Philippe Joseph est Maître de Conférences Habilité à Diriger des Recherches à l’Université des Antilles et de la Guyane. Il est membre du laboratoire GEODE CARAIBE EA 929 et spécialisé en biogéographie, écologie et botaniqueLa biodiversité, la dynamique écosystémique et des paysages, les espèces invasives, le développement durable et les effets du changement climatique sur l’évolution de la diversité floristique constituent les principaux aspects de ses travaux de recherche.
Les différents climats des Petites Antilles conditionnent des milieux supportant
un nombre étonnamment élevé de systèmes biologiques. Parmi ceux-ci,
les écosystèmes forestiers sont les plus significatifs. Ils sont le lieu d’une forte
richesse floristique et paysagère. Les couverts végétaux se résument, en général, à une mosaïque de communautés présentant des différences spatiales et temporelles, révélatrices de la variabilité des biotopes.
De la disparité morphologique des Petites Antilles, il résulte des dominances
floristiques spécifiques. Aussi, la distribution spatiale des grands types
forestiers varie-t-elle d’une île à l’autre. Chaque domaine insulaire possède une identité sylvatique, tant dans ses potentialités que dans ses formes de régression.
Les différences chorologiques notables des végétaux posentle problème
de la biodiversité des petites îles caraïbes, puisquecelles-ci s’assimilent à des
éléments opérant des sélections au sein du potentiel floristique global.
De toute évidence, la forêt des Petites Antilles est écologiquement très
importante aussi bien à l’échelle de la Caraïbe qu’à l’échelle planétaire. De peu
de surface du point de vue spatial, ces bio-systèmes possèdent néanmoins des
particularités biologiques de nature à leur conférer le statut de laboratoire in
situ, précisément pour la dynamique végétale. De nos jours comme jadis, les
choix de développement se cantonnent beaucoup plus dans le sectoriel et ne
prennent pas nécessairement en compte les couverts forestiers, qu’ils soient
secondaires ou relictuels. Pourtant en l’absence de ressources matérielles économiquement rentables, ces derniers font office de composante essentielle dans la perspective d’un développement maîtrisé et durable.
Les préoccupations socioéconomiques ne doivent pas exclure la nécessité
de réduire la vulnérabilité des milieux face aux risques climatiques et telluriques de plus en plus prégnants. De ce point de vue, une vraie protection
mécanique des sols implique l’existence de la forêt dans ses limites actuelles et
la reforestation dans les zones présentement dégradées, impropres à l’agriculture et aux diverses infrastructures. En définitive, il paraît primordial de trouver la meilleure équation de nature à permettre au sein des écosystèmes forestiers, sur fond d’équilibre écologique, toutes les pratiques économiques, sociales et culturelles assurant un cadre de vie de qualité