RIO + 20 : QUEL BILAN VINGT ANS APRES ?

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SOMMET DE RIO :

le modeste bilan de la réunion de 1992


 
Le développement durable n'est plus une notion abstraite. Néanmoins, la concentration de gaz à effet de serre augmente toujours depuis 20 ans.
 


«Comment traduire sustainable development ?» Dans la fournaise du sommet de la Terre, il y a vingt ans, la question taraudait les journalistes francophones. «Développement soutenable ? Développement durable ?» Ce concept retentissait en boucle, depuis le très éclectique forum des ONG sur la plage de Botafogo jusqu'au sommet officiel des chefs d'États, barricadés quarante kilomètres plus loin.



Le terme semblait alors exotique autant qu'obscur. Pourtant, il fêtait déjà ses 20 ans. La «conférence des Nations unies sur l'environnement humain» de 1972 à Stockholm avait posé les fondations de «l'éco-développement». Sa définition fut formalisée en 1987 dans le rapport Brundtland: «Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.»

Au sommet de la Terre de Rio, le plus grand rassemblement de chefs d'État organisé jusqu'alors, il s'agissait de réconcilier développement économique et protection du patrimoine naturel. «Les pays pauvres nous disent: c'est bien de protéger les éléphants et les forêts, mais ce qui est encore plus important, c'est de donner à boire aux enfants, de donner de l'éducation à nos filles, c'est de donner des éléments concrets à la lutte contre la pauvreté.» Ainsi était résumé l'objectif du sommet de la Terre par la jeune ministre de l'Environnement de François Mitterrand, une dénommée Ségolène Royal. Tirant à chaud les leçons de cette grand-messe onusienne, l'hebdomadaire britannique The Economistdu 13 juin 1992 concluait: «La conférence a voulu en faire trop, deux traités, 800 pages d'un guide vert appelé l'Agenda 21.»

De fait, le premier sommet de la Terre accoucha de ce fameux Agenda 21, de la déclaration de Rio énonçant des grands principes tels que «pollueur-payeur», d'une déclaration de principes relatifs aux forêts, et de deux textes juridiquement contraignants: la convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) et la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette dernière enclencha la lourde machinerie des conférences climatiques annuelles, dont celle de Kyoto en 1997 déboucha sur un protocole engageant les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre avec des objectifs chiffrés.

Processus irréversible  

Vingt ans après Rio, les plus optimistes soulignent qu'un processus, certes pesant mais irréversible, a été enclenché. Que le développement durable n'est plus une notion folklorique portée par les seules ONG mais que responsables politiques et chefs d'entreprises - attendus par centaines à Rio + 20 - sont désormais convaincus de sa nécessité.

Restent quelques chiffres impitoyables. En 2012, la source d'énergie qui a le plus progressé en volume est la plus émettrice de gaz à effet de serre: le charbon qui alimente encore 30 % des besoins énergétiques de la planète. Depuis 1992, la concentration de gaz à effet de serre est passée de 360 parties par million (ppm) à 400 ppm. Un bond de 16 %. De quoi justifier, estime la revue scientifique Natureson titre du 7 juin dernier: «Vingt ans d'échecs».

SOURCE : LeMonde