Santé Sexe et Sun !

Une étude américaine montre que le climat joue sur le sexe des bébés.
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Les couples qui vivent sous les tropiques ont plus de chances que ceux qui résident en Europe, par exemple, d'avoir un enfant de sexe féminin. C'est ce qui ressort d'une étude épidémiologique parue dans la revue britannique spécialisée Biology Letters.
Bien que publiée un 1er avril, cette enquête, menée par l'endocrinologue Kristen Navara, de l'Université de Georgie (États-Unis), n'est pas une plaisanterie.



La chercheuse a compilé des statistiques fournies par la CIA (Central Intelligence Agency ), qui lui a donné le nombre de naissances de filles et de garçons enregistrées entre 1997 et 2006 dans 202 pays. Si, dans le monde, les garçons représentent, en moyenne, 51,3 % des naissances, ce chiffre recouvre en fait de grandes disparités selon les latitudes.

Ainsi, sous les tropiques, la proportion de mâles tombe à 51,1 % des naissances et même à 50,8 % en Afrique subsaharienne, contre 51,4 % en Europe. Ces différences persistent y compris lorsque l'on prend en compte des préférences «culturelles», comme celles qui favorisent les garçons en Chine ou en Inde, où de nombreux avortements de fœtus féminins sont pratiqués. À noter que cette préférence pour les garçons n'est pas l'apanage de l'Asie, puisqu'on la retrouve également dans nombre de pays africains.

La question de ce que l'on appelle le «sexe-ratio», à savoir cet indice biologique qui désigne le taux comparé de mâles et de femelles au sein d'une espèce pour une génération, fascine les scientifiques depuis des décennies. Au XIXe siècle, le physicien français Pierre-Simon Laplace a comparé les registres des naissances parisien et londonien. En 1930, le Britannique Ronald Fischer s'est penché lui aussi sur le problème.

En France, on compte aujourd'hui, à la naissance, environ 105  garçons pour 100 filles, alors qu'en Chine la proportion est de 120 garçons pour 100 filles. Bernard Jegou, spécialiste de la reproduction à l'Inserm et à l'université de Rennes-I, estime que cette publication britannique constitue une méta-analyse, autrement dit une compilation de la littérature déjà existante. «L'idée de corréler ces résultats aux données de température et de luminosité est astucieuse», relève-t-il.

La glande pinéale

Le chercheur rappelle que chez les animaux sauvages, mais également en laboratoire, on observe que la production de spermatozoïdes est plus importante en été qu'en hiver. Ce phénomène, lié à la durée d'éclairement, est dû à la glande pinéale, située dans le cerveau, qui joue un rôle fondamental dans la régulation du rythme biologique en déclenchant, notamment, la production des gamètes. Sécrétée par cette glande, la mélatonine est le médiateur utilisé pour «traduire» les effets de la lumière sur la reproduction.

«Ainsi, quand la durée de l'éclairement s'allonge, la glande pinéale est davantage éclairée. Dans mon laboratoire, j'observe que, quand on manipule le temps où la lumière reste allumée, on favorise la naissance de mâles ou de femelles chez le hamster. Et plus je laisse la lumière allumée, créant ainsi une différence importante entre le jour et la nuit, plus les hamsters font des filles», observe Bernard Jegou. Exactement comme les hommes sous les tropiques.