URGENCE : APRES UN ARRET CARDIAQUE, LE BOUCHE-A-BOUCHE EST-IL OBLIGATOIRE ?

Pas forcément !

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Les témoins d'un arrêt cardiaque ont, en général, le réflexe d'appeler les urgences. Un médecin régulateur leur indique alors la démarche à suivre, bouche-à-bouche ou massage cardiaque, en attendant l'arrivée des premiers secours.


Deux études publiées dans le dernier New England Journal of Medicine montrent que les chances de survie sont identiques pour le malade, que le spécialiste ait donné par téléphone des instructions de compression thoracique uniquement ou avec bouche-à-bouche. La raison en est simple : le massage cardiaque est facile à réaliser alors que le bouche-à-bouche demande plus d'explications et qu'il est moins aisé à pratiquer.


Dans un premier travail, Thomas Rea de l'Emergency Medical Services Division of Public Health for Seattle and King County à Seattle et ses collègues ont étudié 1.941 patients ayant fait un arrêt cardiaque en présence d'un témoin qui a effectué les premiers gestes. La survie a été similaire que les malades aient bénéficié d'un seul massage cardiaque ou de compressions thoraciques alternées avec le bouche-à-bouche. Il en a été de même pour l'évolution neurologique. "Ces résultats renforcent la stratégie d'insister sur les compressions thoraciques et de minimiser le rôle du bouche-à-bouche pour les non-spécialistes", concluent les auteurs. Dans la seconde étude, Leif Svensson de l'institut Karolinska à Stockholm et ses collègues ont comparé la survie à 30 jours de 1.276 patients répartis entre les deux possibilités de délivrance d'instructions. La survie était là encore similaire dans les deux groupes.

 

Le bouche-à-bouche plus efficace en cas d'asphyxie et de noyade. 

En revanche, si l'arrêt du coeur n'est pas d'origine cardiaque - asphyxie, noyade... -, le fait d'ajouter le bouche-à-bouche au massage cardiaque est plus efficace que la compression thoracique seule en termes de pronostic neurologique, selon une étude japonaise publiée dans Circulation. Mais l'impact sur la survie de la réanimation avec bouche-à-bouche reste faible, soulignent Tetsuhisa Kitamura, de l'université de Kyoto, et ses collègues. Ainsi, par comparaison avec la compression thoracique seule, il faudrait réaliser 290 tentatives de réanimation avec bouche-à-bouche pour sauver une vie sans séquelles neurologiques. C'est pourquoi ces auteurs suggèrent que le massage cardiaque continue d'être enseigné prioritairement.

Anne Jeanblanc in Le Point