Barack Obama défend la fermeture de Guantanamo
Barack Obama a défendu sans faiblir sa décision de fermer la prison de Guantanamo jeudi, même si la veille les sénateurs dans une rare unité lui ont refusé un budget de 80 millions de dollars pour mener à bien ce projet.
Le président américain s'est engagé à "balayer le désordre de Guantanamo", hérité, a-t-il souligné, de l'ère Bush, tout en affirmant que l'existence même de cette prison compromettait la sécurité nationale des Etats-Unis et servait de point de recrutement pour le réseau Al-Qaïda. Dans son discours prononcé aux Archives nationales à Washington, Barack Obama a déclaré qu'environ 500 détenus avaient déjà été libérés par l'administration Bush, et que le fonctionnement de cette prison avait "atteint l'autorité morale qui est la plus forte monnaie d'échange de l'Amérique dans le monde". Actuellement, 240 prisonniers restent détenus à Guantanamo. S'exprimant devant un parterre de juges, d'avocats et de procureurs des cours martiales américaines, de diplomates, d'hommes politiques et de représentants des groupes de défense des libertés civiles, le président a expliqué que ses services étaient en train d'étudier le cas de tous les détenus "pour déterminer le traitement approprié à chacun d'eux". "Personne ne s'est jamais échappé de l'une de nos prison 'supermax' qui détiennent des centaines de terroristes condamnés", a-t-il rappelé. Le président a précisé que son gouvernement avait approuvé le transfert de 50 prisonniers de Guantanamo vers d'autres pays. Barack Obama n'a cependant pas pu offrir de réponse claire quant à la question de savoir que faire des détenus qui ne seront pas jugés pour crimes de guerre, mais qui devront probablement rester en prison toute leur vie. Le groupe, a-t-il expliqué, de ceux "qui ne peuvent pas être poursuivis mais qui représentent un danger clair pour le peuple américain". Parmi ces prisonniers, a-t-il détaillé, certains ont fait allégeance à Oussama ben Laden "ou montré d'une autre manière qu'ils voulaient tuer des Américains". "Mon gouvernement travaillera avec le Congrès pour trouver un statut juridique adapté" et "cohérent avec nos valeurs et notre Constitution", a assuré Barack Obama. "Je veux être honnête: c'est la question la plus difficile que nous ayons à régler", a-t-il prévenu. Mercredi, le Sénat a infligé un sérieux revers au président américain en rejetant la demande de financement de 80 millions de dollars (58,7 millions d'euros) réclamés par les ministères de la Justice et de la Défense pour le transfert des 240 détenus de la base américaine à Cuba. Certains parlementaires ont exprimé leurs réticences à voir d'anciens détenus de Guantanamo jugés ou incarcérés sur le sol américain. Par ailleurs, Barack Obama a défendu sa décision de s'opposer à la diffusion de photos montrant des abus commis sur des détenus en Irak et en Afghanistan par des Américains. "La publication attiserait le sentiment anti-Américain" et mettrait en danger les soldats américains en Irak et en Afghanistan, a-t-il réaffirmé. De son côté, l'ancien vice-président Dick Cheney a défendu jeudi le bilan de l'administration Bush, et critiqué la fermeture de la prison de Guantanamo, jugeant que la décision avait été prise "sans grande concertation ni planification". Pour lui, ce sont les choix de George W. Bush en matière de sécurité nationale qui ont empêché que les attentats du 11 septembre 2001 ne soient "le prélude à quelque chose de pire". Rejetant "l'indignation feinte et le discours moralisateur hypocrite" sur les méthodes de la CIA et de l'armée pendant les interrogatoires des présumés terroristes, Dick Cheney a assuré que la simulation de noyade ("waterboarding") n'avait par exemple été utilisée que sur "trois terroristes" et a jugé qu'en temps de guerre, il n'y avait pas de voie moyenne. "Des mesures en demi-teinte vous laissent à demi-exposés", a-t-il estimé. AP