Cette mesure-clé du programme du président américain vise à fournir une protection à 31 des 36 millions d'Américains qui en sont dépourvu. Les lobbies des Laboratoires pharmaceutiques et les assureurs ont du capituler devant l'audace et la ténacité de Barack Obama. La réforme, sur laquelle plusieurs générations d'hommes politiques depuis le président Theodore Roosevelt (1901-1909) ont planché sans pouvoir la concrétiser, devrait marquer la présidence de Barack Obama.
Le Sénat américain a offert à Barack Obama un cadeau de Noël longuement désiré. La chambre haute du Capitole a adopté jeudi matin le projet de loi sur la couverture maladie, l'une des mesures clés du programme de réforme du 44e président américain, visant à rendre l'assurance santé plus accessible aux Américains. Le projet de loi du Sénat prévoit de fournir une protection à 31 des 36 millions d'Américains qui en sont dépourvu. Au total, avec le projet de loi du Sénat, 94% de l'ensemble des Américains de moins de 65 ans seraient couverts. Les personnes plus âgées bénéficient déjà d'un programme ad hoc fourni par l'Etat fédéral: le Medicare. Les sénateurs ont approuvé le texte par 60 voix contre 39, soit sans aucune voix de l'opposition républicaine. Barack Obama a salué ce «oui», le qualifiant de «moment historique» pour le pays. Le vote met un terme à plusieurs mois de négociations entre la majorité démocrate et la Maison-Blanche, ainsi que de nombreuses discussions avec l'opposition républicaine. Mais les débats au Congrès ne s'arrêtent pas là. Le texte devra encore être fusionné avec celui déjà voté à la Chambre des représentants le 7 novembre. Une version définitive devra ensuite être envoyée au président Obama pour promulgation. Les démocrates aimeraient y parvenir avant le discours sur l'état de l'Union, prononcé chaque année par le président, durant la dernière semaine de janvier. Toutefois les discussions risquent d'être compliquées, le texte de la Chambre des représentants comporte, contrairement à celui du Sénat, «l'option publique», à savoir la création d'un système d'assurance santé géré par le gouvernement. Le texte de la chambre basse diverge aussi sur des enjeux sensibles tels que le financement ou l'avortement. Un vote qui devrait marquer la présidence Obama Les 60 sénateurs de la majorité démocrate s'étaient mis d'accord dès les petites heures de lundi sur un texte de compromis, en votant la clôture des débats, qui ont duré 24 jours. En début de semaine, il était encore question d'un vote jeudi soir, mais démocrates et républicains se sont mis d'accord pour éviter une mise aux voix en plein réveillon de Noël. Le projet de loi a finalement été adopté à 7H15 du matin heure américaine. Vicki Kennedy, la veuve du sénateur du Massachusetts Edward Kennedy, mort en août dernier et qui avait consacré toute sa vie à cette cause, a assisté au moment solennel depuis la galerie du public du Sénat. «Ce matin, ce n'est pas la fin du processus, c'est juste le début. Nous continuerons à bâtir sur ce succès pour améliorer encore notre système de santé», a souligné le chef de la majorité démocrate Harry Reid avant le vote. Signe de l'épuisement des parlementaires après des semaines de tension, Harry Reid a d'abord dit «non» au projet de loi pour lequel il a combattu d'arrache-pied, avant de se reprendre et de déclarer «oui», suscitant l'hilarité de ses collègues. Barack Obama peut se féliciter que le texte concocté par le Sénat ait finalement reçu le soutien de la grande association professionnelle des médecins (American Medical Association) ainsi que de la principale association de défense des droits des retraités (America Association of Retired Persons). Historique, la réforme de la santé est loin encore d'avoir apaisé toutes les divisions. Les compagnies d'assurances, laboratoires pharmaceutiques et fabricants d'équipements médicaux sont soumis à de nouvelles taxes proportionnelles à leurs parts de marché. Les prélèvements obligatoires qui financent Medicare (le programme fédéral d'assurance des retraités) sont augmentés pour les personnes de revenus supérieurs à 200 000 dollars par an. Les dépenses de Medicare devront être réduites de 483 milliards de dollars sur dix ans. Les assureurs ne peuvent refuser personne Les assureurs privés ne peuvent plus refuser d'assurer les individus jugés trop malades ou à haut risque de maladie. Les primes demandées aux personnes âgées ne peuvent pas dépasser le triple de celles demandées aux plus jeunes. Les assureurs doivent participer à un marché transparent organisé au niveau des États pour permettre aux particuliers et aux entreprises de comparer leurs offres. Aucun nouveau programme public n'est créé pour concurrencer les assureurs privés.