Il avait fait entendre une nouvelle fois sa petite musique entre les deux tours des élections régionales en réclamant l'arrêt de la politique d'ouverture à gauche, estimant qu'elle était en partie responsable de l'hémorragie des voix de l'UMP. L'un des quadragénaires les plus en vue à l'UMP, François Baroin est un des derniers défenseurs de l'héritage chiraquien, même s'il avait apporté publiquement son soutien à Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007. Cet avocat et ancien journaliste, à qui la figure juvénile et les lunettes - remisées depuis quelques années - ont valu le surnom de "Harry Potter", a toujours entretenu de bonnes relations avec Nicolas Sarkozy: il est détenteur du label rare de "chiraquien sarko-compatible". "Sarkozy ne m'a jamais demandé de choisir entre lui et Chirac", assurait-il en mars 2007, lorsqu'il lui a succédé brièvement au ministère de l'Intérieur. En l'intégrant au gouvernement, Nicolas Sarkozy admet l'à-propos de ses critiques sur l'ouverture, le débat sur l'identité nationale ou les réformes. "Nous sommes très nombreux à considérer que trop c'est trop", disait-il fin 2009. Il a dénoncé l'emballement des déficits publics, qui font "souffler un vent mauvais sur la droite". Il y veillera au Budget. LE SENS DE L'OPPORTUNITÉ En novembre dernier, il craignait "la dégradation de la signature française" sur les marchés financiers. Il prônait "un coup de frein considérable" sur les dépenses et "l'augmentation de la fiscalité". François Baroin a "le sens de l'opportunité", disait au Monde son meilleur ami Jean-Michel Blanquer. Lorsqu'il a fallu se lancer en politique, s'implanter dans l'Aube, accepter un ministère ou la direction de l'UMP et, maintenant, rejoindre un gouvernement formé par celui qui prônait la rupture avec Chirac. Il a aussi une ambition présidentielle qu'il n'a jamais cachée. "Si je reste en politique, ce n'est pas pour postuler dans dix ans à un nouveau portefeuille ministériel, mais pour aspirer aux plus hautes fonctions", disait-il en 2007. Né le 21 juin 1965 à Paris, François Baroin a été en quelque sorte "adopté" par l'ancien président Jacques Chirac après la mort accidentelle, en février 1987, de son père, Michel. Ce dernier, haut fonctionnaire, P-DG de la Garantie mutuelle des fonctionnaires (GMF) et de la FNAC et qui fut un moment grand maître de la principale obédience maçonnique française, le Grand Orient, était un ami personnel de Jacques Chirac. François Baroin, titulaire d'un DEA de géopolitique et de DESS de défense et de sciences de l'information, est élu en 1989 conseiller municipal RPR de Nogent-sur-Seine, dans l'Aube. Il est alors journaliste au service politique d'Europe 1. Jacques Chirac veille sur sa carrière politique, fulgurante. En 1993, il est élu député de la troisième circonscription de l'Aube et devient le benjamin de cette nouvelle législature. Il a toujours été réélu depuis. Il est maire de Troyes depuis 1995. PORTE-PAROLE DE CHIRAC En février 1995, il est le porte-parole de son mentor, candidat à la présidence de la République. Après sa victoire, il est nommé porte-parole du gouvernement d'Alain Juppé. Jacques Chirac le nommera en novembre chargé de mission à la présidence de la République puis, en 2002, membre du comité d'orientation de sa campagne pour l'élection présidentielle et un des membres fondateurs de l'UMP. La même année, il est réélu député de l'Aube. Il est élu vice-président de l'Assemblée nationale jusqu'à sa nomination en juin 2005 au poste de ministre de l'Outre-mer dans le gouvernement d'un autre chiraquien, Dominique de Villepin. Il passe deux mois au ministère de l'Intérieur en 2007, succédant à Nicolas Sarkozy qui mène la campagne présidentielle. Il "garde le cap sur une position de fermeté", sur les sans-papiers scolarisés en France et la sécurité. Père de trois enfants, divorcé, François Baroin a alimenté les colonnes de la presse "people", qui a révélé ses liaisons avec la journaliste Marie Drucker et l'actrice Michèle Laroque. Service France, édité par Yves Clarisse