avec l’intention d’instiller de la suspicion sur la véracité des documents comptables retraçant cette gestion.
Ce simulacre de démocratie, s’est révélée être « an komédi » qui n’a pas réussi à masquer la réalité de ce qui était donné à voir, au moment où le madras est tombé (« ren an po ko bien maré ») : la nudité de l’empereur. En cette veille de Noël, avoir osé faire concurrence sur ce point à l’enfant Jésus, était tout simplement obscène.
Danielle BORIEL