SERGE LETCHIMY A LAISSE UNE VILLE CAPITALE ENDETTEE ET MORIBONDE !

Misérable rue Victor Hugo... Misérable Ville Capitale !

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Décidément, l’héritage laissé à la Ville-Capitale  semble rattraper le pharaon du Plateau Roy. Après un récent rapport où Fort-de-France figure en tête du peloton des Communes les plus endettées de Martinique, c’est au tour des commerçants du Centre Ville d’exprimer leur désenchantement.
L’article du quotidien France Antilles intitulé "…Misérable rue Victor Hugo" traduit bien cette sinistrose qui gagne la Ville Capitale


 


Est-il trop tard pour sauver la rue Victor-Hugo ?


in quotidien France-Antilles du 7-12-2010 

 

À la veille de fêtes de fin d'année, les commerçants de la plus prestigieuse rue au bord du désespoir.... « Cette rue, c'était un peu les Champs-Elysées de Fort-de-France » . C'est l'opinion que vous entendrez communément, en questionnant Monsieur tout-le-monde sur la réputation de cette artère de la capitale. Il n'y a pas si longtemps son standing était tel que certains n'osaient même pas la fréquenter. Depuis, de l'eau a bien coulé sous le pont de l'abattoir, et force est de constater la baisse de fréquentation, si ce n'est la mort lente de cette rue jadis si prestigieuse. Sur la centaine de boutiques qu'elle comportait il y encore quelques années, il semble que plus de la moitié a baissé ses rideaux, ou encore a changé d'enseigne avec des produits de moindre gamme. Le cri d'alarme, et parfois de désespoir, est particulièrement lancé par les commerçants qui tentent encore d'exercer dans la portion partant de la rue Victor-Schoelcher en direction de la Savane.

Annie-Claude Dubois est une de celles qui expriment tout le désarroi que provoquent les changements successifs ou encore la fermeture pure et simple, de plus d'une dizaine de commerces autrefois très achalandés par les touristes comme des bijouteries, des boutiques de prêt-à-porter de marques ou encore la parfumerie aux deux prénoms, dont la renommée dépassait notre île. Gestionnaire d'un immeuble au numéro 25 de la rue, elle a suivi depuis 15 ans la dégradation progressive de l'activité dans cette partie de la ville basse, car « perpétuellement cela change, les commerces ferment et les gens s'en vont puisqu'ils ne peuvent pas de tenir un bail et des pas-de-porte très élevés » , avoue-t-elle. De 800 à 1 000 euros la location d'une petite boutique de moins de 20 m2, sans compter les charges, c'est en effet « mission impossible, avec moins de 10 clients par jour » , confie une nouvelle venue dans la rue.

 

La Savane de tous les maux

Autre signe visible de cette sinistrose, la fermeture de la galerie marchande reliant la rue au bord de mer, tout comme la cessation d'activité de l'espace restaurant à l'étage, véritable attraction en matière de restauration pour les touristes de passage. À ce propos, la baisse de la fréquentation touristique en général, et le départ des grands bateaux de croisière sont sans doute à l'origine des maux dont souffre cette ancienne vitrine de Foyal, même si les commerçants veulent rejeter la plus grande part de la faute sur « les interminables travaux » pour le réaménagement de la Savane. La présence de plusieurs magasins de souvenirs aux couleurs madras est bien là pour prouver que ce secteur de Fort-de-France était intimement lié au tourisme, qui en a fait les beaux jours jusqu'au début des années 2000. Depuis 10 ans, le chiffre des croisiéristes a très fortement chuté, et c'est la quasi-totalité des commerces de la ville qui peut s'en plaindre. Autres points noirs selon les observateurs, la difficulté du stationnement si ce n'est la cherté des places de parking.

C'est d'ailleurs ce dernier point qui explique selon une commerçante, la délocalisation à la périphérie de Fort-de-France de beaucoup de services et bien entendu des hypermarchés. Pour parfaire le tableau, Jacqueline, vendeuse depuis 15 ans d'objets souvenirs, dira : « de toute façon les gens trouvent que tout est trop cher, et pour les touristes, c'est pire : l'autre jour à l'occasion du passage du gros bateau de croisière nous n'avons encaissé que 10 euros! » .

En somme, confieront la plupart des personnes rencontrées, « c'est la crise dans tous les domaines » , et tout dérangement lié à des travaux même de rénovation et d'embellissement est un désagrément supplémentaire qui vient rajouter à la morosité ambiante.

 

- La Malmaison, la bien nommée

 

 

Situé à l'entrée de la rue Victor-Hugo et face à la savane, cet hôtel d'une vingtaine de chambres a été durant des décennies un lieu de référence, tant pour les touristes, que pour beaucoup de Foyalais qui y avaient leurs habitudes.

À l'image de beaucoup d'établissements hôteliers de la capitale, il n'a pas pu prendre le virage de la rénovation ou de la restructuration, en raison sans doute de la crise du secteur du tourisme. Acheté par la collectivité départementale, l'hôtel attend aujourd'hui des jours meilleurs, puisqu'il sera l'extension toute trouvée du musée d'Archéologie mitoyen. Les appels d'offres seraient lancés, et les travaux pourraient débuter d'ici deux ans...

Dans l'intervalle il faudra tenir avec cette façade quelque peu défigurée, interdit aux squatters avec ses entrées emmurées. Une maison bien mal en point!

 

 

- LEUR AVIS

 

ANNIE-CLAUDE DUBOIS, GÉRANTE D'UN BAIL COMMERCIAL : « Vraiment on est délaissé »

Autrefois, tout le monde voulait m'acheter des boutiques, mais aujourd'hui louer c'est très difficile. Tant qu'on avait les touristes et la Savane, cela tournait encore, bien qu'il y ait eu déjà une baisse de l'activité. J'ai l'impression de toute façon que personne ne s'occupe de la rue il y a des trous dans la chaussée, et elle est sale. Vraiment on est délaissé, nous qui étions auparavant la vitrine de Fort-de-France.

 

MARGARET, DE MADRAS SOUVENIRS : « Que des liquidations et des faillites »

Je n'assiste depuis quelques temps qu'à des liquidations et des faillites, alors qu'il y a quelques années encore je n'aurais vendu mon pas-de-porte à aucun prix. Cela fait 25 ans que je suis dans le commerce du souvenir, et depuis ces cinq dernières années on rame! Avec le changement du débarcadère, plus la fermeture pour travaux de la Savane, sans compter le déplacement du parking des taxis, il n'y a plus de passage dans la rue. La rue n'est plus ce qu'elle était, d'autant que les touristes ont changé leurs habitudes et préfèrent partir en bus ou en 4 X 4 vers l'intérieur du pays. La vi rèd mèmm!

 

PATRICK, AGENT DE SÉCURITÉ : « L'absence de tout élu ou décideurs »

Depuis maintenant 20 ans que j'exerce à la rue Victor-Hugo, j'ai été témoin de bien des changements. J'ai connu en effet l'âge d'or de la rue qui avait un tel standing et un tel prestige que certaines personnes estimaient ne pas pouvoir s'y rendre. Ce que je regrette le plus, c'est l'absence de tout élu ou décideurs à nos côtés, ne serait-ce que pour encourager les commerçants et leur expliquer les tenants et les aboutissants des travaux en cours. Pour ma part, je crois que les travaux de la Savane seront terminés quand je serai à la retraite.

 

L'ÉQUIPE DE LA BOUTIQUE DE TÉLÉPHONIE : « L'activité s'est délocalisée »

 

À notre ouverture en décembre 2005, la rue fonctionnait encore très bien, et nous étions l'un des points de vente phare de notre entreprise. Depuis la fermeture de la Savane, forcément toute l'activité s'est délocalisée vers d'autres secteurs, et nous avons une forte baisse de notre chiffre d'affaires. Certains jours, la rue est si déserte que nous ne signerons qu'un ou deux contrats contre 20 ou 30 autrefois.

 

SOURCE : H.B. FRANCE-ANTILLES MARTINIQUE - Mardi 7 Décembre 2010