USA : Une Portoricaine de 55 ans à la Cour Suprême

Le Sénat US valide la nomination de Sonia SOTOMAYOR

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Son histoire pourrait être un exemple du "rêve américain". Sonia Sotomayor a vécu dans un milieu modeste à New York au sein d'une famille portoricaine, avant de connaître une brillante carrière de magistrate.

Par 68 voix contre 31, le Sénat américain vient d’approuver sa nomination à la Cour suprême faisant d’elle la troisième femme et première juge d'origine hispanique à siéger dans cette juridiction garante du respect des lois et de la Constitution aux Etats-Unis

 


Mme Sotomayor, qui aime à se définir comme une "new-yorkricaine", a grandi dans un quartier de logements sociaux du Bronx à la fin des années 50-début des années 60 après que ses parents eurent quitté Porto Rico pour s'installer à New York. Ces cités n'étaient alors pas aussi dangereuses qu'elles allaient le devenir des années plus tard, mais n'offraient pas le confort et la tranquillité de la banlieue new-yorkaise.

Elle n'a pas été épargnée par les épreuves dans son enfance: elle souffre du diabète depuis l'âge de huit ans et a perdu son père à neuf ans. Sa mère l'a alors élevée seule et a dû occuper deux emplois, dont un comme infirmière, pour faire vivre la famille.

La jeune Sonia Sotomayor s'évadait de son quotidien en lisant les aventures de la détective Nancy Drew, héroïne fictive de livres destinés aux enfants et adolescents. Elle regardait également la série télévisée "Perry Mason", dont un épisode l'a marquée en particulier: en regardant la caméra se poser sur le juge, elle a pris conscience qu'"il était le personnage le plus important dans la pièce", a-t-elle raconté en 1998 dans un entretien à l'Associated Press.

Diplômée de l'université de Princeton et de la faculté de droit de Yale, Mme Sotomayor, qui a un frère médecin, a été procureure et avocate privée. Elle est devenue juge à la cour fédérale du district sud de New York en 1992, puis en 1998 juge à la cour d'appel fédérale du Second Circuit, qui couvre New York, le Vermont et le Connecticut.

Sa carrière a dépassé les clivages politiques. C'est un président républicain, George Bush père, qui l'avait d'abord nommée juge fédérale en 1992, et c'est un président démocrate Bill Clinton qui a fait d'elle un juge de cour d'appel fédérale.

"Je ne crois pas que quelqu'un m'ait regardée comme une femme ou une hispanique et ait dit: 'nous allons la nommer à cause de l'une de ces caractéristiques'. Ce n'est pas ce qui s'est passé", assurait-elle il y a onze ans.

Mme Sotomayor, 55 ans, est une fan de base-ball. Elle a grandi près du stade des Yankee et adore cette équipe. Ironie du sort, dans l'une de ses décisions les plus marquantes en tant que juge fédérale, elle a en 1995 délivré une injonction aux propriétaires de clubs de base-ball, mettant fin à une grève de sept mois et demi qui avait entraîné l'annulation de la phase finale du championnat nord-américain pour la première fois en 90 ans.

D'une nature enjouée, cette bonne vivante aime bien manger, aussi bien un hot dog acheté au coin de la rue qu'un bon repas dans un restaurant chic. Installée désormais dans le quartier de Greenwich Village, à New York, elle apprécie les dîners entre amis et les sorties pour aller voir de la danse classique, des opéras et des matches de base-ball.

"J'aime rire", avoue Mme Sotomayor, qui se décrit comme une personne "aimant s'amuser, très ouverte et très humaine". Elle précise que rire l'a aidée à surmonter les épreuves de son enfance.

Elle est "brillante, intelligente et humble", souligne Carlos Ortiz, de l'Association nationale hispanique du barreau, ajoutant qu'elle est en même temps une "Américaine ordinaire".

Mme Sotomayor "a surmonté l'adversité dans sa jeunesse et a forgé elle-même une fantastique réussite grâce à son talent et sa force de caractère. C'est ça le rêve américain", estime de son côté Jon Newman, un juge de la cour d'appel fédérale du Second Circuit.

Source : Associated Press