Polémique autour du D.E.A. de SARKOZY
En pleine mobilisation des enseignants-chercheurs, un texte du professeur de sciences politiques Alain Garrigou, titré 'Sarkozy et l'université la revanche personnelle d'un cancre', s'est taillé un certain succès sur la blogosphère. Publié par le site de la Fondation Copernic et Mediapart, il y explique la 'petite guerre' livrée par le chef de l'Etat aux scientifiques et aux universitaires par ses études 'assez médiocres'. In Le Monde.
Ce texte rappelle ainsi que Nicolas Sarkozy a étudié à l'IEP de Paris mais n'en a pas obtenu le diplôme, exhume un document montrant qu'il a obtenu de justesse son certificat d'aptitude à la profession d'avocat, et, principale nouveauté, jette le doute sur l'obtention de son DEA de sciences politiques, suivi à Paris X-Nanterre durant l'année scolaire 1978-1979, alors que la biographie présidentielle, sur le site de l'Elysée, précise, sans toutefois le dater, que le diplôme a été obtenu 'avec mention'. Alain Garrigou, qui enseigne à Nanterre depuis 1992 , indique y avoir entendu des anciens dire que Nicolas Sarkozy avait été "collé". Peu avant l'élection présidentielle de 2007, le professeur de sciences politiques a sollicité le président de l'université, qui a fait état d'un document attestant du diplôme. "Mais il y a quelques mois, je suis allé cherché ce qui constituerait une véritable preuve : le procès-verbal de délibération [du jury], dans les archives de l'université, auxquelles je n'ai normalement pas accès", explique-t-il. Il y a trouvé le PV de la première session (reproduit ci-dessus), où on lit que M. Sarkozy avait obtenu en séminaires les notes de 15, 17 et 16, mais n'avait pas passé l'épreuve écrite, ni le mémoire – comme beaucoup d'autres élèves. "Mais le PV de la deuxième session, en février 1980, est le seul qui manque sur quarante années d'existence du DEA", assure M. Garrigou. UNE MENTION "ASSEZ BIEN" Contactés par Le Monde.fr, plusieurs enseignants du DEA se sont déclarés dans l'incapacité de dire si Nicolas Sarkozy avait oui ou non obtenu son diplôme. Hugues Portelli, alors professeur à Paris X, devenu depuis sénateur UMP, se souvient d'une conversation lors de la campagne présidentielle avec l'universitaire Pierre Avril et Nicolas Sarkozy : le premier se rémémorait avoir été le directeur de thèse du second. Pierre Avril précise de son côté que le chef de l'Etat avait en effet projeté une thèse sur les barons du gaullisme, mais y avait renoncé après son élection à la mairie de Neuilly, en 1983. Il ajoute avoir été membre du jury de mémoire de DEA de Nicolas Sarkozy, "avec René Rémond", ancien président de l'université et directeur du mémoire. Une précision qui surprend M. Garrigou et l'université, qui n'exclut pas une confusion avec René de Lacharièrre, alors enseignant du DEA. Pierre Avril se souvient en tout cas que "Nicolas Sarkozy avait obtenu une très bonne note". L'université a de son côté indiqué au Monde.fr, après recherches, que Nicolas Sarkozy a en fait obtenu son diplôme à la session d'octobre-novembre 1980, en conservant le bénéfice de ses notes de séminaires de l'année précédente, et avec 6 à l'examen écrit, et 16 au mémoire. Soit une moyenne de 14, correspondant à la mention "assez bien". Alain Garrigou souligne que pour terminer son diplôme l'année suivante, il faut obtenir une dérogation, "ce qui n'arrive que dans des cas exceptionnels"... L'université indique pour sa part que ce n'est pas si rare. Et devait publier un communiqué sur l'affaire, vendredi 6 mars.