L' Abécédaire des promesses non tenues.
Il est temps, en ces derniers jours de décembre, de dresser le bilan des promesses non tenues du président Sarkozy.
2008 fut sa première année entière d'exercice présidentiel. Une année agitée mais maussade pour le Monarque : désastre des élections municipales, tensions internationales, remontée du chômage, présidence européenne sur fonds de crise mondiale.
Les sujets n'ont pas manqué pour justifier le volontarisme du Monarque. Mais le divorce entre Sarkozy et les Français semble consommé : au-delà de ses agapes amoureuses et dérapages Bling Bling, Nicolas Sarkozy paye d'avoir trahi certaines promesses.
L'intégralité de son programme ne pouvait évidemment pas s'accomplir en 86 semaines de présidence.
La critique vise ailleurs. Sur certains sujets, il nous avait promis des résultats rapides. Jugeons-le aux actes. La liste qui suit est une première revue, non exhaustive, des engagements non tenus mais qui auraient dû l'être, un abécédaire des échecs de l'année qui devrait troubler l'électeur du 6 mai.
Banlieues
Franchises médicales
En janvier 2007, Sarkozy promettait la lune. Rappelez-vous: "Je ne pense pas qu’il y ait matière à beaucoup d’économies dans la santé. Compte tenu de l’allongement de la durée de la vie, du progrès médical et de l’aspiration bien naturelle de nos concitoyens à vivre en bonne santé, l’investissement dans la santé sera forcément majeur." Le 1er janvier dernier entraient en vigueur ... de nouvelles franchises médicales pour économiser quelques 650 milliobs d'euros par an sur le dos des malades.
Gouvernement resserré
Le décompte réel des effectifs du gouvernement révèle qu'il n'est pas si resserré que promis par le candidat. Entre septembre 2007 et juillet 2008, selon l'annexe au projet de loi de finances pour 2009, les affectations dans les cabinets ministériels ont crû de 397 personnes et le montant des primes distribuées a progressé de près de 5 millions d'euros.
Immigration
En 2008, Brice Hortefeux peu se targuer d'un succès : au prix de quelques compromis, il fait adopter un pacte européen interdisant les régularisations massives. Mais derrière cet arbre, se cache une forêt d'illusions : l'immigration, thème majeur de Sarkozy en campagne, était (et reste) une diversion : sous couvert de quelques nominations au gouvernement (Rachida Dati, Rama Yade et Fadela Amara) Sarkozy s'est permis ce que jamais la France n'a connu depuis la France de Vichy: création d'un ministère de l'Identité Nationale, regroupement familial durci jusqu'aux tests ADN, tests de Français, quotas ethniques par métier, rafles et traques jusque dans les écoles, industrialisation de la rétention, et ... tribunaux pour étrangers. Rachida Dati a même dû préparer une modification constitutionnelle, et créer une commission ad hoc, pour faire passer ce changement de régime. Si l'on retire les expulsions à Mayotte (17 000 par an), le nombre d'éloignements dépasse péniblement les 10 000 cette année encore. Tout ça pour ça !
Immobilier
Favoriser l'accession à la propriété était l'une des priorités de Sarkozy. Le président nous vantait même les vertus du crédit hypothécaire ! Les mesures de soutien furent votées en 2007. Un an plus tard, on mesure combien le projet était anachronique. La crise des subprimes a éclaté à l'été 2007. La bulle immobilière en France était prête à exploser. De janvier à juin 2008, les crédits immobiliers ont chuté de 11%. La défiscalisation des intérêts d'emprunts n'a servi à rien. Les faillites boursières et le resserrement général du crédit ont achevé les ambitions présidentielles.
Pouvoir d'achat
Cf "Travailler plus pour gagner plus."
Retraites
Contrairement à ce qu'on nous raconte, la "grande" réforme des retraites n'a pas eu lieu. En fait, le gouvernement Sarkozy n'a fait que dégrader le régime par petites touches: suppression des pré-retraites de 57 à 60 ans, revalorisation a minima des pensions ( moins que l'inflation en 2008), allongement à 41 ans de la durée de cotisation retraite passera mécaniquement à 41 ans, en application... de la loi Fillon de 2003.
Le véritable impact de Sarkozy sur les retraites fut la loi TEPA : la défiscalisation des intérêts d'emprunts immobiliers, et des heures supplémentaires (pour ne citer que les deux plus importantes) creusent le déficit des caisses des retraites de quelques 2,5 milliards d'euros par an...
Seniors
"Je mets d’ailleurs les entreprises devant leurs responsabilités. On doit garder les quinquagénaires dans les entreprises" nous expliquait le candidat de la droite en 2007. On croyait qu'il allait agir sur les employeurs. Quel malentendu ! En mai dernier, les (futurs) retraités ont eu confirmation que (1) leur pension n'augmenterait que de 1,9% (1,1% en mars, 0,8% en septembre), (2) les pré-retraités de 57 à 60 ans devraient pointer prochainement au chômage, (3) la durée de cotisation retraite passerait mécaniquement à 41 ans et (4) qu'ils risquent d'être radiés du chômage après deux refus d'emploi comme tout chômeur. 60%* des seniors (55 à 65 ans) ont été ainsi précarisés en quelques jours.
Même si l'examen de cette loi est reportée au 15 janvier 2009, ses supporters devraient s'interroger sur le rétrécissement brutal de son périmètre. Nicolas Sarkozy, qui travaille lui-même rarement le dimanche, a usé et abusé du fameux exemple des ouvertures de magasins sur les Champs Elysées à paris. In fine, il a accepté de limiter le projet de loi à la légalisation des ouvertures actuelles.
"Travailler plus pour gagner plus"
Un an plus tard, le constat tient toujours. En 2007, Sarkozy a conduit une campagne électorale victorieuse, sur des promesses intenables, ou des mensonges grossiers qui n'engagent que ceux qui y ont cru. Le débat électoral méritait mieux que ces intoxications.