Essor des groupuscules racistes aux USA
Le nombre des groupes racistes d'extrême droite a augmenté de 54% en huit ans. Un phénomène plus marqué depuis l'élection de Barack Obama à la Maison-Blanche.
Pour certains, la pilule est dure à avaler. Les groupuscules d'extrême droite, qui n'ont toujours pas digéré l'élection du premier président noir des Etats-Unis, connaissent un nouvel essor dans le pays après une décennie de déclin, selon une étude publiée mercredi. Mus par une idéologie raciste, antigouvernementale et anti-immigration, les groupuscules américains qui ont prospéré dans les années 1990 sont en train de se développer, a indiqué le Southern Poverty Law Center (SPLC), une association reconnue pour son travail sur l'extrême droite. «C'est la croissance la plus importante à laquelle nous assistons depuis 10 ou 12 ans», a indiqué un responsable de la police, cité par le SPLC dans son étude intitulée «La deuxième vague : le retour des milices». Selon des données du SPLC, le nombre de groupes racistes, y compris ces groupuscules, a augmenté de 54% entre 2000 et 2008, passant de 602 à 926. «Il ne manque qu'une étincelle. Ce n'est qu'une question de temps avant de voir arriver des menaces et des violences», explique l'agent cité par le rapport. PHOTO : L'habitation d'un chef de milice dans l'Alabama. A.P. Entraînements paramilitaires De l'Idaho jusqu'au New Jersey en passant par le Michigan et la Floride, ces groupes paramilitaires habillés en uniforme kaki et tenue de camouflage multiplient les exercices au tir et les camps d'entraînement en forêt. La peur d'un contrôle renforcé sur les armes à feu a aussi fait exploser leurs ventes, garnissant les stocks des groupuscules. On peut retrouver leurs faits d'armes sur les sites de partage vidéo sur internet où leurs thèses se répandent et leur influence grandit. Une des principales raisons de cette poussée de la droite radicale tient à l'élection de Barack Obama. «La grande différence avec les mouvements des années 1990 provient du fait qu'à la tête du gouvernement fédéral, qui est l'ennemi numéro un pour ces groupuscules, se trouve désormais un noir. Cette donnée a injecté un fort élément racial dans les thèses développées par ces milieux», explique l'étude. L'arrivée à la Maison-Blanche d'Obama, qui reçoit près de trente menaces de mort par jour, avait provoqué une vague de réactions racistes à travers tout le pays. En octobre 2008 déjà, un complot de deux néonazis visant à l'assassiner dans le Tennessee avait été déjoué. Meurtres et agressions racistes se sont répétées depuis. Le rapport évoque par exemple le cas, près de Boston, d'un homme blanc qui, révolté par le «génocide» de sa race, a tué deux immigrants africains. Pour preuve, la Maison-Blanche a exprimé mercredi son indignation après la découverte d'une croix gammée peinte sur le panneau d'accueil planté à l'entrée des bureaux d'un élu démocrate noir qui venait de participer à un débat houleux sur la réforme du système de santé, l'un des grands projets du mandat du président. Par ailleurs, note le rapport, l'explosion de l'immigration latino a grandement contribué au renforcement du sentiment anti-immigré des groupuscules. Déplorant cette poussée de la droite radicale, l'étude précise tout de même que le niveau atteint n'égale pas celui des années 1994-1995. Le 19 avril 1995, un jeune militant d'extrême droite, Timothy Mc Veigh, avait commis à Oklahoma City un attentat au camion piégé, faisant plus de 168 morts. Il était membre du Patriot Movement, un groupe d'extrême droite anti-gouvernemental. Source : Associated Press