VENEZUELA : COURTE VICTOIRE DE NICOLAS MADURO À L'ELECTION PRÉSIDENTIELLE

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MADURO perd 700 000 voix quand CAPRILES gagne 1 million de voix par rapport au dernier scrutin

Le dauphin de Chávez recueille 50,66% des suffrages face à Henrique Capriles. Ce dernier refuse de reconnaître ce résultat tant qu'un recomptage complet n'a pas été effectué.


La tension était à son comble dimanche lorsque Tibisay Lucena, la présidente du Conseil National Electoral (CNE), a annoncé les résultats de l'élection présidentielle au Venezuela, avec plus d’une heure de retard. C'est finalement Nicolas Maduro qui a été élu président, avec 50,66 % des voix.

Alors que les sondages lui donnaient 10 points d’avance, le socialiste n’a obtenu que 300 000 voix de plus que son adversaire, Henrique Capriles, lequel a décidé de ne pas reconnaître les résultats du scrutin. Recensant «plus de 3 200 incidents électoraux», le candidat de la droite a affirmé que le nouveau président était «illégitime». Tibisay Lucena a pourtant affirmé que le verdict des urnes était «irréversible» et a demandé aux Vénézuéliens «de rentrer tranquillement dans leur foyers.»

Nicolas Maduro a dédié son «triomphe» à Hugo Chávez, qui l’avait désigné pour être son successeur en décembre dernier avant de partir se faire soigner à Cuba. L’une des explications de cette victoire très serrée serait à trouver dans l’abstention des pro-Chávez, selon les militants socialistes réunis devant le palais présidentiel de Miraflores pour signifier leur soutien à Nicolas Maduro. Maria Jimenez Victoria, une fonctionnaire vêtue de rouge de la tête aus pieds, explique : «Beaucoup de partisans de Chávez n’ont pas cru en son héritier.» L’abstention, de 21,3 %, a pourtant été beaucoup plus réduite que prévue

Tensions

Dans les quartiers riches de Caracas acquis à l’opposition, les premiers «cacerolazos», ces gens qui tapent sur des casseroles, se sont rapidement fait entendre. Pour autant, l'opposition à Maduro ne devrait pas organiser de manifestations lundi. Victor Alexis Malave, un employé de banque dépité, assure qu’il n’ira pas manifester car «le gouvernement n’assure pas la sécurité de cette moitié des citoyens». La sécurité a pourtant été renforcée dans tout le pays avant la proclamation des résultats officiels. Devant Miraflores, les socialistes, venus spontanément, se sont de leur côté dits prêts à «rester toute la nuit pour protéger la démocratie et Nicolas Maduro», affirme Moises Corales, un ingénieur en métallurgie. Autour de lui, la foule chante «La droite ne reviendra pas.»

Le nouveau président a assuré pendant sa campagne vouloir approfondir «le socialisme du XXIe siècle», tel que l’avait pensé son «père» Hugo Chávez Frias. Il a notamment annoncé la création de «micro misiones», ces programmes sociaux destinés aux plus pauvres. L’une de ses tâches constituera à réduire l’insécurité - le pays connait plus de 16 000 assassinats par an officiellement - en luttant contre la corruption dans la police et dans la justice.

Nicolas Maduro va aussi devoir affronter une inflation galopante et un système productif défaillant. La dévaluation de février n’a pas suffi et les prix continuent de s’envoler, encaissant une hausse de plus de 30 % pour certains produits. En campagne, Maduro a annoncé une augmentation de 38 à 45 % du salaire minimum et s’est prononcé en faveur d’un regain de la «production nationale indépendante de l’Empire» américain.

Selon la Constitution, Nicolas Maduro doit prendre ses fonctions «le plus vite possible». Il dirigera le Vénézuéla jusqu’en 2019, à moins d’un référendum révocatoire ou de l’aboutissement de la plainte officielle que va déposer son opposant, Henrique Caprile