U.S.A. : Présidentielle - 3° débat

obamamccaindbatdern.jpgMc Cain offensif, Obama serein!

Face aux allusions de McCain  sur son passé, ses rapports supposés avec des terroristes, ses liens avec William Ayers, l'ex-militant d'extrême gauche,  Barack Obama, serein, lui répondit : "Je crois que le peuple américain n'est pas très intéressé par nos sentiments personnels. Cela ne me dérange pas d'être attaqué durant les trois semaines de campagne qui viennent. Mais ce que nous ne pouvons pas nous permettre, c'est quatre ans de plus avec les mêmes politiques économiques de l'échec"

Le noyau dur de son camp l'attendait là. Et de fait, M. McCain s'est montré bien plus agressif que lors des deux débats précédents. Non seulement il a posé ces questions, mais il a accusé à une occasion M. Obama d'avoir "menti", dénoncé plusieurs fois son "brio rhétorique" masquant des comportements néfastes, enfin tenté de convaincre les téléspectateurs qu'il était "lié aux partisans les plus extrémistes de l'avortement" et qu'il visait à "établir la lutte des classes".
 

Mais il n'a pas osé pousser cette logique jusqu'au bout, comme s'il hésitait sur la ligne à suivre, laissant son adversaire répondre placidement point par point, éluder même certaines attaques, comme si elles étaient insignifiantes. M. Obama, dans la position du boxeur menant largement aux points au dernier round, ne cherchait qu'à parer les coups, pour mieux afficher sa supériorité.

 
La déclaration finale de chacun a reflété l'état de leur campagne à dix-neuf jours du scrutin. M. McCain a de nouveau vanté son "bilan", appelant les indécis à "voter pour celui qui donne le plus confiance". M.Obama a pris de la hauteur : "Nous allons vers des temps difficiles", le rétablissement ne sera "ni aisé ni rapide". Il exigera l'unité des Américains et nécessitera "de retrouver l'esprit de sacrifice, de service et de responsabilité". Il parlait déjà des lendemains du scrutin.

 

"JOE LE PLOMBIER"

Surprenant débat : la journée avait commencé par l'annonce d'une importante chute de la consommation américaine en septembre. Avait suivi la publication d'un rapport de la Réserve fédérale (Fed, banque centrale) évoquant un "septembre noir" des principaux indicateurs de l'économie.

Enfin, la peur d'une récession longue avait fait perdre 7,9 % à Wall Street : la pire journée depuis vingt et un ans.
 
Dans un débat portant sur les "questions intérieures", on attendait que le médiateur commence par poser la question qui intéresse toute l'Amérique : quelle est votre stratégie pour sortir le pays de la crise? Il a simplement demandé à chacun de décliner les avantages de son "plan", puis évoqué la santé, l'éducation, le déficit budgétaire, l'énergie, les accords commerciaux.
 
Seules nouveautés, chacun s'est exprimé sur le choix de son colistier par son adversaire et sur son attitude quant à la désignation éventuelle de nouveaux membres à la Cour suprême.
 
Même si les deux hommes les ont brièvement évoqués dans leurs propos préliminaires, le débat, avec la répétition de positions déjà connues, a paru presque déconnecté de l'anxiété et du désarroi qui saisissent aujourd'hui tant d'Américains.
 
Chacun a ainsi réitéré son credo. S'adressant à plusieurs reprises à "Joe le plombier", un employé d'une petite PME qui avait apporté la contradiction à M. Obama au cours de sa campagne, M. McCain a assuré que son opposant démocrate l'"écraserait" d'impôts.

M. Obama a affirmé que le sénateur républicain paupériserait plus encore les classes moyennes. Au jeu des petites phrases destinées à satisfaire les médias, M. McCain s'est montré plus efficace : "Je ne suis pas George Bush. Si vous souhaitiez l'affronter, il fallait vous présenter il y a quatre ans", a-t-il asséné à son rival. Mais en filigrane, la stratégie de sortie de crise était présente dans chaque réponse.

 Pour M. McCain, la nécessité de réduire le train de vie de l'Etat et de diminuer la fiscalité pour favoriser la relance.

Pour M. Obama, la redéfinition des priorités et l'engagement de dépenses publiques dans plusieurs secteurs.

Au vu des sondages récents, la question la plus fréquente, avant le débat, n'était plus "la course est-elle jouée?", mais M. Obama l'emportera-t-il par "une marge à deux chiffres"? La dernière enquête d'opinion (CBS-New York Times) lui allouait 12 points d'avance. D'autres sondages entre 6 à 14 points.
 
Ce débat n'a sans doute pas changé la donne, d'où il ressort que le sénateur de l'Illinois apparaît désormais plus "présidentiel" et son adversaire "vindicatif". Les sondages réalisés à son issue par les grandes chaînes, Fox News, ouvertement pro-républicaine, incluse, ont tous donné un nouvel avantage substantiel à M.Obama dans cet ultime affrontement.