En effet, la grande majorité des quelques deux-cent cinquante personnes qui se sont enfoncées dans les "traces" de canne dans la nuit noire n'avait jamais vu la plaine de Rivière-Salée qu'en voiture. Assis sur son siège et roulant à 70 ou 80kmh, elle parait minuscule. Par contre, au rythme du pas humain, soit 5kmh, elle parait immense. C'est ce qu'autrefois, nos grands-parents devaient ressentir lorsqu'ils coupaient la canne pour les Békés de l'endroit ou l'amarraient. C'est ce qu'avait dû ressentir le jeune écolier Joseph Zobel lorsqu'il rentrait de l'école primaire du bourg pour regagner la case de sa grand-mère à la Rue-Cases-Nègres. Aujourd'hui, cette dernière a été rasée et remplacée par des villas.

    Près d'une heure trente durant, les courageux marcheurs ont affronté la semi-obscurité, les chemins de terre, les feuilles de canne, les moustiques et autres yenyen, encouragés par la puissante énergie émanant du groupe à pied Nou Pa Sav qui avançait en tête. De retour au Centre culturel de Rivière-Salée où il y avait une exposition consacrée à l'oeuvre de Zobel, des artistes ont lu des poèmes de ce dernier dont certains avaient été traduits en créole par Raphaël Confiant. Enfin une bienvenue collation fut servie aux marcheurs.

   Une belle nuit étoilée en souvenir de Joseph Zobel, écrivain majeur de notre littérature.