Remboursement des 500 Millions € : Tous les Ministres de l'Agriculture français savaient !

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Le ministre de l'Agriculture, qui doit affronter une crise après que Bruxelles a réclamé le remboursement de 500 millions d'euros d'aides agricoles, assure agir en «étroite concertation» avec l'Élysée et Matignon.

Contraint d'affronter la colère des producteurs de fruits et légumes, Bruno Le Maire s'inquiète-t-il du silence de l'Élysée et de Matignon ? «Pas du tout, répond l'intéressé. Le président et le premier ministre sont silencieux parce qu'on est en août. Je comprends très bien qu'ils ne veuillent pas interrompre leurs vacances et qu'ils laissent le ministre en charge du dossier s'en occuper. J'ai eu le président au téléphone, ainsi que le secrétaire général de l'Élysée, j'agis en étroite concertation avec eux. Et puis, même si la décision tombe au mauvais moment, elle était validée depuis plusieurs mois.» L'ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin, promu à 40 ans ministre de l'Agriculture, ne veut pas douter du soutien de Nicolas Sarkozy, même si l'«omniprésident» s'abstient de voler à son secours.

Au passage, Bruno Le Maire dédouane aussi ses prédécesseurs de droite, Hervé Gaymard et Michel Barnier : «Ils n'ont pas pris la décision parce qu'ils négociaient avec Bruxelles. C'est seulement début 2009 que l'ultimatum est tombé. Ensuite, l'échéance a été repoussée jusqu'au 29 juillet.» L'argument n'a pas convaincu tout le monde dans la majorité. Jacques Remiller, président UMP du groupe d'études sur les fruits et légumes à l'Assemblée, a eu Bruno Le Maire au téléphone lundi. Il veut bien accorder «le bénéfice du doute» au ministre et saluer son «souci de transparence», mais il s'interroge sur «les responsabilités de ses prédécesseurs» : «Des vieux briscards comme Jean Glavany ou Louis Le Pensec (deux des ex-ministres PS de l'Agriculture en poste durant la période incriminée) ne pouvaient pas ignorer que Bruxelles nous sanctionnerait. Quant à Gaymard et à Barnier, je suis sûr qu'ils savaient, mais qu'ils ont laissé passer.» Remiller trouve aussi que «Le Maire est bien seul» dans la tempête.

Véritable provocation 

Si personne, à droite, ne conteste vraiment le fond de la décision, il commence à se murmurer que la forme était «maladroite». «Quand on annonce à quelqu'un qu'il va devoir payer, il ne retient que ça», soupire un responsable UMP. Le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, pourtant proche du parti présidentiel, a qualifié de «véritable provocation» les déclarations de Bruno Le Maire. Xavier Bertrand, lui, reconnaît que la sanction de Bruxelles va poser un problème «difficile» à gérer avec les producteurs de fruits et légumes, mais affirme que «l'UMP et le ministre de l'Agriculture sont sur les mêmes positions» : «Il en allait du crédit de la France, de sa parole, qu'on ne pouvait pas permettre de laisser mettre en doute, surtout à quelques mois du début de la renégociation de la PAC. Maintenant, il faut veiller à ne pas faire souffrir davantage les producteurs.»

Bertrand a appelé Le Maire, mardi matin, pour «faire le point» avec lui et préparer les réponses aux questions qui lui seront forcément posées mercredi soir, lors de la réunion publique qu'il doit tenir à Ajaccio. Le secrétaire général profite de ses vacances en Corse pour faire la tournée des popotes UMP. Et comme il a banni les discours au profit d'un dialogue avec la salle, il va se retrouver en première ligne face à la colère des agriculteurs corses.

Source : Le Figaro - 4 août 2009