Sélectionné pour le festival int. du film panafricain

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« Retour au pays » 

Le réalisateur Julien Dalle explore la difficulté de retrouver sa terre natale après une longue expatriation 

Est-ce que son pays reste le sien quand on l’aquitté pendant des années ? Pas tout à fait. Parce que l’expatrié a évolué loin des siens, qui eux aussi ont poursuivi leur bonhomme de chemin. Du coup, àson retour, l’enfant du pays doit se réadapter à sa culture, à son peuple. Un thème universel que le réalisateur guadeloupéen Julien Dalle développe dans Retour au pays, sélectionné pour le Festival international du film panafricain de Cannes (du 1er au 5 avril). Le long-métrage doit également être diffusé lors du Festival international cinéma et femme de Guadeloupe (Femi).




Olivier grandit en Guadeloupe. Après le bac, il se rend en France métropolitaine pour faire ses études. Il retrouve sa terre natale chaque année pour les grandes vacances, jusqu’au jour où il décide de rentrer définitivement. « Ah, mon pays ! Une vraie carte postale ! », se dit le héros de Retour au pays à son arrivée. Une carte postale qui lui semble atemporelle. Et ses premiers jours dans le département d’Outre-mer lui donnent raison.

Ce thème n’est pas cher à Julien Dalle par hasard. Installé à Londres et ayant gardé un pied à terre en région parisienne, il se sent « prioritairement guadeloupéen ». Toutefois, il craint qu’en restant « quelques années de plus en Europe » il devienne « plus européen que guadeloupéen ». Et ce malgré ses retours répétés au pays.

Sa mère-poule Mathilde, incarnée par Firmine Richard, reste égale à elle-même. « Olivier est resté dix ans loin d’elle, mais elle considère qu’il est toujours le même enfant qui a quitté la maison… Comme toutes les mères ! », explique Julien Dalle, le réalisateur et scénariste du film. Quant à Sandro (Pascal Boulère, alias Darkman) - le meilleur pote d’Olivier, joué par Laurent Erlong - il rêve toujours de percer dans la musique, entre deux parties de jeux vidéo.

Etranger dans son propre pays

Mais le statu-quo s’arrête là. Olivier réalise très vite que la Terre a continué de tourner en son absence : la vie n’a rien à voir avec celle de ses vacances ou avec le quotidien de l’île qu’il a quittée pour ses études. Lui reste la nostalgie de la Guadeloupe de son enfance et de son adolescence, et le désagréable sentiment que « tout le monde [l’a] oublié ». En outre, il peine à trouver sa place et certains ne manquent pas de lui rappeler que son exil a fait de lui un ersatz de Guadeloupéen…

Habibou Bangré 

Le décor de Retour au pays est guadeloupéen, mais « l’histoire est complètement universelle », souligne Julien Dalle. Le message « est surtout de dire qu’un retour au pays n’est pas une décision que l’on prend à la légère. Ça se prépare. Il faut admettre que l’on doit passer par une période d’adaptation pour éviter un malaise qui pourrait pousser à repartir », commente le réalisateur des Konxs, qui vit en Europe depuis une décennie.

« Se préparer comme si on allait dans un pays étranger »




Et de préciser : « Les expatriés ne se préparent pas à rentrer chez eux comme s’ils se préparaient à aller dans un pays étranger. Alors que, quelque part, ton pays devient étranger parce que tu as évolué ailleurs, et que ce que tu as connu à l’étranger ne peut pas s’appliquer dans ton pays. Aussi, il ne faut pas rentrer en idéalisant son pays d’origine ». Tout un équilibre à trouver entre ses diverses cultures.

Ce thème n’est pas cher à Julien Dalle par hasard. Installé à Londres et ayant gardé un pied à terre en région parisienne, il se sent « prioritairement guadeloupéen ». Toutefois, il craint qu’en restant « quelques années de plus en Europe » il devienne « plus européen que guadeloupéen ». Et ce malgré ses retours répétés au pays.