in.Montray.Kréyol.
Le carnaval est fini, Vaval est mort et enterré et il faut, hélas pour certaines personnes, revenir aux choses sérieuses. Car c'est bien joli de caricaturer ses adversaires politiques en les transformant en "bwabwa" comme la municipalité de Fort-de-France vient de le faire en "commandant" (en réalité, en "commanditant"), comme l'a déclaré Alain ALFRED sur ATV, une effigie à de pseudo-artistes, mais maintenant, il faudrait savoir si soi-même on ne serait pas par hasard un..."babwa".
Car le même Alain ALFRED, président de la CFTU (Compagnie Foyalaise de Transport Urbain), doit maintenant s'expliquer sur les 5,3 millions d'euros de déficit qu'accuse cette dernière.
Il ne s'agit pas d'un "milan" ni une rumeur malveillante, mais tout simplement du chiffre avancé par le rapport de gestion du conseil d'administration et divers rapports de commissaire aux comptes. En fait, la CNCC (Commission Nationale des Commissaires aux comptes) n'a tout simplement pas certifié les comptes de l'année dernière ! La nouvelle a été annoncée aux actionnaires réunis en assemblée générale peu avant les festivités carnavalesques. Actionnaires qui sont au nombre de 3 (la CFTU est une Société d'Economie Mixte) : la CACEM (qui détient 53% du capital), la municipalité de Fort-de-France (27%) et TRANSDEV (un groupement d'entreprises privées (20%). Appel a été fait auxdits actionnaires pour recapitaliser l'entreprise et la CACEM aurait voté une somme d'un montant de...500.000 euros à cet effet, somme absolument ridicule face à l'ampleur du déficit constaté. Quand un actionnaire majoritaire est mis face à un déficit de 5,3 millions d'euros et qu'il propose une recapitalisation de seulement 500.000 euros, on est en droit de se demander s'il se fout du peuple. S'il prend ce dernier pour un..."bwabwa". Car c'est bien le peuple à savoir les bas salaires, les jeunes, les chômeurs, les femmes seules, les vieux etc...qui prennent majoritairement les cars de la CFTU (et qui prendront les bus haut de gamme du TCSP), pas les fonctionnaires, les professions libérales et encore moins les Békés.
En votant, cette recapitalisation grotesque, la CACEM n'affiche-t-elle pas un mépris total envers toutes ces personnes ?
Certes, mais il y a encore deux autres actionnaires, pourrait-on se dire, et en collant bout à bout de petites sommes, on devrait arriver à une recapitalisation un tant soit peu conséquente de la CFTU. Sé ti grenn diri ka plen sak, n'est-ce pas ? Sauf que la ville de Fort-de-France, dirigée par le PPM, accuse, pour sa part, un déficit de......et ne peut tout simplement pas faire un geste autre que symbolique. Et ce ne sont pas les autres villes du Centre (Le Lamentin, Schoelcher et Saint-Joseph), sollicitées par Fort-de-France qui mettront la main à la poche ! Quand à TRANSDEV, c'est motus et bouche cousue pour l'heure. Alors, pour se justifier, pour expliquer cet énorme déficit, Alain ALFRED invoque le non-paiement de la marche à blanc du TCSP laquelle, on s'en souvient, s'est déroulée entre mars et août 2017 à la demande de MARTINIQUE TRANSPORT, désormais l'autorité organisatrice du transport à la Martinique. Sauf que...
Sauf qu'il y a un hic...
Comme l'a dénoncé, Alfred MARIE-JEANNE, président de MARTINIQUE TRANSORT, il y a "une totale opacité" en ce qui concerne le coût de cette marche à blanc tel qu'il a été présenté par la CFTU. Des questions écrites et très précises ont été adressées par lui à ce sujet aux responsables de cette dernière, mais aucune réponse sérieuse, c'est-à-dire appuyée par des éléments précis et chiffrés, n'a été apportée à ce jour. Quant au coût d'exploitation annuel du TCSP, pa menm palé ! Il a été visiblement, surévalué, gonflé même, pour permettre à l'entreprise de combler les dettes accumulées par le passé. En réalité, il devrait être trois fois moins élevé que celui qu'a présenté la CFTU ! En effet, comme par hasard, ce coût d'exploitation annuel serait de 14 millions d'euros. Sans même parler des 118 emplois nouveaux demandés !
MARTINIQUE TRANSPORT a donc rejeté ces demandes que le premier venu, le premier "bwabwa" venu, serait amené à considérer comme tout à fait exagérées. En fait, c'est à se demander s'il n'y aurait pas quelque manœuvre politique derrière tout cela visant à empêcher le TCSP de démarrer de façon à avoir, pour les manœuvriers, un excellent argument électoral en...2021. C'est-à-dire lors du renouvellement de la CTM. Sauf que cette date est encore loin, que trois ans, ce n'est pas trois mois et que dans ce micmac, c'est encore le peuple, ceux qui prennent les transports en commun, qui paient les pots cassés.
Quelqu'un a parlé, dans un poème bien connu, de sortir du "Carnaval des autres", la CFTU, ne devrait-elle pas commencer par sortir du Carnaval d'elle-même ?...
SOURCE : Montray Kréyol